La réalisation de ce projet de pipeline compromet l’atteinte des objectifs du Canada en matière de changements climatiques et de biodiversité, la prospérité économique à long terme et la réconciliation avec les Premières Nations

Montréal – La décision d’Ottawa de racheter le projet de pipeline TransMountain de la compagnie Kinder Morgan pour la somme de 4,5 milliards $ a été prise dans le déni des risques que celui pose pour le bien-être de tous les Canadiens à long terme. En effet, le gouvernement fédéral a annoncé aujourd’hui qu’il rachètera le pipeline existant et procédera à l’augmentation de sa capacité de transport pour ensuite le revendre s’il trouve preneur.

«Peu importe qui construit ce pipeline, cela ne change rien aux risques qu’il pose pour le climat, l’environnement, l’économie et les droits des Autochtones, affirme Steve Cornish, Chef de la direction de la Fondation David Suzuki. Nous pouvons réussir une transition juste des énergies fossiles vers les énergies renouvelables, mais cette décision d’Ottawa nous en éloigne. Ce n’est pas le moment d’investir des fonds publics dans les énergies fossiles justement quand le reste du monde se tourne massivement vers les énergies propres.»

De grandes villes, des universités, des fonds de pension et des institutions financières ont déjà désinvesti plus de 6 milliards $ des énergies fossiles pour les réinjecter dans les énergies renouvelables, les technologies propres et d’autres secteurs qui créent plus d’emplois par dollar investi.

«Ces secteurs guideront la nouvelle économie et créeront des emplois bien payés partout au pays, a pour sa part déclaré Karel Mayrand, directeur de la Fondation David Suzuki pour le Québec et l’Atlantique. À l’heure de choisir où mettre notre argent public, on doit regarder vers l’avenir et non pas vers le passé.»

Le projet du pipeline TransMountain compromet aussi l’atteinte des engagements du Canada envers l’Accord de Paris. Pour compenser l’augmentation de la production de gaz et pétrole contemplée par l’Office national de l’énergie (ONÉ) et atteindre nos objectifs de réduction des GES, le reste de l’économie canadienne devrait couper ses émissions de 49% d’ici 2030 et de 85% d’ici 2040, un exploit pratiquement impossible en aussi peu de temps.

«Le Canada peut avoir un avenir prometteur uniquement si nous poursuivons d’un pas ferme la transition vers une économie fondée sur les énergies propres, a déclaré Ian Bruce, directeur, sciences et politiques publiques à la Fondation David Suzuki. Nous devons investir dans la formation des travailleurs. C’est ainsi que nous saisirons l’opportunité de devenir un leader mondial des énergies renouvelables.»

L’évaluation de l’ONÉ du projet TransMountain n’a pas inclus les effets d’une multiplication par sept du trafic maritime sur la population décimée d’orques de la côte ouest, qui ne compte désormais que 76 spécimens. Cette espèce habitant la mer de Salish est classée comme «menacée» selon la Loi canadienne sur les espèces en péril. Les navires-citernes venant charger du pétrole à Vancouver traverseraient l’habitat critique des orques, compromettant davantage leurs chances de survie. Le pipeline traverserait d’ailleurs quelque 500 cours d’eau dans le bassin versant de la rivière Fraser, l’une des plus importantes aires de reproduction de saumon au monde, et où certaines espèces comme le saumon royal, dont se nourrissent les orques, sont déjà sous pression.

«La science éprouvée est à la base de toute bonne politique publique. Malheureusement, ce projet n’en a jamais tenu compte», déplore Jay Richtlin, directeur général de la Fondation David Suzuki pour la Colombie-Britannique et l’Ouest canadien.

La recherche scientifique a aussi révélé de sérieuses lacunes dans la compréhension des effets du bitume en milieu marin. Les Britanno-Colombiens craignent que le risque d’un déversement de pétrole près de leurs côtes ne soit trop élevé, et qu’un tel événement dévaste l’environnement et cause des pertes importantes aux secteurs liés à la pêche et au tourisme. En cas de déversement, les interventions les plus efficaces ne réussissent à récupérer qu’entre 10% et 15% du pétrole.

Plusieurs Premières Nations poursuivent le gouvernement en cour arguant que le processus d’approbation du projet TransMountain mené par l’ONÉ n’a pas inclus des consultations en bonne et due forme avec eux, comme l’exige le droit canadien. Ces communautés autochtones subiront les pires impacts environnementaux du projet, incluant de possibles déversements sur leurs terres en dans leurs eaux. Parmi les 130 Premières Nations potentiellement affectées, seulement 43 ont signé des ententes et négocié des compensations.

«La réconciliation avec les peuples autochtones est fondamentale pour l’avenir du pays. L’absence d’une réelle volonté de négociation et de dialogue compromet tous les efforts faits à ce jour. Cette décision à courte vue manque de compassion et va à l’encontre des engagements du Canada envers les règles établies par les Nations Unies, a conclu Jay Richtlin. Nous plaçons maintenant nos espoirs dans les contestations judiciaires au projet, qui risque de ne jamais voir le jour.»

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