Nous avons souvent souligné que les mots écologie et économie avaient la même racine, du grec oikos, qui signifie «maison». L’écologie est l’étude de la maison et l’économie est sa gestion. Mais nombreux sont ceux qui insistent pour les traiter comme deux choses distinctes et souvent incompatibles.
Dans sa forme la plus absurde, l’argument est que nous ne pouvons tout simplement pas nous permettre de protéger l’environnement — que les coûts seront élevés au point de ruiner l’économie. Mais si vous ne prenez pas soin de votre maison, elle finira par devenir inhabitable. Quelle est la justification économique dans tout cela?
D’autres soutiennent que les avantages économiques de certaines activités l’emportent sur les inconvénients causés à l’environnement. Cela aussi, c’est un argument absurde. Une récente publication sur le site Grist.org de même qu’un certain nombre d’études et d’articles montrent que plusieurs activités ne sont même pas avantageuses du point de vue économique.
Prenez les mines de charbon. Une recherche menée par l’Université de West Virginia a constaté que «les mines de charbon des Appalaches coûtent cinq fois plus de décès prématurés que ce que l’industrie procure à la région en terme d’emplois, taxes et autres avantages économiques.» Et, selon Grist, la Mountain Association for Community Economic Development a découvert que «l’industrie du charbon siphonne 115 millions $ de plus au gouvernement du Kentucky en services et programmes, que ce qu’elle contribue en taxes.»
Le site Web renvoie également à une étude des pairs dans le journal Science qui conclut que l’exploitation forestière dans les forêts tropicales humides du Brésil n’offre que des gains à court terme en revenus, en espérance de vie et en alphabétisation, mais que les gains disparaissent sur le long terme «en laissant les municipalités déboisées aussi pauvres que ceux qui ont préservé leurs forêts.»
Une autre étude a démontré que tout ce que les trois grands constructeurs automobiles américains doivent faire pour devenir rentables et entrer en concurrence avec les fabricants automobiles japonais est d’atteindre les nouvelles normes d’économie de carburant.
Nous avons récemment noté dans cette chronique que l’observation des ours peut être plus rentable que la chasse à l’ours et l’article de Grist note également que l’observation des baleines est beaucoup plus rentable que la chasse à la baleine.
Mauvaise façon d’exploiter les ressources
Le problème n’est souvent pas tant l’exploitation des ressources en soi, mais plutôt la façon dont nous exploitons nos ressources et les raisons de l’exploitation. Avec les chefs de direction qui ont un œil rivé sur leurs résultats trimestriels et les politiciens qui envisagent les choses en fonction d’un mandat de 3 ou 4 ans, les mesures d’incitation en faveur d’une réflexion à long terme ne sont pas toujours évidentes.
Un des exemples les plus horribles de cette perspective à courte vue se trouve dans les sables bitumineux. Comme l’auteur Andrew Nikiforuk le soutient dans son livre primé intitulé Tar Sands: Dirty Oil and the Future of a Continent, cette ressource peut être utilisée à bon escient pour «financer la transition vers une économie faible en carbone».
Les intérêts industriels et les gouvernements de l’Alberta et d’Ottawa semblent plutôt vouloir travailler à tout prix à une liquidation à grande échelle. C’est ainsi que nous nous retrouverons avec des profits à court terme et une bonne santé économique apparente, en échange d’énormes dommages à l’environnement et à l’épuisement rapide d’une ressource qui pourrait être encore nécessaire pour encore un certain temps — avec les conséquences économiques négatives qui en découlent.
Une partie du problème réside dans la véritable raison derrière l’exploitation de notre ressource et de notre activité industrielle. Dans la plupart des cas, ce n’est pas tant par nécessité, mais plutôt en raison du désir d’un nombre relativement restreint de personnes à faire beaucoup d’argent rapidement. Et lorsque l’argent circule et que des emplois sont créés, les politiciens qui encouragent ces activités paraissent bien.
Nous avons peut-être besoin de combustibles fossiles, du moins pour le moment, mais avons-nous vraiment besoin de cela pour permettre à une ou deux personnes de se rendre au supermarché dans un énorme VUS fabriqué avec des tonnes de métal?
Les dinosaures de l’énergie fossile
Nous voyons aussi, sans surprise, que les dinosaures de l’énergie fossile et d’autres industries feront de grands efforts pour protéger leurs intérêts. Si cela signifie purement et simplement la diffusion de fausses informations et de mensonges sur les conséquences de leurs industries, bien qu’il en soit ainsi.
Même si la preuve scientifique que l’homme est responsable du réchauffement climatique est indéniable, les industries du pétrole et du charbon dépensent des sommes importantes dans des campagnes visant à semer le doute sur la science et des politiciens laissent entendre que les scientifiques du monde entier sont impliqués dans un sinistre complot, ce qui fait que nous pouvons continuer à invoquer une diminution des stocks de combustibles polluants, plutôt que de créer des emplois et de la richesse grâce à une économie plus verte, qui pourrait nous sauver de la catastrophe.
Il suffit de regarder les événements récents aux États-Unis pour constater que les gens qui se tiennent debout sur la voie du progrès en environnement sont souvent tout aussi ignorants au sujet de l’économie.