À la suite de nombreuses plaintes, les Normes de la publicité au Canada ont récemment émis le constat suivant : la publicité entourant le gaz naturel donnerait une « une fausse impression générale […] que le gaz naturel liquéfié (GNL) de la Colombie-Britannique est bon pour l’environnement, ce qui constitue de l’écoblanchiment » (article en anglais).
Les publicités du groupe de façade Canada Action faisaient la promotion de propos pourtant maintes fois démystifiés. Selon ces messages, le soi-disant « gaz naturel liquéfié » — principalement composé de méthane, un gaz à effet de serre mortel — serait une solution écologique et climatique intéressante puisqu’il permettrait de remplacer son cousin plus polluant, le charbon. Les publicités annonçaient, sur un fond vert clair, que « [l]e GNL en Colombie-Britannique réduira les émissions mondiales ». D’autres groupes industriels et compagnies gazières véhiculent un message similaire.
Bien que l’organisme de réglementation chargé d’administrer les normes n’ait aucun pouvoir contraignant et qu’il ne rende pas ses conclusions publiques, cet enjeu illustre jusqu’où est prête à aller l’industrie des combustibles fossiles pour générer des profits, peu importe le désastre annoncé. (Cette décision a été divulguée par l’Association canadienne des médecins pour l’environnement, qui ne fait toutefois pas partie des plaignant.e.s.)
Nous en subissons maintenant les effets : dômes de chaleur, inondations, sécheresses, maladies, décès, crises migratoires, perte de la biodiversité, pénuries d’eau, parmi d’autres conséquences.
Pendant une période relativement brève — et à la fois bien trop longue — de l’histoire de l’humanité, le charbon, le pétrole et le gaz ont fait rouler les économies mondiales. Ces combustibles fossiles semblaient presque illimités et se consumaient rapidement dans des véhicules et des usines énergivores. Cela a fait exploser les profits à tel point que cette industrie est devenue la plus lucrative de l’histoire.
Les combustibles ont généré des bénéfices réels et imaginaires pour de nombreuses personnes : ils offraient mobilité, chaleur, électricité, productivité, et plus encore. S’ils avaient fait l’objet d’une utilisation intelligente, l’humanité aurait peut-être pu en tirer des bénéfices nets. Dans les faits, l’avidité et la recherche de profits indécents ont mené à une consommation rapide et inutile des combustibles. Ceux-ci n’ont que pollué l’air, la terre et l’eau, affecté la santé humaine, réduit la biodiversité et émis dans l’atmosphère des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone et le méthane, grands perturbateurs du climat. Nous en subissons maintenant les effets : dômes de chaleur, inondations, sécheresses, maladies, décès, crises migratoires, perte de la biodiversité, pénuries d’eau, parmi d’autres conséquences.
La plupart ou la totalité des avantages qu’offrent les combustibles fossiles s’obtiendraient pourtant aisément avec des énergies plus vertes et des produits moins polluants. En parallèle, il nous faut aussi délaisser le consumérisme inutile qui prône le gaspillage.
Les combustibles ont généré des bénéfices réels et imaginaires pour de nombreuses personnes : ils offraient mobilité, chaleur, électricité, productivité, et plus encore.
Alors que les conséquences de la combustion de charbon pour l’énergie et de pétrole pour le transport se font de plus en plus évidentes, le secteur a mis en place de nombreuses stratégies de survie. Les cadres de l’industrie et leurs alliés minimisent ou invisibilisent les preuves depuis des décennies. Certaines de ses preuves sont pourtant fournies par leurs propres scientifiques et dénoncent le fait qu’utilisés conformément à l’usage auquel ils sont destinés, leurs produits augmenteraient dangereusement la température de la planète. Bien que cette stratégie soit toujours employée, il devient de plus en plus difficile de berner le public face aux preuves grandissantes et aux expériences concrètes de réchauffement planétaire.
L’industrie a donc recours à d’autres subterfuges; parmi eux, l’augmentation de la production de plastique (un produit dérivé du pétrole et du gaz) et l’encensement du gaz « naturel » (article en anglais).
Issu de la fracturation hydraulique, le méthane est loin d’être naturel et ne résoudra pas la crise climatique. Tout au long de son cycle de vie, il génère de nombreuses conséquences négatives : paysages ravagés, cours d’eau pollués, utilisation de quantités excessives d’eau (souvent dans des régions affectées par la sécheresse), consommation de quantités d’énergie phénoménales pour le traitement et la liquéfaction, et émissions lorsqu’il est brûlé ou utilisé pour le transport.
Comme si ce n’était pas assez, la mise à la torche et les fuites entre la tête de puits et la centrale électrique émettent des quantités massives de méthane dans l’atmosphère. Le méthane, principal constituant du gaz naturel, est jusqu’à 87 fois plus puissant que le dioxyde de carbone, si l’on observe ses effets sur une période de 20 ans (source en anglais). Il se décompose beaucoup plus rapidement que le CO2, qui lui, reste pendant des siècles dans l’atmosphère, mais il provoque énormément de réchauffement. Voilà pourquoi la diminution et la fin de son utilisation représentent une solution climatique adéquate et rapide.
Issu de la fracturation hydraulique, le méthane est loin d’être naturel et ne résoudra pas la crise climatique.
Selon une nouvelle étude (en anglais) réalisée par la Fondation David Suzuki, l’urgence avec laquelle la Colombie-Britannique veut développer le gaz naturel liquéfié ne promet rien de bon, et ce, sur tous les fronts, de l’économie au climat. Loin d’être un remplacement « vert » du charbon, le développement du GNL maintient sous clé les investissements dans l’infrastructure des énergies fossiles, perpétue les émissions et exclut les énergies renouvelables. L’Agence internationale de l’énergie et d’autres organismes prédisent que la demande de gaz naturel liquéfié connaîtra une chute soudaine, dans un contexte où le recours à d’énergies renouvelables plus abordables augmente à une vitesse croissante (source en anglais). On assiste aussi à une imposante offre excédentaire en gaz naturel, produit en grande partie par des compétiteurs à bas coûts. Ceux-ci se spécialisent dans les marchés asiatiques où serait exporté le gaz de la Colombie-Britannique.
Toutes les agences et personnes crédibles dans le domaine, de l’Agence internationale de l’énergie aux Nations unies, en passant par les universités et les climatologues du monde entier, ont mis en garde contre une exploitation continue du gaz, du pétrole et du charbon qui précipiterait la planète dans un chaos climatique irréversible.
Nous devons laisser les combustibles fossiles sous terre (source en anglais). Notre futur en dépend. Aucune campagne d’écoblanchiment ou de détournement cognitif ne pourra changer la réalité.