Montréal – Une nouvelle étude publiée ce matin par la coalition Sortons la Caisse du Carbone montre que le maintien des investissements de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans le secteur des énergies fossiles s’est traduit par des pertes de rendement considérables ces sept dernières années.

L’Analyse du rendement du Carbone 50 de la CDPQ entre 2011-2018 s’est penchée sur la performance des 50 entreprises du secteur de l’exploitation pétrolière et gazière dans lesquelles la CDPQ détenait ses plus grands investissements boursiers entre 2011 et 2018. Ces entreprises ont encaissé une perte de 4,3% pendant cette période, ce qui s’est traduit par une perte de la valeur de ces placements de 3 milliards $.

« Les gestionnaires de fonds suivent des modèles ou des guides qui leur indiquent quels placements sélectionner, et ces règles sont régulièrement modifiées pour s’adapter au contexte économique. En faisant le choix du désinvestissement des énergies fossiles, on n’arrête pas d’investir. On repositionne une petite partie de son portefeuille d’actions », précise Sébastien Collard, fondateur de l’organisme Recycle ta Caisse et porte-parole de la coalition. « Après avoir mesuré le rendement boursier des 50 plus importantes entreprises du secteur des énergies fossiles, il était important que notre analyse évalue le rendement que ces montants auraient généré sur d’autres marchés. D’un point de vue purement économique, notre analyse fait la démonstration que la décarbonisation accélérée des actifs de la Caisse aurait été, et de loin, la meilleure voie à suivre pour les gestionnaires. »

Considérant que l’argent que la CDPQ conserve dans les énergies fossiles aurait pu être investi sur d’autres marchés boursiers, les Québécois auraient pu générer entre 7,8 et 10,8 milliards $ de rendement supplémentaire si la Caisse avait fait le choix du désinvestissement.

La coalition Sortons la Caisse du carbone considère que le risque d’un éclatement de la bulle du carbone est de plus en plus présent au niveau du secteur pétrolier et que la CDPQ devrait rapidement faire le choix d’exclure les quelques dizaines de compagnies qui mettent à risque autant son rendement que sa capacité à répondre de manière efficace à l’urgence climatique.

Selon Patrick Bonin, responsable de la campagne Climat-Énergie à Greenpeace Canada, « la Caisse doit rapidement laisser tomber les hydrocarbures au profit des énergies vertes et tourner le dos aux énergies fossiles.  Autant pour la santé du portefeuille des Québécois que pour celle de la planète, la Caisse doit absolument aligner ses politiques d’investissements sur les recommandations du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) selon lequel il faut couper les émissions mondiales de CO2 de moitié d’ici 2030 si l’on souhaite respecter l’Accord de Paris et limiter le réchauffement planétaire à 1,5 degré Celsius. »

Sortons la Caisse du carbone considère qu’il est néfaste pour la santé humaine et la qualité de l’environnement de maintenir des investissements dans les énergies fossiles. De plus, nous croyons, à la lumière des données disponibles, qu’un éclatement de la bulle carbone pourrait déjà être en cours, que celui-ci est lié à la transition technologique qui s’opère, et qu’une perte de valeur des compagnies exploitant ces énergies lui est associée.

« La Caisse est l’un des plus grands investisseurs institutionnels en Amérique du Nord à s’être tourné résolument vers le marché des énergies renouvelables. Son modèle de gouvernance et d’investissement responsable fait exemple et inspire d’autres fonds. Mais notre analyse démontre que les quelque 18,5 G$ qu’elle garde toujours dans les énergies fossiles sont en fait un boulet qui lui fait perdre de l’argent et courir des risques inutiles. La solution est à portée de main : désinvestir de manière systématique et soutenue », a conclu Diego Creimer de la Fondation David Suzuki.

La coalition Sortons la Caisse du Carbone regroupe le Front commun pour la transition énergétique, la Fondation David Suzuki, Greenpeace Canada, Recycle ta Caisse, Réalité climatique Canada, l’Association pour la voix étudiante au Québec (AVEQ), Justice climatique Montréal (JCM), Leap Montréal, Mobilisation environnement Ahuntsic-Cartierville (MEAC), Eau Secours!, ainsi que d’autres groupes citoyens, syndicats et représentants des peuples autochtones.

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Pour plus d’information : Diego Creimer, Responsable, affaires publiques et communications, 514-999-6743 dcreimer@davidsuzuki.org