Alberta, Canada

En 2020, l’ancien premier ministre Jason Kenney a ouvert la porte de la province à l’exploitation du charbon, mais en 2022, face à la pression populaire, il a dû faire marche arrière, en réinstituant le moratoire sur les versants orientaux en vigueur depuis 1976. Quatre entreprises charbonnières poursuivent actuellement le gouvernement pour une somme de 13,8 milliards de dollars. (Photo : James Wheeler via Pexels)

Le gouvernement albertain a récemment fait l’annonce d’une nouvelle réglementation concernant le développement des énergies renouvelables. Celle-ci inclut notamment des restrictions imposées aux projets éoliens et solaires situés dans des zones aux « paysages considérés immaculés » ou sur des terres agricoles à protéger. Selon le Globe and Mail, ces changements impliquent une réduction des investissements destinés aux nouveaux projets d’énergie renouvelable, et ce, dans une province qui dispose de capacités solaires et éoliennes importantes et où l’industrie était en plein essor.

Pendant ce temps, le gouvernement s’apprête à donner l’accès aux versants orientaux des Rocheuses du sud de l’Alberta à des milliardaires charbonniers d’Australie, malgré l’opposition majoritaire de la population albertaine à l’exploitation du charbon dans la région. Le 15 janvier dernier, Brian Jean, ministre de l’Énergie de la province, a annoncé que le gouvernement abrogerait trois arrêts ministériels relatifs à l’extraction du charbon, notamment un moratoire sur l’exploration et l’exploitation minières sur les versants orientaux.

Non seulement les projets de mines de charbon métallurgique à ciel ouvert viendraient gâcher le « paysage immaculé » et les importantes terres et fermes agricoles, mais « ils exposeraient également les nombreux bassins hydrographiques en amont et en aval des Rocheuses à des menaces environnementales permanentes, notamment la poussière de charbon toxique, la contamination de l’eau, l’exploitation à ciel ouvert, la dégradation des paysages et la pollution toxique au sélénium », mentionne le média d’information The Tyee.

Des leaders sensés se tourneraient vers des possibilités plus prometteuses, particulièrement celle de la transition vers des énergies propres – en pleine croissance et de plus en plus lucratives.

Bien qu’il soit en quelque sorte normal qu’un gouvernement soutienne si vigoureusement une industrie ayant apporté la prospérité économique à son territoire et à tout le pays, cela n’en est pas moins inexcusable. En effet, les conséquences climatiques de la combustion de pétrole, de gaz et de charbon ne cessent d’augmenter. Il va sans dire que le charbon métallurgique, utilisé dans la fabrication de l’acier, reste un combustible fossile qui génère du carbone. Des leaders sensés se tourneraient vers des possibilités plus prometteuses, particulièrement celle de la transition vers des énergies propres – en pleine croissance et de plus en plus lucratives.

Le gouvernement de l’Alberta semble aux petits soins avec les personnes extrêmement fortunées propriétaires ou dirigeantes d’entreprises du secteur des « ressources », de l’Australienne Gina Rinehart – alliée de Trump, dont la fortune se doit en grande partie à son héritage, comme c’est le cas de plusieurs milliardaires – à Rich Kruger, PDG de Suncor, ayant perçu un revenu de 36,8 millions de dollars américains en 2023, sa première année à la tête d’un des plus grands émetteurs de gaz à effet de serre au Canada.

Les conséquences sur la terre, l’eau, l’air, la biodiversité, la santé humaine et la stabilité climatique importent peu à cette élite : elle veut continuer d’utiliser les combustibles fossiles et d’engranger des profits, coûte que coûte

Les conséquences sur la terre, l’eau, l’air, la biodiversité, la santé humaine et la stabilité climatique importent peu à cette élite : elle veut continuer d’utiliser les combustibles fossiles et d’engranger des profits, coûte que coûte. Elle dédaigne tout ce qui menace de réduire le pouvoir et le contrôle des grandes entreprises qui monopolisent les ressources et les systèmes énergétiques!

Le soutien actuel de l’Alberta à l’industrie du charbon se doit peut-être en partie à une mauvaise gestion et à l’incapacité à tenir tête aux intérêts étrangers, d’autant plus qu’une large coalition non partisane de personnes provenant de différents horizons – secteur de l’élevage, milieu musical et écologiste, peuples autochtones – s’est formée pour s’opposer à l’exploitation des versants orientaux.

En 2020, l’ancien premier ministre Jason Kenney a ouvert la porte de la province à l’exploitation du charbon, mais en 2022, face à la pression populaire, il a dû faire marche arrière, en réinstituant le moratoire sur les versants orientaux en vigueur depuis 1976. Quatre entreprises charbonnières poursuivent actuellement le gouvernement pour une somme de 13,8 milliards de dollars.

« La milliardaire australienne Gina Rinehart a également entamé deux poursuites distinctes contre le gouvernement : une première en lien avec le rejet du projet Grassy Mountain en 2021 et une autre pour dommages engendrés par l’interdiction de l’exploitation du charbon. Elle réclame un dédommagement de plus de deux milliards de dollars », rapporte Andrew Nikiforuk, dans The Tyee.

Rinehart, première fortune d’Australie, a également contribué généreusement à des organisations climatosceptiques.

Certain.e.s milliardaires n’en auront jamais assez. Ces personnes ont comme objectif de vie d’accumuler une richesse qui va bien au-delà de l’usage personnel.

Certain.e.s milliardaires n’en auront jamais assez. Ces personnes ont comme objectif de vie d’accumuler une richesse qui va bien au-delà de l’usage personnel. Les quantités amassées permettraient de résoudre de nombreux problèmes mondiaux. Selon Oxfam, les 1 % les plus riches du monde possèdent plus de richesse que les personnes au bas de l’échelle représentant 95 % de l’humanité, et « la richesse des milliardaires a augmenté de 2 billions de dollars en 2024, soit trois fois plus vite que l’année précédente, ce qui équivaut à environ 5,7 milliards de dollars par jour ».

Or, cette élite ne voit pas d’inconvénient à se remplir les poches indécemment en détruisant les paysages et les bassins hydrographiques, en saccageant les territoires des peuples autochtones, en polluant l’air, l’eau et le sol et en menaçant toutes les formes de vie. Certaines de ces personnes croient qu’une fois qu’elles auront mis à sac la seule planète habitable que nous avons, elles n’auront qu’à s’échapper vers la planète Mars.

Le gouvernement albertain semble être pris d’enthousiasme par l’idée – propre au mouvement MAGA des États-Unis – d’un gouvernement par et pour les milliardaires! Partout dans le monde, c’est le même scénario : une classe politique égoïste et peu créative prête à sacrifier l’avenir au profit de gains économiques confortables et à court terme.

Les seuls « effets de retombée » véritables sont les millions qui passent des mains des milliardaires à celles de la classe politique – aux États-Unis, particulièrement. Ces politicien.ne.s agissent comme bon leur semble, au détriment de la santé et du bien-être de la population qui les a élu.e.s comme représentant.e.s.

Reprenons le pouvoir des mains des milliardaires et des oligarques. Les Rocheuses valent beaucoup plus pour la population albertaine, pour les personnes qui visitent la province et pour le monde entier que pour les milliardaires d’Australie.