
Un.e jeune au milieu de déchets plastiques en Indonésie. La pollution plastique représente une menace majeure pour la santé humaine et planétaire.
Après de multiples tentatives et reports, les représentant.e.s de 184 pays ne sont pas parvenu.e.s à s’entendre sur un traité visant à réduire et à mettre fin à la production de plastiques mortels. C’est un signe de plus que nous sommes les victimes d’un système corporatiste et capitaliste rapace axé sur la consommation, qui concentre entre les mains d’une poignée de personnes une richesse et un pouvoir incommensurables. Pire encore, les individus qui empochent les profits se moquent complètement de la dégradation et de la destruction des systèmes planétaires essentiels au maintien de la vie, causées par leurs actions.
Que ce soit par malveillance, psychopathie, ignorance, avarice, ou par un mélange de tout cela, le profit est leur seule motivation. Cette élite a érigé un système mondial qui favorise la concentration constante du pouvoir et de la richesse. Or, alors que de nombreuses personnes ont de plus en plus de difficulté à satisfaire leurs besoins essentiels, comme l’alimentation et le logement, les milliardaires ne cessent d’augmenter leur fortune.
Le mensonge est de croire que ces personnes méritent leur richesse grâce à leur dur labeur et à leurs idées novatrices, car elles créent des emplois et assurent une économie saine pour tous et toutes.
En effet, selon une récente étude (en anglais) d’Oxfam, la richesse des milliardaires a connu une croissance trois fois plus rapide en 2024 qu’en 2023, ce qui représente 2 000 milliards de dollars supplémentaires. Pendant ce temps, on compte 204 nouvelles fortunes s’élevant dans les milliards de dollars. Le mensonge est de croire que ces personnes méritent leur richesse grâce à leur dur labeur et à leurs idées novatrices, car elles créent des emplois et assurent une économie saine pour tous et toutes. Selon cette étude, 60 % de ces excès indécents sont attribuables « au copinage ou à la corruption, au pouvoir monopolistique ou à un héritage ». En outre, elle souligne que « toutes les personnes milliardaires de moins de 30 ans ont hérité de leur richesse ».
Ces données sont révélatrices : pendant que les fortunes financières sont de plus en plus concentrées entre les mains d’une minorité, la plupart des gens ont plus de mal que jamais à garder la tête hors de l’eau. En effet, dans de nombreux endroits, le salaire minimum (lorsqu’il existe) stagne. Cette situation est due au contrôle croissant exercé par les ultrariches et les entreprises sur les gouvernements et les politiques. Les coûts de l’épicerie et du logement augmentent sans arrêt.
Le pétrole, le gaz, le charbon, l’industrie du plastique et celle de l’automobile, ainsi que tous les autres secteurs connexes, illustrent et aggravent cette situation critique.
Mais qu’est-ce qui a fait échouer les pourparlers de Genève, après un sixième cycle de négociations? La réponse est claire : les pressions exercées par les pays producteurs de produits pétrochimiques, tels que les États-Unis, la Russie et l’Arabie saoudite, ainsi que par la plus grande délégation présente lors des négociations, regroupant 234 lobbyistes issus des industries des combustibles fossiles et des produits chimiques, dont ExxonMobil, Dow, l’American Chemistry Council et Coca-Cola, ont fait pencher la balance en leur faveur.
La pollution plastique représente une menace majeure pour la santé humaine et planétaire.
Les états pétroliers et les entreprises se sont opposés aux mesures visant à freiner la production croissante de plastique et à imposer des réglementations juridiquement contraignantes pour les substances chimiques toxiques utilisées dans sa fabrication.
La pollution plastique représente une menace majeure pour la santé humaine et planétaire. Selon les Nations unies, « chaque minute, l’équivalent d’un camion poubelle de plastique est rejeté dans nos océans. » Seulement 9 % du plastique est recyclé, la majeure partie étant incinérée, enfouie ou relâchée dans la nature. On le trouve partout sur la planète, y compris dans nos corps.
Les produits en plastique, bien qu’ils ne soient largement utilisés que depuis les années 1950, sont très rentables. Ils sont dérivés du pétrole et du gaz. Alors que les conséquences des changements climatiques causés par les énergies fossiles sont de plus en plus visibles, l’industrie doit trouver un moyen de continuer à générer des bénéfices colossaux — dont la majorité est versée aux cadres d’entreprise et aux investisseurs, contribuant ainsi à l’inflation générale (article en anglais). C’est ce qui explique la mise en œuvre de mesures trompeuses : on présente le gaz naturel comme une solution aux changements climatiques et on augmente la production de matières plastiques, tout en s’opposant aux normes d’efficacité énergétique des voitures et aux véhicules électriques.
L’industrie des combustibles fossiles représente le point culminant d’un système capitaliste mondial qui persiste à enrichir un petit nombre d’individus tout en plongeant de plus en plus de gens dans la pauvreté.
Le secteur des énergies fossiles et les autres industries qui y sont reliées sont les plus rentables de l’histoire de l’humanité, mais aussi les plus destructrices. C’est également le cas pour l’industrie de l’armement, dont une grande partie contribue à alimenter la richesse issue du pétrole. L’industrie des combustibles fossiles représente le point culminant d’un système capitaliste mondial qui persiste à enrichir un petit nombre d’individus tout en plongeant de plus en plus de gens dans la pauvreté. Les multinationales pillent les minéraux et le pétrole du Sud global tout en faisant transiter leurs profits par des systèmes bancaires qu’elles ont elles-mêmes mis en place pour faciliter cette exploitation et cette inégalité manifestes.
Les négociations sur la pollution plastique ont échoué en grande partie parce que réglementer cette industrie en vue de protéger l’environnement mondial et la vie qui en dépend menace un système conçu pour donner à une petite minorité une part disproportionnée de la richesse et du pouvoir.
On pourrait débattre du fait que le système est aujourd’hui obsolète, mais à vrai dire, il n’a jamais été une bonne solution. Ce qui a changé, c’est que les conséquences désastreuses de l’avarice et du consumérisme nous frappent désormais de plein fouet. Nous faisons face à une pollution croissante et à des changements climatiques qui mettent en péril notre survie.
L’échec du traité sur le plastique ne fait que confirmer une fois de plus que l’industrie des combustibles fossiles, avec le soutien de certain.e.s membres des gouvernements et des médias, est simplement un rouage puissant dans un système qui n’est pas conçu pour servir nos intérêts.
Il est grand temps que nous ouvrions les yeux et que nous reprenions le contrôle de la situation.