Dans le cadre de ce système, les pollueurs industriels ne paient que lorsque leurs émissions dépassent une certaine limite et peuvent vendre des crédits si leurs émissions sont inférieures à cette limite.

Les pollueurs doivent rarement payer pour les dommages qu’ils causent, et cela constitue un défaut majeur de notre système économique. Cela signifie que le public doit assumer les coûts énormes de la pollution, de la dégradation des sols, de la contamination de l’eau et des émissions qui modifient le climat causées par les industries du charbon, du pétrole et du gaz, en plus des coûts de santé connexes.

La tarification du carbone ciblant les grands émetteurs ne permet pas de récupérer pleinement ces coûts, mais elle constitue une incitation à passer à des sources d’énergie plus propres. L’engagement du gouvernement fédéral visant à renforcer le système de tarification du carbone industriel dans son récent budget est une étape importante. Le budget a toutefois suscité de la déception chez ceux qui comprennent la gravité des crises associées au climat et à la biodiversité, notamment en raison du soutien à l’industrie du gaz naturel extrait par fracturation et du manque d’engagement en faveur de la protection de la nature.

La tarification du carbone industriel est un moyen important pour le gouvernement fédéral de réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en maintenant les coûts bas pour les entreprises. Les recherches effectuées par l’Institut climatique du Canada montrent que la tarification du carbone industriel, également connu sous le nom de « systèmes d’échange pour les grands émetteurs », contribuera davantage à réduire les émissions jusqu’en 2030 que toute autre politique. Ce système apporte également plus de certitude pour les entreprises et leur permet de demeurer compétitives sur les marchés mondiaux. Et cela a peu ou pas d’impact sur le coût de la vie.

Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire les émissions et passer à des sources d’énergie plus propres.

Comme le dit le gouvernement, « la tarification du carbone industriel récompense l’innovation et favorise les investissements dans des technologies plus propres, contribuant ainsi à la croissance et à l’innovation des secteurs industriels canadiens ».

Mais le système doit être peaufiné, surtout en ce qui concerne les régimes provinciaux. Les provinces peuvent concevoir leurs propres systèmes de tarification du carbone si elles respectent la norme minimale fédérale. Si elles ne le font pas, le gouvernement fédéral peut imposer son propre système, connu sous le nom de « filet de sécurité ».

L’Alberta et la Saskatchewan ont largement affaibli le leur, tandis qu’Ottawa agit comme si de rien n’était. L’Alberta a gelé son prix à 95 $ la tonne et a affaibli ses règles, créant une surabondance de crédits bon marché qui atténuent complètement le signal des prix, tandis que la Saskatchewan a supprimé sa taxe sur le carbone industriel et prolongé la durée de vie de ses centrales au charbon au lieu d’investir dans son énorme potentiel éolien et solaire.

C’est inacceptable, et franchement stupide. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour réduire les émissions et passer à des sources d’énergie plus propres. En effet, les avantages qui y sont associés (source en anglais) dépassent largement les bénéfices liés à la pollution et au climat. Les énergies renouvelables sont beaucoup plus efficaces (source en anglais), rentables et sûres. Le secteur connaît une croissance rapide, crée de bons emplois et inspire l’innovation. Les gouvernements qui ne profitent pas de ces avantages ne jouiront pas de ces possibilités exceptionnelles, et laisseront leurs citoyens dépendre de sources d’énergie de plus en plus coûteuses, volatiles et polluantes.

Le Canada a besoin de règles du jeu équitables, et non d’une course à l’abîme où les pollueurs font pression sur les provinces pour affaiblir les règles jusqu’à ce que le signal des prix disparaisse.

Les recherches de l’Institut climatique du Canada ont révélé que la tarification du carbone industriel pourrait représenter entre 20 et 48 % des réductions d’émissions du Canada d’ici 2030, dépassant ainsi les résultats attendus de toute autre politique. L’Institut a également constaté que le succès de cette tarification se fait déjà sentir, car l’Alberta et les Maritimes ont rapidement éliminé l’énergie au charbon.

La recherche montre aussi que les systèmes de tarification du carbone industriel du Canada n’ont pas d’incidence importante sur les ménages et peuvent même créer des avantages pour certains.

Dans le cadre de ce système, les pollueurs industriels ne paient que lorsque leurs émissions dépassent une certaine limite et peuvent vendre des crédits si leurs émissions sont inférieures à cette limite. Il nous protège également contre les droits de douane que certains gouvernements, dont l’Union européenne et le Royaume-Uni, imposent aux pays qui ne fixent pas de prix pour le carbone.

La promesse du budget d’établir une orientation tarifaire post-2030 et de renforcer le filet de sécurité est bienvenue, mais Ottawa doit l’appliquer lorsque les provinces ne prennent pas la tarification du carbone industriel au sérieux. Le Canada a besoin de règles du jeu équitables, et non d’une course à l’abîme où les pollueurs font pression sur les provinces pour affaiblir les règles jusqu’à ce que le signal des prix disparaisse.

Nous ne pouvons pas laisser les intérêts des entreprises de combustibles fossiles et les gouvernements qui les soutiennent affaiblir ou éliminer d’autres politiques climatiques efficaces.

Le plan post-2030 est conçu pour aider le Canada à atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Dans un contexte où les gouvernements provinciaux, y compris l’Alberta et la Saskatchewan, adoptent des tactiques anticlimatiques, il est essentiel d’améliorer le point de référence et de veiller à ce que toutes les provinces et tous les territoires respectent ou dépassent la norme fédérale de tarification du carbone industriel. Le gouvernement fédéral ne peut permettre aux provinces de faire échouer les solutions climatiques qui sont absolument nécessaires.

L’opportunisme politique et la désinformation ont convaincu le premier ministre Mark Carney de rejeter la taxe sur le carbone pour les consommateurs, même si elle a été couronnée de succès et économiquement bénéfique pour la plupart des ménages. Nous ne pouvons pas laisser les intérêts des entreprises de combustibles fossiles et les gouvernements qui les soutiennent affaiblir ou éliminer d’autres politiques climatiques efficaces.

C’est une urgence. Le budget du gouvernement présente de nombreux défauts, mais la tarification du carbone industriel est l’un de ses points forts. Ce n’est qu’un des moyens permettant de réduire les émissions, mais c’est le plus grand levier dont dispose le gouvernement.