La promotion de l’action climatique peut être décourageante et démoralisante par moment. À la dure réalité des changements climatiques se mêlent la crainte, la tristesse et l’injustice. Ces sentiments sont bien réels et notre rôle n’est pas de les nier en usant d’un positivisme toxique.
Mais il existe de bonnes raisons d’espérer que nous pouvons élever les ambitions climatiques du Canada et rectifier le tir afin d’apporter notre contribution à l’effort mondial pour prévenir une catastrophe climatique. Alors, entrons dans le vif du sujet.
Le coût des énergies renouvelables est en forte baisse
En 2019, les gens ont été stupéfaits lorsqu’un rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables a montré que dans la majorité des cas, les sources d’énergie renouvelables non subventionnées étaient devenues les sources d’énergie les moins dispendieuses. Puis, dans son rapport World Energy Outlook 2020, l’Agence internationale de l’énergie a déclaré que l’énergie solaire était devenue la source d’électricité la moins coûteuse de l’histoire. De plus, les coûts du stockage de l’énergie ont baissé de plus de 90 % au cours des 10 dernières années. Ces réductions de coûts continueront de favoriser l’adhésion massive aux énergies renouvelables et les rendront accessibles à plus de gens.
L’opinion publique penche de notre côté. Les Canadiennes et les Canadiens exigent une action climatique audacieuse
En 2019, des marches pour le climat se sont déroulées partout dans le monde, y compris au Canada. Elles ont attiré un nombre record de participants qui ont exhorté les gouvernements, les entreprises, les collectivités et les individus à prendre des mesures concrètes pour faire face à l’urgence climatique. La COVID-19 a interrompu la tenue de ces rassemblements, mais le sentiment d’urgence et l’importance de lutter contre les changements climatiques persistent. Les sondages de l’opinion publique montrent que malgré la pandémie, une grande majorité de Canadiennes et de Canadiens est préoccupée par les changements climatiques et veut des gestes concrets. Rien qu’avec la Fondation David Suzuki, plus de 65 000 personnes ont pris des mesures pour lutter contre les changements climatiques cette année.
La mobilisation des jeunes se poursuit et leur mouvement en faveur du climat ne ralentit pas
Greta Thunberg a retenu l’attention du monde entier par son militantisme pour le climat, mais elle n’est pas la seule ni la première à défendre la cause des changements climatiques. Le Canada compte aussi des leaders jeunes et inspirants en matière de lutte aux changements climatiques, qui trouvent de nouvelles façons de réclamer justice pour le climat, de se battre pour assurer leur avenir et de trouver un sens du devoir dans les actions qu’ils mènent.
Il n’est pas question de laisser ces jeunes militants faire tout le travail. Nous devons plutôt les appuyer, les soutenir lors de leurs actions en justice, partager leurs témoignages, répondre à leurs appels à la mobilisation et suivre la voie qu’ils nous tracent.
La Cour suprême reconnaît l’urgence de la lutte contre les changements climatiques
Dans une récente décision, la Cour suprême du Canada a affirmé que les changements climatiques sont une menace de première importance pour le pays, et même pour le monde. La Cour ajoute que l’inaction même d’une seule province menace directement le Canada dans son ensemble. Elle a confirmé que le gouvernement fédéral a le pouvoir d’agir partout au pays pour répondre à l’urgence climatique.
Les communautés autochtones prennent en main les problèmes liés au climat et aux sources d’énergie
Les peuples autochtones sont en bonne position pour assurer un leadership en matière de climat, en raison de leurs connaissances écologiques, de leurs liens profonds avec l’environnement, de l’incidence des changements climatiques sur leur mode de vie et du racisme environnemental. Ces courageux défenseurs du territoire et de l’eau ont longtemps été en première ligne du mouvement en faveur du climat pour protéger leurs territoires traditionnels contre l’expansion des énergies fossiles.
Prenant leur sort en main, plusieurs communautés autochtones mettent en œuvre leur propre transition vers les énergies renouvelables par des moyens uniques et créatifs qui respectent leur identité culturelle.
La mobilisation des peuples autochtones pour le climat « renforce la place des Premières Nations en tant que leaders du discours de la lutte aux changements climatiques et favorise la mise en place de solutions à court et à long terme ». La série documentaire Power to the People diffusée sur le Réseau APTN explore la révolution autochtone en matière d’énergies renouvelables. Les deux initiatives suscitent l’espoir et l’optimisme et méritent notre respect et notre reconnaissance.
Le Canada dispose d’un plan d’action climatique renforcé et d’un financement important pour le mettre en œuvre
En décembre 2020, le gouvernement fédéral a publié un plan d’action climatique détaillé qui présente les politiques et les mesures fermes qu’il entend mettre en place pour réduire les émissions au Canada. Même s’il n’est pas aussi ambitieux qu’on le souhaiterait, le plan comprend des mesures significatives que le Canada peut mettre en œuvre, alors que nous poursuivons nos interventions pour que le pays en fasse encore plus. Le plan oblige les pollueurs à payer, soutient le développement de technologies propres et présente des normes favorisant l’utilisation de transports et de carburants plus propres. Le plan climatique profite aussi d’un important financement du gouvernement fédéral pour soutenir sa mise en œuvre, ce qui permettra d’injecter un peu d’optimisme dans notre capacité à commencer enfin à réduire les émissions au Canada.
Les villes et les municipalités font preuve de leadership en matière d’action climatique
Partout au pays, les villes et les municipalités ont déclaré l’état d’urgence climatique et adopté des plans d’action climatique ambitieux. Les municipalités peuvent établir un cadre législatif qui influerait sur environ 45 % de nos émissions à l’échelle du pays. En réglementant l’utilisation du territoire, en encourageant la rénovation des immeubles ainsi que l’efficacité énergétique, en mettant en place des bornes de recharge pour véhicules électriques, en favorisant le transport actif et en instaurant la tarification routière et les empreintes carbone, des villes comme Vancouver, Edmonton, Halifax et Montréal s’attaquent à la crise climatique tout en créant des espaces de vie sains en milieu urbain.
Les États-Unis rehaussent leurs objectifs et normalisent des mesures audacieuses
En 2019, lorsque la représentante du Congrès des États-Unis Alexandria Ocasio-Cortez a tenté de faire adopter un projet de loi pour un Green New Deal (nouveau pacte vert), les objectifs et politiques d’action climatique et de justice sociale qu’il contenait étaient largement perçus comme radicaux et extrêmes. Aujourd’hui, le président Joe Biden met en œuvre certaines de ces politiques et s’engage à appliquer les objectifs et les mesures ambitieux qui étaient prévus dans le pacte.
Comme les États-Unis sont le plus grand partenaire commercial du Canada, leurs mesures climatiques nous inciteront à aller de l’avant pour mettre les nôtres en place.
L’action climatique, créatrice de millions d’emplois — une bonne nouvelle pour la main-d’œuvre
La décarbonisation de notre économie est un défi de taille qui nécessitera beaucoup de travail en matière de rénovations écoénergétiques, d’énergies renouvelables, de transport et d’innovations technologiques. Ces activités vont créer des millions d’emplois bien rémunérés et à long terme dans des collectivités partout au pays.
Pour les travailleurs et les collectivités touchés par des pertes d’emplois dans le secteur des industries fossiles, nous devons mettre en place une transition équitable qui offrira la formation et le soutien nécessaires en raison du ralentissement dans ce secteur. Il faut prendre en considération le recul déjà amorcé des emplois dans le secteur des énergies fossiles et que ces emplois représentent maintenant moins de 1 % de la main-d’œuvre canadienne, et que pour chaque emploi perdu dans le secteur des industries fossiles au cours des six dernières années, l’économie canadienne a créé 42 nouveaux emplois.
Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada, qui représente les travailleurs du secteur de l’énergie, plaide en faveur d’une action climatique plus audacieuse, pourvu qu’elle s’accompagne d’un plan de transition.
La centralisation de l’équité en matière d’action climatique permettra de s’attaquer aux causes systémiques et aux injustices qui leur sont associées
Le terme justice climatique fait maintenant partie du vocabulaire collectif alors que de plus en plus de gens reconnaissent que les changements climatiques ne sont pas qu’un problème environnemental; il s’agit aussi d’un enjeu social, moral et d’équité. Historiquement, les gens marginalisés comme les Autochtones, les personnes de couleur et les personnes vivant dans la pauvreté sont ceux qui contribuent le moins au problème, mais qui souffrent le plus des conséquences des bouleversements climatiques. La reconnaissance de cette réalité est une étape importante dans la prise en charge des causes systémiques des changements climatiques.
Les Canadiennes et Canadiens réclament que des actions soient prises pour lutter contre les changements climatiques afin de réduire ces iniquités et de créer des emplois plus stables, des collectivités plus saines et une société plus juste pour tout le monde.
Les progrès du Canada en matière de changements climatiques sont toujours aussi dangereusement lents. Nos objectifs ne sont pas assez ambitieux pour fournir notre juste part d’efforts face à la crise climatique. Au cours de la dernière décennie, le Canada a été le seul pays du G7 qui a affiché une augmentation de ses émissions. En dépit de nos ambitions climatiques accrues, nous continuons d’investir dans l’expansion des infrastructures pétrolières et gazières plutôt que de gérer le déclin inévitable et nécessaire de cette industrie.
Il est essentiel de lancer un appel à tous en faveur d’une action climatique urgente, ambitieuse et audacieuse. Les raisons suscitant l’optimisme exposées ici nous indiquent qu’il faut saisir l’occasion qui s’offre à nous d’enfin commencer à réduire nos émissions et à entreprendre la transition vers un avenir propre, équitable et renouvelable.