
Un terrain de concessionnaire automobile. Les entreprises de ces secteurs incarnent une forme vorace du capitalisme, produisant des véhicules de grande taille et énergivores qui brûlent inutilement du pétrole raffiné et qui mènent à la création de villes, de banlieues et d’infrastructures axées sur les voitures.
Une approche économique qui récompense le gaspillage, l’avidité et une croissance illimitée ne peut pas fonctionner dans le monde d’aujourd’hui. Alors que certaines personnes en quête de plus de richesse et de pouvoir s’accrochent à ce système destructeur et obsolète qui carbure aux énergies fossiles, d’autres explorent de meilleures solutions.
Nous créons des systèmes économiques afin de faciliter la prestation de service et la production et la distribution des biens et de la richesse, ainsi que pour maintenir la stabilité sociale. Nous en avons expérimenté différentes formes au fil de l’histoire de l’humanité, avec des résultats mitigés.
Notre système actuel, un type de capitalisme hyperconsumériste, a été développé de concert avec les industries du charbon, du pétrole, du gaz et de l’automobile. Les guerres et le boom de la construction d’infrastructures ont été d’autres sources d’enrichissement, en particulier aux États-Unis et au Canada.
Toutefois, partout dans le monde, des personnes soulignent l’existence de systèmes économiques plus efficaces.
Les entreprises de ces secteurs incarnent une forme vorace du capitalisme, produisant des véhicules de grande taille et énergivores qui brûlent inutilement du pétrole raffiné et qui mènent à la création de villes, de banlieues et d’infrastructures axées sur les voitures. Leur but est de permettre aux industries polluantes de l’automobile et des combustibles fossiles d’engranger d’énormes profits et de faire croître sans cesse l’économie. Ce n’est pas l’efficacité, la sécurité ou une meilleure qualité de vie qui prime, mais bien le profit!
Nous le savons : ces industries contribuent à la contamination de l’air, de l’eau et de la terre, au réchauffement climatique et aux inégalités économiques. Pourtant, nous nous laissons convaincre que cette voie suicidaire est « normale » ou « inévitable », grâce à un système où les personnes richissimes peuvent corrompre la classe politique et les médias et éliminer la dissidence.
Toutefois, partout dans le monde, des personnes soulignent l’existence de systèmes économiques plus efficaces. De Nanaimo (Colombie-Britannique) à Tomelilla en Suède (article en anglais), en passant par Mexico, Barcelone et Amsterdam, des villes intègrent les principes de l’« économie du beignet » et de l’« économie circulaire » dans leur planification financière et leurs mécanismes de prise de décisions.
L’économie circulaire consiste à dissocier l’économie de la consommation de ressources limitées. Dans ce but, elle vise à éviter que les matériaux et les produits deviennent des déchets grâce à la réduction, à la réutilisation, à la réparation, au recyclage et au compostage.
Malheureusement, nous avons déjà franchi sept des neuf limites planétaires, au-delà desquelles la vie humaine devient plus précaire.
L’économie du beignet, concept élaboré par l’économiste britannique Kate Raworth, place les limites planétaires à l’extérieur d’un anneau, et les fondations sociales au centre. Selon ce modèle, l’économie est un moyen de vivre dans le respect des limites écologiques et de combler les besoins de la société de façon plus équitable. Malheureusement, nous avons déjà franchi sept des neuf limites planétaires, au-delà desquelles la vie humaine devient plus précaire.
Ces limites interdépendantes ont été quantifiées pour la première fois en 2009 par 28 scientifiques de renommée mondiale, dont Johan Rockström, ancien directeur du Stockholm Resilience Center. La Terre a dépassé ces caps en matière de changements climatiques, de nouvelles créations, d’acidification des océans, d’altération de l’eau douce et des flux biogéochimiques, de changements dans l’utilisation du territoire et d’intégrité de la biosphère. L’appauvrissement de l’ozone stratosphérique a été partiellement résolu par un traité international. En outre, la quantité maximale d’aérosols dans l’atmosphère n’a pas encore été atteinte.
Les fondements sociaux, situés au centre du beignet, se basent sur les objectifs de développement durable des Nations unies. Ils comprennent la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, le revenu, le travail (incluant des métiers comme l’entretien ménager), la paix et la justice, l’expression politique, l’équité sociale, l’égalité entre les genres, le logement, les réseaux (communautaires et virtuels), l’énergie et l’eau.
Le fait de dépasser les limites critiques (et l’incapacité à répondre aux besoins sociaux essentiels) est la conséquence directe de notre participation à un modèle dépassé qui encourage le gaspillage et l’inefficacité au nom d’une croissance illimitée et de profits excessifs pour une poignée de personnes (article en anglais). L’économie est ainsi devenue la priorité absolue, au détriment des systèmes naturels sur lesquels dépendent notre santé et notre existence.
Il est impossible d’espérer régler les graves crises auxquelles nous faisons face, comme les changements climatiques et la perte de la biodiversité, si nous ne changeons pas les systèmes qui ont contribué à cette catastrophe.
En 2020, la ville d’Amsterdam a mis en place les principes du beignet pour relancer son économie après la pandémie de COVID-19. Ce modèle économique vise à assurer le bien-être de la société et la durabilité environnementale en favorisant les énergies renouvelables et le développement du logement. À Tomelilla en Suède, ce concept a été appliqué aux décisions concernant les transports en commun, l’éducation et les loisirs.
Il peut être difficile pour un système économique de fonctionner en isolation, particulièrement si ce dernier est intégré à un système plus large qui encourage le gaspillage. Or, bien que les villes ne représentent que 2 % de la surface de la planète, elles consomment plus de 70 % des ressources naturelles et émettent 70 % des gaz à effet de serre, ce qui en fait un lieu de prédilection pour amorcer une transformation (source en anglais).
Il est impossible d’espérer régler les graves crises auxquelles nous faisons face, comme les changements climatiques et la perte de la biodiversité, si nous ne changeons pas les systèmes qui ont contribué à cette catastrophe. Il serait souhaitable que cette approche économique responsable soit adoptée par les gouvernements nationaux. Toutefois, si davantage de villes montrent l’exemple, notre perception erronée de l’économie pourrait évoluer.
Il reste à savoir si nous pourrons retrouver la raison avant qu’il ne soit trop tard. Nous ne pouvons qu’espérer des modes de vie plus sains et lutter pour atteindre cet objectif.