
Manifestation “COP de la Vérité” à la COP30. Même après toutes ces années, toutes ces preuves, tous les impacts prédits qui nous frappent maintenant, les délégations présentes à la COP30 de novembre à Belém, au Brésil, n’ont pas pu s’entendre sur la nécessité d’« abandonner les combustibles fossiles ». (Photo : Cyrielle Maison)
Il y a 37 ans, le climatologue James Hansen a prévenu le Sénat des États-Unis que les activités humaines causaient un réchauffement de la planète, ce qui rendrait éventuellement le climat imprévisible.
Depuis, trente sommets internationaux sur le climat, les « Conférences des parties », ont eu lieu. Dix ans ont passé depuis que les pays du monde ont signé l’Accord de Paris qui visait à empêcher que les températures moyennes mondiales n’augmentent de plus de 2 °C (idéalement 1,5 °C) au-dessus des niveaux préindustriels. Plus de 200 ans se sont écoulés depuis que le mathématicien français Joseph Fourier a découvert que certains gaz dans l’atmosphère piégeaient le rayonnement solaire, causant potentiellement le réchauffement de la planète, maintenant connu sous le nom d’« effet de serre ».
Même après toutes ces années, toutes ces preuves, tous les impacts prédits qui nous frappent maintenant, les délégations présentes à la COP30 de novembre à Belém, au Brésil, n’ont pas pu s’entendre sur la nécessité d’« abandonner les combustibles fossiles » (source en anglais). De plus, la question de savoir si les pays riches responsables de la majeure partie du réchauffement planétaire devraient payer pour aider les pays pauvres qui subissent le plus gros des impacts n’a toujours pas été résolue.
C’est absurde, tragique et stupide.
Le fait que tous les pays du monde se réunissent régulièrement pour discuter de ces enjeux est fondamentalement bénéfique, mais c’est de la folie d’agir comme si nous avions encore le temps de les gérer.
Certains pays, notamment la Russie, l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et l’Inde, ont fait pression pour retirer toute mention des combustibles fossiles de l’accord final (source en anglais). Le gouvernement des États-Unis nie entièrement la crise et n’a même pas envoyé de délégation. Le Canada semble être en train de capituler, encourageant l’expansion du gaz « naturel » liquéfié et la construction d’oléoducs.
En tant qu’espèce, nous soucions-nous si peu de nos enfants et des enfants à naître que nous serions prêts à sacrifier leur avenir pour des gains illusoires à court terme et d’énormes profits pour la direction et les actionnaires des compagnies pétrolières?
On ne devrait pas avoir besoin de le répéter, mais même si nous arrêtions immédiatement de brûler du charbon, du pétrole et du gaz et si nous protégions les systèmes naturels qui stockent le carbone, comme les forêts, les milieux humides et l’océan, la Terre continuerait de se réchauffer, car ces gaz resteraient longtemps dans l’atmosphère.
Il n’y a aucun moyen de justifier cela. Nous utilisons des quantités excessives d’énergie et achetons trop de biens, surtout dans des pays comme le Canada et les États-Unis. Nous pourrions réduire les émissions et d’autres dommages environnementaux si nous arrêtions de consommer autant.
Que faudra-t-il pour que nous traitions la crise climatique avec l’urgence et le sérieux qu’elle exige? De quelles preuves supplémentaires avons-nous besoin?
Les énergies renouvelables sont beaucoup plus efficaces, moins coûteuses et plus sûres que les combustibles fossiles. Passer du charbon, du gaz et du pétrole aux énergies renouvelables créerait beaucoup plus d’emplois de qualité et d’avantages économiques, en plus de permettre que l’air, l’eau et les terres demeurent plus propres.
Le fait que tous les pays du monde se réunissent régulièrement pour discuter de ces enjeux est fondamentalement bénéfique, mais c’est de la folie d’agir comme si nous avions encore le temps de les gérer. Les lobbyistes et les personnes représentant l’industrie des combustibles fossiles étaient plus nombreux que les membres des délégations de nombreux pays subissant les plus grands impacts; c’est une recette vouée à l’échec.
Que faudra-t-il pour que nous traitions la crise climatique avec l’urgence et le sérieux qu’elle exige? De quelles preuves supplémentaires avons-nous besoin? Tous les scientifiques crédibles qui étudient des sujets liés au climat, de l’océanographie à la physique atmosphérique, s’entendent pour dire que nos actions réchauffent rapidement notre seule terre d’accueil à des niveaux dangereux, que nous nous approchons de seuils désastreux, et que les impacts s’accélèrent à des vitesses alarmantes.
Presque tous ces scientifiques s’entendent sur les solutions globales : nous devons cesser d’exploiter et de brûler les combustibles fossiles, et nous devons protéger et restaurer les écosystèmes qui séquestrent le carbone et l’empêchent de pénétrer dans l’atmosphère.
Notre système économique consumériste est relativement récent; il est alimenté par le pétrole, le gaz et le charbon, et nous savons maintenant qu’il cause de grands dommages et met toutes les formes de vie en danger
Mais nous nous battons contre une industrie qui investit des quantités astronomiques d’argent et de ressources dans la désinformation, la création d’organisations qui induisent le public en erreur sur la crise, le contrôle des médias qui minimisent ou rejettent les preuves et le financement des figures politiques pour qu’elles veillent aux intérêts de l’industrie au détriment des personnes pour lesquelles elles ont été élues.
C’est déconcertant et épouvantable. Notre système économique consumériste est relativement récent; il est alimenté par le pétrole, le gaz et le charbon, et nous savons maintenant qu’il cause de grands dommages et met toutes les formes de vie en danger. Mais nous refusons de changer nos façons de faire. Même les changements progressifs, qui de toute façon seraient insuffisants et tardifs, semblent hors de question.
Les parlementaires ne semblent pas être en mesure de penser à des moyens de gouverner et de gérer les enjeux de production et de distribution qui n’impliquent pas de piller les ressources brutes et de les vendre le plus rapidement possible. Nous brûlons donc plus de combustibles fossiles polluants, coupons plus de forêts, asphaltons plus de milieux humides, fabriquons plus d’armes…
Quand cela se terminera-t-il?
La COP30 démontre l’incapacité de nos systèmes politiques et économiques à faire face à la plus grande menace à laquelle l’humanité n’ait jamais été confrontée. Nous avons besoin d’un mouvement de masse pour exiger le changement.