Dans le cadre des efforts visant à limiter et à inverser l’aggravation des effets du réchauffement planétaire, l’objectif immédiat est d’arrêter rapidement de brûler du charbon, du pétrole et du gaz. Cela signifie qu’il faut rapidement passer aux énergies renouvelables pour la production d’électricité et les transports.
Mais le simple basculement d’une source d’énergie à une autre et le remplacement des voitures, camions et SUV à essence par des véhicules électriques ne résoudront pas la crise climatique – même si ces mesures sont importantes. Les crises environnementales interdépendantes – déforestation, extinction des espèces, changements climatiques – sont provoquées par le gaspillage des consommateur.rice.s. L’abandon des combustibles fossiles est un défi d’autant plus grand si nous continuons à consommer des quantités massives de produits jetables et d’énergie.
Comme l’a récemment écrit Andrew Nikiforuk dans The Tyee (en anglais), « toute solution imparfaite à notre difficile situation actuelle, qui menace notre civilisation, doit inclure une réduction de notre consommation d’énergie plutôt que de proposer des visions de haute technologie qui continuent à l’accélérer ». Cela inclut l’énergie et les matériaux utilisés pour produire des quantités croissantes de produits jetables, allant des téléphones intelligents aux voitures en passant par les vêtements.
Les crises environnementales interdépendantes – déforestation, extinction des espèces, changements climatiques – sont provoquées par le gaspillage des consommateur.rice.s.
Presque tout ce que nous produisons nécessite des minéraux et des métaux, qui doivent être extraits – y compris les éoliennes et les panneaux solaires. Si nous continuons à utiliser des gadgets électroniques qui doivent être remplacés tous les ans ou tous les deux ans, et si nous continuons à insister pour que la plupart des gens possèdent quelques tonnes de métal, de plastique et de verre pour déplacer plus ou moins une centaine de kilos d’êtres humains, au lieu de construire des systèmes de transport fiables et des communautés accessibles à pied, le développement des énergies renouvelables pourrait ralentir notre chute, mais ne nous sauvera pas de la calamité.
Ce n’est pas un argument contre les énergies renouvelables, qui sont absolument nécessaires. Le charbon, le pétrole et le gaz qui sont aussi extraits, causent des dommages considérables à l’air, à l’eau, à la terre et au climat et mettent en péril toutes les formes de vie. Mais nous ne pouvons pas continuer à prospérer dans un système qui dépend d’une croissance constante sur une planète finie – croissance démographique, croissance économique, consommation toujours croissante. Nous avons besoin d’une lumière solaire et d’un vent illimités pour produire de l’énergie, mais nous devons reconnaître que des ressources limitées sont nécessaires pour utiliser cette énergie.
Nous avons été induit.e.s en erreur en croyant que poursuivre sans cesse des choses plus nombreuses, plus grandes et plus brillantes nous apportera satisfaction et bonheur, alors qu’en réalité, c’est souvent le contraire. Notre lutte de Sisyphe nous a laissés fatigué.e.s et aliéné.e.s, a créé des inégalités massives et nous a poussé.e.s vers l’effondrement écologique.
Mais nous ne pouvons pas continuer à prospérer dans un système qui dépend d’une croissance constante sur une planète finie – croissance démographique, croissance économique, consommation toujours croissante.
Nous avons besoin d’un changement de paradigme.
Se contenter de moins ne signifie pas vivre une vie moins satisfaisante. C’est une question de valeur. Nous avons été endoctriné.e.s pour croire que la richesse et le pouvoir sont les objectifs ultimes, mais seulement un pourcentage infime de la population humaine croissante en bénéficie réellement, et la théorie économique du « ruissellement » a toujours été une imposture.
Si nous apprécions vraiment le peu de temps que nous passons chacun.e sur cette planète, nous ne le gaspillerions certainement pas en semant la misère et la destruction à la poursuite d’objectifs insaisissables. Nous apprendrions à trouver de la joie dans la famille, l’amitié et la nature, dans l’apprentissage et le partage.
Travailler jusqu’à l’épuisement et s’envoler vers une station balnéaire de plus en plus bondée pendant quelques semaines pour récupérer ne peut pas être le but de la vie. Est-ce que manger des hamburgers et des steaks nous rend plus heureux que de savourer des aliments sains à base de plantes? Cela ne fait certainement pas de nous des personnes en meilleure santé. Est-ce que fixer un petit appareil toute la journée nous fait sentir plus connecté.e.s et satisfait.e.s de notre vie que d’être véritablement ensemble avec de vraies personnes en temps réel, ou de contempler la tranquille beauté de la nature?
L’industrialisation, et surtout la culture de l’automobile, nous ont été vendues grâce à des hypothèses fausses, entraînant une crise qui menace aujourd’hui notre survie. Nous ne reviendrons pas en arrière, et nous ne devrions pas le faire. Mais nous pouvons progresser vers de meilleures façons de vivre.
Mais nous pouvons progresser vers de meilleures façons de vivre.
Il faudra, pour cela, abandonner les combustibles fossiles le plus rapidement possible et passer aux énergies renouvelables. Mais nous devons aussi apprendre à consommer moins. L’efficacité énergétique en fait partie, mais réduire notre consommation est essentiel, surtout dans le monde occidental, où la consommation d’énergie par habitant.e est plusieurs fois supérieure à celle d’autres régions du monde.
Nous sommes capables de grandes innovations technologiques, mais ce n’est pas suffisant pour créer un monde meilleur.
Comme l’écrit Nikiforuk, « pour être direct, nous avons besoin d’une stratégie énergétique qui réduise fortement l’activité économique au fil du temps, de la même manière que la chimiothérapie réduit efficacement une tumeur cancéreuse ».
Nous pourrions être surpris.es de constater que nos vies s’amélioreront si nous le faisons.