On trouve des écosystèmes de formes et de tailles variées, et leurs frontières ne sont souvent pas clairement établies. Aussi, lorsqu’un écosystème souffre, cela a des conséquences sur d’autres.
Nous pouvons même considérer le corps humain comme un écosystème, ou mieux encore, comme plusieurs écosystèmes interdépendants. Selon un article récemment paru dans le journal scientifique Nature, «Le corps humain est un des sites d’étude écologique les plus importants de la décennie à venir.»
L’auteur de l’article, David A. Relman, chef de l’unité des maladies contagieuses au Veterans Affairs Palo Alto Health Care System, en Californie, écrit: «Les humains dépendent des communautés microbiennes qui les colonisent pour profiter d’avantages surprenants. Ceux-ci comprennent: l’extraction d’énergie de la nourriture ingérée, l’éducation du système immunitaire et la protection contre les pathogènes. Pourtant, en dépit de l’attention qu’a profité dernièrement ce microbiota indigène, nous ne comprenons pas encore entièrement ce que notre «soi élargi » comprend et la façon dont il fonctionne.»
Si nous n’avions pas de microbes, la plupart des bactéries vivant en nous et sur nous, nous ne serions pas capables de digérer notre nourriture ou de respirer, et nous serions plus vulnérables à plusieurs types de maladies et d’infections. Les scientifiques estiment que notre corps possède 10 fois plus de bactéries que de cellules humaines, c’est-à-dire environ 100 trillions, et que les entrailles humaines comprennent à elles seules entre 500 et 1000 espèces de bactéries.
Les microbes qui contribuent au bon fonctionnement de notre corps sont communément appelés «flore normale» ou «microbiota». Mais, comme tous les écosystèmes, l’écosystème de notre corps peut être interrompu. Si nous polluons notre corps, intentionnellement ou pas, la flore normale peut devenir débordée, au point de ne plus arriver à fonctionner aussi bien qu’elle le devrait. Parfois, cela se traduit par une simple indigestion, mais souvent, particulièrement si la pollution est constante, cela peut mener à des maladies graves pouvant causer la mort.
Ce à quoi nous exposons notre corps et les microbes qui s’y trouvent peuvent aussi engendrer des conséquences inattendues. Même si les antibiotiques ont rendu service à la santé humaine, nous nous apercevons maintenant que des décennies d’utilisation, souvent comme «stimulateurs de croissance» chez la volaille, les porcs et les vaches, mènent à de nouvelles maladies et infections, car des bactéries parfois néfastes évoluent pour devenir résistantes aux antibiotiques et à nos propres défenses microbiennes.
Plus nous en apprenons sur les communautés microbiennes se trouvant dans notre corps, plus nous constatons qu’un équilibre se doit d’être maintenu, pour notre propre bien et pour le bien de nos communautés humaines. Selon le professeur de microbiologie new-yorkais Martin J. Blaser, «L’évolution a sélectionné ces populations microbiennes qui maintiennent et augmentent la bonne forme des individus hôtes et du groupe dans son ensemble».
Si nous voulons que notre corps soit en santé, nous devons nous assurer d’avoir accès à de la nourriture saine, de l’eau propre et de l’air pur. Et nous devrions éviter de nous exposer à tout élément dommageable pour la santé de nos propres cellules ou des microbes qui contribuent à les garder en santé.
Cela n’a rien de vraiment différent de tous les autres écosystèmes. Si nous jetons trop d’ordures et de pollution dans l’air, l’eau ou le sol, nous perturbons l’équilibre créé par tous les organismes et cycles naturels présents dans l’environnement. Notre planète partage beaucoup de ressemblances avec le corps humain. L’eau circule sur et à l’intérieur de la Terre selon un cycle hydraulique complexe, régulant la température et gardant les plantes et les animaux en vie, à l’instar du sang qui circule à travers nos veines. Les organismes naturels des écosystèmes de la Terre, comme les microbes dans notre corps, offre aussi de nombreux services sur lesquels nous dépendons pour survivre et rester en santé.
De plus, autant pour le corps humain que pour la Terre, le carbone est un élément essentiel. Le carbone est le deuxième élément le plus abondant dans le corps humain, après l’oxygène, et il régit le cycle de la Terre, de ses habitants, de son atmosphère. Normalement, le carbone est absorbé par l’atmosphère grâce au processus de photosynthèse et est transformé grâce à la respiration et à la décomposition. Mais lorsque nous perturbons l’équilibre en coupant trop de plantes ou d’arbres qui absorbent le carbone et en brûlant du carburant qui remet une trop grande quantité de carbone dans l’atmosphère, nous mettons la santé de la Terre, et du fait même la nôtre aussi, en danger.
Nous devons apprendre à traiter la Terre comme nous nous traiterions nous-mêmes. Après tout, nous sommes une partie intégrante de la nature, et si nous ne prenons pas soin de sa santé, nous ne prenons conséquemment pas soin de la nôtre.