
Le transporteur de GNL GasLog Glasgow au site canadien à Kitimat, C.-B., en juin 2026. (Photo : LNG Canada)
Des frais de chauffage plus élevés. De la pollution. Une accélération des changements climatiques. Des pénuries d’eau. Des violations des droits autochtones. Qui souhaite cela? Les entreprises d’énergies fossiles, avec leurs profits démesurés, le souhaitent visiblement, mais aussi les gouvernements manquant de vision et d’imagination qui tentent de stimuler l’économie avec des idées obsolètes.
Les actions des gouvernements sont évaluées selon des indicateurs propres à notre système économique actuel : la création d’emplois, la croissance économique, des taux de taxation et d’intérêt soutenables et la prestation de services essentiels.
Cela signifie que le « succès » se mesure souvent selon des gains illusoires à court terme. Une façon rapide, mais inefficace, de stimuler la création d’emplois et la croissance économique est d’exploiter et de vendre des « ressources » brutes, surtout en exportation. Les secteurs des ressources forestières, minières et fossiles sont souvent les plus sollicités.
L’industrie a-t-elle respecté les promesses qu’elle a faites par rapport au GNL? Un rapport de la Fondation David Suzuki conclut que ce n’est pas le cas, et que ce ne le sera probablement jamais.
Cette vision étroite a mené à une demande croissante pour l’expansion du gaz fossile extrait par fracturation (ou gaz « naturel » liquéfié, qui est principalement composé du puissant gaz à effet de serre, le méthane), ainsi qu’à la construction d’infrastructures telles que des pipelines et des ports. Les gouvernements, notamment ceux de la Colombie-Britannique et du Canada, acceptent souvent les promesses en matière d’emploi et d’argent, et offrent des incitatifs tels que des allégements fiscaux, des subventions et du soutien à l’établissement d’infrastructures.
L’industrie a-t-elle respecté les promesses qu’elle a faites par rapport au GNL? Un rapport de la Fondation David Suzuki conclut que ce n’est pas le cas, et que ce ne le sera probablement jamais. « L’industrie du GNL à bout de souffle : des promesses surmédiatisées, un avenir incertain et des coûts pour les contribuables » indique que l’industrie de l’extraction de gaz par fracturation hydraulique est victime des mêmes enjeux et fausses promesses que l’industrie minière : des retards, des engagements non tenus et des régimes de taxation qui annulent les avantages économiques potentiels.
Les retards ne sont pas causés par des processus administratifs ou réglementaires, mais bien par « le processus décisionnel des investisseurs et les conditions du marché, des circonstances qui risquent d’empirer alors que l’offre mondiale excède de plus en plus la demande et que la décarbonisation menace l’avenir de l’industrie. »
Comme la majorité des composants de l’infrastructure sont fabriqués à l’extérieur du Canada, la création d’emplois n’est pas à la hauteur des attentes.
Le rapport indique que les changements de politique fiscale ont fait chuter d’au moins 40 % à 50 % les revenus fiscaux de la Colombie-Britannique provenant des pipelines et des terminaux de GNL. D’autres mesures incitatives visant à attirer plus de projets, notamment les exemptions de la taxe provinciale, pourraient anéantir la majorité des revenus provinciaux. Les revenus associés aux taxes municipales ne sont pas tels que promis non plus : les revenus générés par la construction du projet LNG Canada ne représenteraient que 28,5 % des estimations indiquées dans la demande d’évaluation environnementale du projet.
Comme la majorité des composants de l’infrastructure sont fabriqués à l’extérieur du Canada, la création d’emplois n’est pas à la hauteur des attentes. « LNG Canada a fabriqué à l’étranger des modules en acier qui représentaient de 50 % à 76 % de l’incidence prétendue de l’entreprise sur le PIB canadien pendant la phase de construction. »
De plus, « près de 90 % de la capacité d’exportation de GNL qui semble aller de l’avant est majoritairement détenue par des conglomérats multinationaux et des sociétés pétrolières d’État internationales. Les bénéfices risquent donc d’être transférés à l’étranger plutôt que d’être investis en Colombie-Britannique ou au Canada, ce qui entraînerait une dépendance structurelle à l’égard des marchés étrangers volatils et une fuite persistante des capitaux ». LNG Canada est une coentreprise de Shell, Petronas (gouvernement malaisien), PetroChina (gouvernement chinois), Mitsubishi Corporation (entreprise japonaise) et Kogas (gouvernement sud-coréen).
Quel effet cela a-t-il sur les consommateurs? « Il existe de nombreuses preuves aux États-Unis, en Australie et, de plus en plus, en Colombie-Britannique également, que la croissance de la capacité d’exportation du GNL a tendance à faire augmenter les prix du gaz au pays », indique le rapport.
Le GNL subventionné, que nos gouvernements adoptent, peut retarder ou empêcher l’adoption d’énergies plus propres et plus économiques.
L’Institute for Energy Economics and Financial Analysis déclare que le prix du gaz en Australie a plus que doublé quand l’industrie du GNL a réellement pris de l’ampleur. Le rapport utilise l’estimation d’augmentation des prix de Deloitte (source en anglais) et indique que la facture de gaz des résidentes et résidents de Vancouver pourrait augmenter de 188,39 $ en 2026 et continuer d’augmenter alors que l’industrie poursuit sa croissance.
Les promoteurs s’accrochent à l’idée dépassée que le gaz naturel peut remplacer le charbon pour la production d’électricité, mais cette idée ne tient plus la route maintenant que les énergies renouvelables sont beaucoup moins onéreuses. Le GNL subventionné, que nos gouvernements adoptent, peut retarder ou empêcher l’adoption d’énergies plus propres et plus économiques.
L’écrivaine Linda McQuaig (source en anglais) a mis le doigt sur la raison probable pour laquelle les énergies fossiles sont mises de l’avant : « Ce qui rend les énergies renouvelables si intéressantes – leur abondance et leur faible coût – les rend peu attrayantes pour les investisseurs. Le soleil (et le vent) sont largement disponibles, et il est donc impossible de se les approprier afin d’en fait d’énormes profits. »
La Cour internationale de Justice a confirmé que les États sont légalement tenus d’éviter les activités qui empirent les changements climatiques. La Colombie-Britannique et le Canada ne respectent pas cette obligation légale et ne protègent pas l’intérêt public.