En moins d’un mois, la Floride a été frappée par deux ouragans dévastateurs. Les expert.e.s sont unanimes : les changements climatiques stimulent les tempêtes meurtrières. Malgré cela, en mai dernier, le gouverneur de la Floride a approuvé une loi qui implique l’élimination de toute mention des changements climatiques dans la législation de l’État et l’annulation d’une panoplie de subventions destinées à des projets d’énergies renouvelables. La loi va jusqu’à interdire aux administrations locales la création de programmes d’énergie alternative et empêcher l’interdiction des cuisinières à gaz (source en anglais).
Certaines personnes, dont bien des gens responsables de veiller aux intérêts de leur électorat, croient qu’en ignorant le réchauffement de la planète, celui-ci cessera d’exister.
Selon la National Oceanic and Atmospheric Administration (Agence nationale d’observation océanique et atmosphérique), l’ouragan Hélène, qui a balayé la Floride le 26 septembre dernier, était l’un des plus puissants à avoir frappé les États-Unis. Deux semaines plus tard, l’ouragan Milton a touché terre, amenant dans son sillage des tornades et des pluies torrentielles tout en semant la mort et la destruction.
La montée du niveau de la mer intensifie également les ondes de tempêtes.
Bien que le nombre total d’ouragans n’ait pas augmenté, « les tempêtes qui se forment risquent davantage de s’intensifier, s’accompagnant d’une augmentation de la vitesse des vents et des précipitations et d’une aggravation des ondes de tempête », rapporte la NPR (en anglais). Ainsi, une recherche citée par le réseau de radiodiffusion indique qu’au cours des années 80, des ouragans causant plus d’un milliard de dollars en dommages (ajusté à l’inflation) frappaient les États-Unis tous les quatre mois en moyenne. On en voit maintenant tous les deux mois!
Depuis 2017, les États-Unis ont été touchés par autant d’ouragans de catégorie 4 et 5 qu’au cours des 57 années précédentes (article en anglais).
Conséquence des changements climatiques, les températures des océans atteignent des sommets sans précédent. Le phénomène météorologique El Niño a également contribué au réchauffement des mers cette année. À travers le monde, on a constaté une hausse record des températures des océans tous les mois depuis avril 2023 (source en anglais). Cette augmentation génère plus d’air chaud et accentue l’intensité des tempêtes qui, elles, font croître les taux d’humidité atmosphérique, provoquant des précipitations accrues et de graves inondations. La montée du niveau de la mer intensifie également les ondes de tempêtes.
D’après les lois de la thermodynamique, pour chaque degré Celsius d’augmentation de la température terrestre, l’évaporation d’eau dans l’atmosphère s’élève d’environ 7 %, souligne la NASA. On a pu mesurer l’ampleur du phénomène avec « la quantité astronomique de pluie tombée » pendant l’ouragan Hélène (article en anglais).
À eux seuls, les deux ouragans mentionnés ont causé des souffrances indicibles, provoquant des décès, des déplacements forcés et des dommages chiffrés en milliards de dollars.
Les ouragans ne représentent qu’une des conséquences de la surchauffe des océans, qui menace la vie marine dans son entièreté, des récifs de corail au large des côtes de la Floride aux poissons et autres espèces marines.
Il n’y a là rien d’étonnant. Depuis des décennies, les scientifiques et les climatologues nous mettent en garde contre ces conséquences. Or, les effets climatiques, causés par la combustion inutile d’énormes quantités de charbon, de pétrole et de gaz et par la destruction des puits de carbone – forêts, milieux humides, tourbières – dépassent leurs pires prédictions.
La dévastation croissante est effroyable. À eux seuls, les deux ouragans mentionnés ont causé des souffrances indicibles, provoquant des décès, des déplacements forcés et des dommages chiffrés en milliards de dollars. Voilà des décennies, voire des siècles, que nous sommes au fait de l’existence des changements climatiques. Même les entreprises de combustibles fossiles, notamment Exxon, Chevron et Shell, informées des résultats de leurs propres recherches, savaient dès les années 50 que l’utilisation prévue de leurs produits provoquerait un chaos climatique.
Ces entreprises, avec le soutien de groupes de pression et d’adeptes issu.e.s des scènes médiatique et politique, ont énormément investi – et continuent de le faire – dans la minimisation et la dissimulation des preuves. Pour elles, le profit l’emporte sur la survie humaine.
« En 1991, l’administration Bush s’était opposée au plafonnement des émissions qui, d’après elle, “nuirait à l’économie nationale à court terme”. L’effet à long terme sera à nos portes vers minuit, demain », annonçait un média alternatif (en anglais) la veille du passage dévastateur de l’ouragan Milton en Floride.
La classe politique doit faire preuve d’un peu de courage et d’imagination et s’attaquer à cette situation d’urgence avec tout le sérieux requis.
Empocher des gains à court terme pour ensuite subir des souffrances à long terme : voilà l’attitude qui prédomine actuellement.
Alors que les gens sont déjà ébranlés par l’avalanche de conséquences associées au réchauffement de la planète, les scientifiques lancent des avertissements de plus en plus alarmants selon lesquels « l’avenir de l’humanité serait en jeu » : des 35 « signes vitaux » de la planète, 25 seraient dans le pire état jamais enregistré (article en anglais). De plus, nous avons dépassé six – bientôt sept – des neuf limites planétaires qui assurent l’existence et l’épanouissement de la vie humaine.
Nous avons poussé les systèmes essentiels au maintien de la vie jusqu’au bord du gouffre et au lieu de faire tout ce qui est en notre pouvoir pour éviter que la situation ne s’empire, nous élisons des politicien.ne.s qui, faisant fi de la crise, font marche arrière sur des politiques climatiques efficaces.
La classe politique doit faire preuve d’un peu de courage et d’imagination et s’attaquer à cette situation d’urgence avec tout le sérieux requis. Mais tant que nous, les citoyen.ne.s, ne lui demanderons pas de rendre des comptes, elle ne le fera pas.
Cette crise, nous la traversons ensemble. Il est plus que temps d’agir. Nos vies et celles de nos enfants, de nos petits-enfants et des enfants à naître en dépendent.