L‘accent mis sur le GNL dans la nouvelle « stratégie de compétitivité climatique » est une contradiction troublante

OTTAWA | TERRITOIRE TRADITIONNEL ET NON CÉDÉ DE LA NATION ALGONQUINE ANICHINABÉE, le mardi 4 novembre 2025 — La « stratégie de compétitivité climatique » présentée aujourd’hui dans le cadre du budget fédéral de 2025 comporte certains aspects positifs mais, selon la Fondation David Suzuki, le Canada n’atteindra pas ses objectifs climatiques – ni ne renforcera sa résilience économique à long terme – en misant davantage sur les énergies fossiles. L’annonce de nouvelles subventions pour l’expansion du GNL et le maintien des aides financières accordées au secteur pétrolier et gazier constituent un recul inquiétant, alors que le Canada s’était engagé à mettre fin aux subventions aux énergies fossiles d’ici 2024.

La Fondation s’inquiète également du fait que les modifications législatives annoncées dans le budget affaibliront les protections environnementales et compromettront les règles contre l’écoblanchiment. De plus, les enveloppes budgétaires fédérales importantes consacrées à la gestion de la nature et des produits chimiques seront épuisées en 2026. Le budget présenté aujourd’hui ne s’engage pas à renouveler le financement de ces mandats importants. La Fondation est également préoccupée par les coupes budgétaires dans les ministères qui pourraient nuire à la capacité du Canada à faire face à la crise climatique.

Au sujet de la nécessité d’investir dans l’environnement, Pierre Iachetti, directeur général de la Fondation David Suzuki, a déclaré :

« Le premier ministre Mark Carney connaît les risques liés au fait de déprioriser les investissements dans la santé planétaire au profit d’un gain économique à court terme. Nous ne pouvons pas “bâtir un Canada fort” sans protéger l’environnement.

« Le financement pour le logement et les infrastructures locales annoncé dans le budget 2025 représente une occasion inédite d’améliorer la résilience climatique, à condition qu’il soit bien utilisé. Malheureusement, le budget reste insuffisant en matière d’investissements dédiés à la protection et à la restauration de la nature, à la construction d’un réseau électrique est-ouest et à la mise en place de mesures de prévention de la pollution. C’est une occasion manquée dans un budget présenté comme un “budget d’investissement”. Protéger l’environnement, c’est investir dans un avenir sûr et sain. »

Au sujet de la stratégie de compétitivité climatique annoncée dans le budget, Sabaa Khan, directrice climat à la Fondation David Suzuki, ajoute :

« Bien que la stratégie de compétitivité climatique présente certaines mesures importantes pour réduire les émissions de GES, telles que le renforcement de la réglementation sur le méthane, la volonté de remédier aux lacunes de la tarification du carbone industriel et des lignes directrices en matière d’investissement durable, elle passe à côté de l’essentiel.

« Le Canada ne peut pas bâtir une économie résiliente et compétitive en misant davantage sur les énergies fossiles. Les investissements qui nous enferment dans la dépendance aux combustibles fossiles, tels que le gaz naturel liquéfié, le captage, l’utilisation et le stockage du carbone, et le recul des mesures visant à réduire les émissions globales provenant du pétrole et du gaz ne feront qu’alourdir les coûts pour les générations futures.

« Si nous souhaitons atteindre une véritable prospérité, pour toutes les générations, il faut investir dans des mesures climatiques audacieuses et dans l’adaptation pour les communautés et les travailleur·euses face aux changements climatiques alimentés par l’extraction du pétrole et du gaz, qui nous coûtent déjà des milliards chaque année. »

Au sujet du financement fédéral dédié à la nature qui prendra fin l’année prochaine, Erin Roger, directrice nature à la Fondation David Suzuki, mentionne :

« Ce budget est loin de remédier au sous-investissement systémique dans la protection de la nature. Le financement actuel des programmes liés à la nature sera bientôt épuisé, et aucun nouveau financement n’a été annoncé.

« Le Canada a pris des engagements mondiaux et nationaux en faveur de la nature : protéger 30 % des terres et des eaux et restaurer 30 % des écosystèmes dégradés d’ici 2030, mettre fin à l’extinction des espèces et réduire la pollution. Mais le budget 2025 laisse en suspens les engagements pour la nature, en particulier dans le cadre des projets d’intérêt national de Mark Carney qui sont très demandant en ressources. La nature est indissociable de nous et de notre avenir; les budgets actuels et futurs doivent en tenir compte. »

– 30 –

La Fondation David Suzuki est membre de la Coalition pour un budget vert. Nous avons publié conjointement des recommandations pour le budget 2025, disponibles ici.

Pour plus d’informations ou pour une demande d’entrevue :

Cyrielle Maison, responsable principale des communications à la Fondation David Suzuki
514 871-4932 | cmaison@davidsuzuki.org

 

Points importants du budget :

La Fondation David Suzuki accueille favorablement les propositions suivantes dans le budget de 2025 :

  • Engagement à renforcer le système canadien de tarification du carbone industriel, une politique essentielle pour réduire les émissions.
  • Engagement à mettre en œuvre le Règlement sur l’électricité propre, avec des mentions de soutien à la construction de réseaux d’électricité propre nécessaires à un avenir durable. Des investissements supplémentaires seront nécessaires.
  • Poursuivre la mise en œuvre du règlement renforcé sur le méthane. Le méthane est un puissant gaz à effet de serre qui, lorsqu’il est libéré dans l’atmosphère, peut aggraver l’asthme, nuire à la fonction pulmonaire et causer des décès prématurés.
  • Élaborer des lignes directrices (ou taxonomie) en matière d’investissement durable qui appuieront les objectifs de lutte contre les changements climatiques et de protection de la nature.
  • 40 millions de dollars sur deux ans pour un service jeunesse pour le climat.

La Fondation David Suzuki est préoccupée par les propositions suivantes dans le budget de 2025 :

  • Abandonner le Règlement sur les plafonds d’émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier alors que les émissions de l’industrie continuent de croître, tout en ignorant l’engagement juridique du Canada à l’égard des cibles de 2030 et de 2035 en matière d’émissions.
  • Envisager l’expansion du gaz naturel liquéfié et introduire une nouvelle subvention aux combustibles fossiles, qui contribuera de manière considérable aux changements climatiques et amplifiera les répercussions sur notre pays sous la forme de feux de forêt, de fumée et d’autres phénomènes météorologiques extrêmes.
  • Aucun réinvestissement dans les programmes associés à la nature ou dans le Plan de gestion des produits chimiques du Canada alors que le financement existant est sur le point d’être épuisé.
  • Stimuler l’extraction des ressources, malgré les préoccupations identifiées en matière d’impact environnemental.
  • Propositions de modifications législatives visant à affaiblir les normes environnementales en ce qui concerne les pesticides, les exigences contre l’écoblanchiment en vertu de la Loi sur la concurrence et la surveillance de la mise en œuvre provinciale des normes fédérales en vertu de la Loi canadienne sur la protection de l’environnement.