Cet automne, les électeur.trice.s québecois.es et canadien.ne.s, et les dirigeant.e.s politiques à tous les niveaux, seront appelé.e.s à prendre d’importantes décisions au plan environnemental et économique qui auront des conséquences directes sur le sort de l’humanité, sur notre qualité de vie et sur les écosystèmes dont nous dépendons. Cessons de tourner autour du pot : les résultats des élections fédérales du 20 septembre et des élections municipales du 7 novembre auront sans aucun doute une influence majeure sur la façon dont notre société pourra assurer notre survie face à la crise climatique.
La science est claire, et ce, depuis quelque temps : si nous voulons assurer un avenir viable pour les futures générations, notre dépendance aux combustibles fossiles et le saccage de nos milieux naturels doivent cesser immédiatement. En effet, selon le plus récent rapport du Groupe international d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), publié en août dernier, nous devons diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) immédiatement et rapidement sans quoi nous allons dépasser le seuil du 1.5°C d’ici 2040. Le Secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a lui-même décrit le rapport comme étant un « code rouge » pour l’humanité. On s’attend naturellement à ce que tous les leaders mondiaux aient entendu l’alarme et qu’ils et elles agissent en conséquence.
Du moins, tous les partis – qu’ils soient de gauche, de droite ou au centre – ne peuvent plus, en toute bonne conscience, prétendre que l’environnement et le climat ne sont pas les enjeux les plus importants à traiter lors de cette campagne électorale.
Il s’agit également du devoir de tou.te.s les électeur.trice.s québécois.e.s et canadien.ne.s de voter avec leur conscience afin de contribuer à un déclenchement de changements systémiques dont nous avons désespérément besoin.
– Le Canada : pollueur par excellence –
La science climatique ne date pas d’hier : nous savons depuis plusieurs décennies que nous devons diminuer nos émissions de GES. En effet, cela fait depuis près de 30 ans que le Canada participe aux efforts internationaux visant à stabiliser les émissions de GES dans l’atmosphère, ce qui l’a amené en 2015 à prendre des mesures climatiques sans précédent suite à l’adoption de l’Accord de Paris. Malgré ces efforts, le Canada est néanmoins le 7e plus gros émetteur de GES par habitant au monde et ses émissions de GES sont restées les mêmes depuis quinze ans. En dix ans, la production de pétrole a presque doublé et d’ici 2040, nous prévoyons une augmentation de la production gazière d’au moins 30 %. De toute évidence, le Canada n’a pas pris au sérieux les obligations auxquelles il s’est engagé sous la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques.
Cet échec pourrait s’expliquer par le fait que le gouvernement canadien refuse obstinément de prendre l’action la plus critique et nécessaire pour nous assurer un avenir viable : éliminer l’investissement des fonds publics dans l’industrie du pétrole et du gaz. Cette aide financière se situe autour de 10 milliards de dollars par année. Comment le Canada peut-il affirmer que son action en faveur du climat est basée sur la science alors qu’il investit des fonds publics directement à la source de la crise climatique?
À moins d’un changement de cap drastique et immédiat, le Canada ne sera tout simplement pas en mesure de rencontrer ses cibles de réduction de GES d’ici 2030. Les impacts seront ressentis chez nous et dans le monde entier, car l’écosystème ne connaît pas de frontières politiques. Il est absolument inacceptable qu’un pays riche comme le Canada, doté d’une main-d’œuvre diversifiée et d’une capacité technologique et d’innovation exceptionnelle, continue à soutenir cette industrie destructive qui est non seulement en déclin mondialement, mais qui constitue surtout une grave menace pour l’écosystème et l’humanité, en particulier pour les peuples autochtones et les communautés les plus vulnérables.
– Déni climatique : une tache sur la conscience du Canada –
Malgré les efforts déployés dans les autres secteurs économiques, une baisse des émissions de GES au Canada sera tout simplement impossible, temps et aussi longtemps que la production des combustibles fossiles ne cesse pas. Tout gouvernement qui insiste à prolonger la durée de vie de l’industrie des combustibles fossiles ne peut prétendre avoir la vision, l’imagination ou la « conscience climatique » nécessaire pour construire l’avenir dont notre société a si gravement besoin.
Bien que le Canada reconnaisse que la crise climatique est une menace existentielle, il a refusé jusqu’à présent de prendre les mesures qui s’imposent. Par ailleurs, le Canada n’est pas le seul pays à faire ce type de déni climatique. Par leur inaction, les gouvernements du monde entier sont complices de la crise climatique puisqu’ils compromettent notre qualité de vie et celle des générations futures.
Pourtant, s’éloigner des combustibles fossiles n’est pas une menace pour la société. Au contraire, c’est le seul espoir pour notre société qui, en raison de nos approches inadéquates jusqu’à présent pour éviter les changements climatiques, succombe de plus en plus aux inondations, aux canicules et aux feux de forêt. D’un bout à l’autre du pays, nous venons de vivre l’été le plus chaud, et à moins que des changements systémiques ne soient implantés, cette chaleur ne fera que s’intensifier.
C’est pourquoi, lors des prochaines élections, les québécois.es et canadien.ne.s devront élire un gouvernement courageux qui saura créer un avenir prospère et sécuritaire pour toutes et tous, ce qui comprend, sans équivoque : interdire toute nouvelle exploration et exploitation du pétrole, du gaz et du charbon, mettre fin aux avantages fiscaux qui favorisent la production de combustibles fossiles, et surtout, assurer un soutien aux communautés rurales et urbaines, aux peuples autochtones, aux familles et aux travailleurs.
Ensemble, nous devons interpeler la « conscience climatique » des candidats de tous les partis politiques afin d’amorcer une véritable transition vers une société carboneutre et respectueuse de son environnement. En revanche, le 20 septembre prochain, les citoyen.ne.s devront eux aussi voter en écoutant la science, ainsi que leurs consciences. Nos enfants ne méritent rien de moins.