La résolution de la crise climatique n’est pas qu’une question de transfert technologique; il s’agit avant tout de modifier nos modes de pensée et nos comportements. Cette question est souvent négligée lors des discussions sur les sources principales d’émission de gaz à effet de serre.
Nous en avons eu un bon exemple lors de la 26e (COP26) sur le climat de Glasgow où les gouvernements, les constructeurs automobiles et les transporteurs aériens ont travaillé afin d’en arriver à des ententes pour réduire les émissions mondiales produites par le secteur des transports. Il s’agit d’un gain intéressant étant donné que les transports sont responsables d’un cinquième à un quart des émissions mondiales.
Toutefois, il reste encore des problèmes.
L’idée principale pour l’aviation et le transport des marchandises est de passer des combustibles fossiles polluants aux « biocarburants ». Cependant, avec l’augmentation prévue des activités dans ces deux secteurs, cela pourrait signifier la destruction à plus grande échelle des espaces naturels ou le changement de vocation des terres de culture au profit de la production de carburant.
L’abandon du consumérisme ainsi que le soutien des entreprises et de la production locales permettraient de réduire davantage les émissions causées par le transport des marchandises, même s’il faut utiliser des combustibles plus propres pour les navires.
Et comme le fait remarquer George Monbiot, « Le transport aérien compte pour la plus grande partie des émissions de gaz à effet de serre produites par les super-riches, et c’est pourquoi 1 % des personnes les plus fortunées sont responsables de la production de la moitié des émissions mondiales causées par le transport par avion. Si tout le monde vivait comme eux, le transport aérien serait la cause principale de la dégradation du climat ». La recherche de meilleurs combustibles est importante, mais la réduction des voyages en avion, qui toucherait surtout les plus riches, est tout aussi importante. Bien sûr, cela ne correspond pas au paradigme actuel de croissance et de rentabilité économique.
Pour ce qui est du transport des marchandises, Reuters indique qu’environ 90 % des biens commercialisés sont transportés par bateau, et leur transport compte pour environ 3 % des émissions mondiales. Notre système économique mondial encourage les entreprises à se rendre là où les ressources et la main-d’œuvre sont bon marché, et où les normes sont souvent moins strictes, ce qui permet de maximiser les profits. L’abandon du consumérisme ainsi que le soutien des entreprises et de la production locales permettraient de réduire davantage les émissions causées par le transport des marchandises, même s’il faut utiliser des combustibles plus propres pour les navires.
Malgré que les ventes de véhicules électriques augmentent rapidement, elles ne comptent encore que pour une fraction des ventes de véhicules à essence et au diesel.
L’enjeu pour le secteur de l’automobile est la production de véhicules électriques. Aussi, l’intérêt est davantage porté sur les émissions directes plutôt que sur les autres répercussions environnementales, de la production aux besoins immenses en infrastructures. Plusieurs personnes remettent même en question la culture de l’automobile — pourquoi avons-nous décidé qu’autant de personnes devaient acquérir de si grandes machines pour voyager en solo? Pourquoi leur offrir l’imposante infrastructure devant concrétiser ce besoin, comme des routes et des stationnements jusqu’aux centres commerciaux et aux points de service à l’auto?
Cette idée d’une croissance économique constante — qui se nourrit d’une consommation excessive qui s’alimente au prix d’énormes gaspillages — est devenue tellement incrustée dans nos habitudes qu’elle nous incite à recourir à des mesures progressives alors que nous sommes en pleine crise. Nous n’arrivons tout simplement pas à imaginer d’autres façons de faire et nous essayons donc d’imposer des solutions à un système devenu désuet et qui dès le départ n’a pas été conçu pour être durable.
Encore une fois, les véhicules électriques sont importants. Ils polluent beaucoup moins que les véhicules dotés d’un moteur à combustion interne et peuvent durer plus longtemps. Toutefois, nous devons miser davantage sur la réduction de l’utilisation de l’automobile à des fins privées, par l’instauration de moyens de transport public efficaces, des transports actifs comme le vélo et la marche, des moyens de transport de plus en plus populaires comme les vélos et les scooters électriques, la mise en place de meilleurs plans d’urbanisme et l’utilisation de nouvelles technologies comme les véhicules autonomes qui peuvent favoriser l’autopartage et les services de voiturage efficaces. Toutes ces mesures pourraient réduire de manière importante la congestion sur les routes et la pollution et même rendre possible la conversion des espaces gigantesques que sont les routes et les stationnements en espaces verts.
Malgré une augmentation rapide, les ventes de véhicules électriques ne comptent encore que pour une fraction des ventes de véhicules à essence et au diesel. Pour ce qui est de l’engagement pris par les constructeurs automobiles à la COP26, voulant que tous les véhicules fabriqués d’ici 2040 soient à zéro émission, cette volonté n’est pas partagée par tous, aussi insuffisante que puisse être cette mesure. Même s’ils sont les principaux fabricants de véhicules électriques et hybrides, Volkswagen et Toyota n’ont pas adhéré à cet engagement. Les États-Unis, la Chine et l’Allemagne ont aussi refusé de s’engager.
Pour ce qui est de l’engagement pris par les constructeurs automobiles à la COP26, voulant que tous les véhicules fabriqués d’ici 2040 soient à zéro émission, cette volonté n’est pas partagée par tous, aussi insuffisante que puisse être cette mesure.
Selon Reuters, « La plus grande leçon à tirer est que si le public n’agit pas, on ne peut pas compter sur les joueurs privés pour agir ». Cela montre à quel point il est important de s’impliquer en tant que société. La résolution de la crise climatique revient principalement aux gouvernements, aux entreprises, à l’industrie et aux agences internationales, mais sans une énorme pression publique, ceux-ci vont rester sur la voie du statu quo jusqu’à ce qu’il soit trop tard pour empêcher la température de la planète d’atteindre des niveaux catastrophiques.
Les conférences sur le climat comme la COP sont importantes et ne sont probablement pas que des « bla, bla, bla », mais jusqu’à ce que nous remplacions les systèmes désuets inventés par les humains qui nous ont menés à cette impasse, nous ne pourrons freiner la tendance actuelle. Ce n’est tout simplement pas suffisant.