
Bien que l’industrie et ses adeptes s’efforcent de nous persuader du contraire, il est indéniable que le charbon, le gaz et le pétrole sont des sources d’énergie obsolètes, peu efficaces et polluantes, surtout lorsqu’on les compare aux solutions existantes. En outre, certaines personnes, dont des figures politiques, cherchent à promouvoir l’énergie nucléaire comme une solution viable. Est-ce vraiment le cas? (Photo : Mick Truyts via Unsplash)
Bien que l’industrie et ses adeptes s’efforcent de nous persuader du contraire, il est indéniable que le charbon, le gaz et le pétrole sont des sources d’énergie obsolètes, peu efficaces et polluantes, surtout lorsqu’on les compare aux solutions existantes. En outre, certaines personnes, dont des figures politiques, cherchent à promouvoir l’énergie nucléaire comme une solution viable. Est-ce vraiment le cas?
Ses partisan.e.s la considèrent comme propre, puisqu’elle ne génère aucune émission de gaz à effet de serre. En vérité, si l’on examine son cycle de vie dans son ensemble, l’énergie nucléaire n’est pas aussi propre qu’on pourrait le croire. Elle pose de nombreux problèmes, allant de l’extraction et du transport de l’uranium à la construction et au démantèlement de centrales nucléaires, en passant par les problèmes géopolitiques liés à l’approvisionnement en combustible et à la sécurité des sites, sans oublier la gestion des déchets radioactifs et la production d’armes. Bien sûr, l’énergie renouvelable a, elle aussi, des répercussions; c’est pourquoi il est important de réduire notre consommation d’énergie et de matériaux.
Au-delà des questions de nature environnementale et autre, la construction de centrales nucléaires, y compris de petits réacteurs modulaires (PRM), dont une grande partie n’a pas été testée, s’avère coûteuse et très longue.
« En raison de ses coûts et de sa complexité, l’énergie nucléaire ne sera pas en mesure de fournir de l’électricité bon marché ou à faible émission dans les délais nécessaires ou à une échelle significative, les changements climatiques continuant de faire cuire à feu vif une civilisation indifférente », écrit Andrew Nikiforuk dans The Tyee. « Cela ne veut pas dire que la technologie nucléaire n’aura pas son importance dans notre avenir énergétique hautement problématique », nuance-t-il cependant.
Andrew Nikiforyk évoque une étude récente (en anglais) sur 401 projets de centrales nucléaires construits entre 1936 et 2014 dans 57 pays, qui révèle que leur construction a duré 70 mois en moyenne. Cette étude montre également que les dépassements de coûts moyens atteignaient environ un milliard de dollars états-uniens, sans tenir compte des dépenses considérables qui étaient prévues. Il est peu probable que l’énergie nucléaire contribue significativement à la réduction la plus rapide possible des émissions : elle représente seulement 9 % de l’énergie mondiale et plusieurs réacteurs approchent la fin de leur durée de vie moyenne.
Le rapport mondial sur l’industrie nucléaire de 2025 (WNISR), révèle qu’« en 2024, les dépenses totales en capacité de production d’énergie renouvelable, à l’exception de l’hydroélectricité, ont atteint un niveau record de 728 milliards de dollars états-uniens, soit 21 fois l’investissement mondial dans l’énergie nucléaire. La capacité de production des énergies solaire et éolienne a augmenté de 32 % et 11 %, respectivement. Ainsi, elle s’élève à 565 GW, soit plus de 100 fois l’augmentation nette de la production d’énergie nucléaire, qui atteint 5,4 GW. Les installations solaires et éoliennes ont généré 70 % plus d’électricité que les centrales nucléaires ».
Il faut dire que la pression en faveur des PRM vient en grande partie de personnalités comme la première ministre albertaine Danielle Smith dans le but d’accroître la production des sables bitumineux, ainsi que de milliardaires de la technologie, cherchant à générer les quantités astronomiques d’énergie requises par les centres de données et l’intelligence artificielle.
Le Canada s’apprête à dépenser plus d’un milliard de dollars pour des PRM et divers projets nucléaires. Cependant, le WNISR met en évidence que les quelques projets de PRM en cours « font face à une impasse financière majeure »
Selon Andrew Nikiforuk, « pour atteindre une économie d’échelles, il faudrait construire des milliers de PRM, ce qui n’est pas près d’arriver ». De plus, il souligne que les « PRM ne sont pas seulement imposants, occupant une superficie comparable à un pâté de maisons, mais aussi coûteux, ce qui les rend moins sûrs que les grands réacteurs ». Selon des recherches, ces dispositifs génèrent en réalité plus de déchets que les réacteurs conventionnels.
Energy Mix rapporte que les coûts de l’énergie renouvelable et du stockage de batteries sont en chute, tandis que ceux des centrales nucléaires continuent d’augmenter.
Le WNISR indique que la technologie des énergies renouvelables « évolue vers un système énergétique hautement flexible et entièrement électrifié, doté d’une logique de contrôle décentralisée, qui surpasse les systèmes traditionnels axés sur les combustibles fossiles et l’énergie nucléaire ».
Voici l’une des théories expliquant pourquoi autant de puissances hypercapitalistes favorisent l’énergie nucléaire par rapport à l’énergie renouvelable : les systèmes énergétiques centralisés sont plus faciles à contrôler, à monopoliser et à exploiter que les systèmes qui utilisent des sources d’énergie disponibles gratuitement partout. En outre, il est plus facile de transférer les coûts des centrales électriques qui fonctionnent grâce aux combustibles fossiles ou à l’énergie nucléaire vers le public sous forme de subventions, de taxes et de factures d’électricité plus élevées.
Compte tenu de l’urgence à agir rapidement pour combattre les changements climatiques, il serait bien plus judicieux d’investir cet argent dans des infrastructures et des énergies renouvelables, y compris un réseau électrique canadien renouvelable d’est en ouest.
Bien que les énergies éolienne, solaire et géothermique, ainsi que le stockage, entraînent également des conséquences environnementales, et nécessitent l’extraction minière et des matériaux, elles restent plus propres, plus efficaces et plus faciles à déployer rapidement que les combustibles fossiles et l’énergie nucléaire. Selon Andrew Nikiforuk, pour réduire au minimum ces conséquences, nous devons « réduire systématiquement notre consommation d’énergie et de matériaux, et ce, à un rythme sans précédent ».
Tout comme les énergies fossiles, le nucléaire est un moyen dépassé et trop coûteux de produire de l’électricité.