Les personnes qui s’inquiètent des perturbations climatiques se comptent en beaucoup plus grand nombre que celles qui refusent d’agir… et nos rangs continuent de grossir! (Photo : Michael Swan via Flickr)

Une majorité de la population comprend que la crise climatique est bien réelle et souhaite que ses dirigeant.e.s prennent les actions nécessaires pour y faire face. Ainsi, en plus de représenter une menace pour les gens et pour la planète, les membres de la classe politique qui nient le problème ou refusent d’agir vont à l’encontre de ce que souhaite leur électorat.

Une enquête mondiale a récemment révélé que 80 % de la population sondée voudrait que son pays en fasse davantage en matière de changements climatiques, et 72 % des gens s’attendent à ce que celui-ci s’engage dans une transition rapide des énergies fossiles vers les énergies renouvelables – et 90 % de ces personnes proviennent de pays producteurs de combustibles fossiles!

Dirigé par le Programme des Nations Unies pour le développement et l’Université d’Oxford, le People’ Climate Vote 2024 – la plus grande enquête indépendante au monde sur les changements climatiques – a sondé l’opinion des habitant.e.s de 77 pays, représentant 87 % de la population mondiale.

Selon cette enquête, 78 % de la population souhaiterait davantage de protection pour les personnes les plus vulnérables face aux phénomènes météorologiques extrêmes, et 79 % voudraient que les pays riches aident les pays pauvres à pallier les conséquences des changements climatiques. De plus, 81 % s’attendent à ce que leur pays assure la protection et la restauration de la nature.

Une majorité de la population comprend que la crise climatique est bien réelle et souhaite que ses dirigeant.e.s prennent les actions nécessaires pour y faire face.

De nombreux sondages ont révélé des résultats similaires, aussi bien aux États-Unis qu’au Canada. Récemment, un sondage Gallup a démontré qu’environ deux tiers de la population aux États-Unis s’inquiètent des changements climatiques. Même dans l’État de la Floride, pourtant considéré « conservateur », un sondage « a révélé que 90 % des répondant.e.s croient aux changements climatiques ». Le sondage réalisé par la Florida Atlantic University affirme, quant à lui, qu’à peu près 70 % de la population appuie les mesures prises par l’État et le gouvernement fédéral pour faire face aux changements climatiques.

Au Canada, un sondage réalisé l’an dernier avait démontré que 72 % de la population du pays s’inquiétait des changements climatiques (article en anglais). Les chiffres étaient supérieurs dans certaines provinces comme le Québec, avec 84 %, mais inférieurs en Alberta, avec 55 %.

Au-delà du désir d’atténuer une crise qui menace notre survie, de nombreuses raisons permettent d’expliquer le soutien du public en matière d’action climatique. En effet, la transition vers des énergies renouvelables réduit la pollution et les problèmes de santé connexes, dont la mort prématurée. Elle diminue également le contrôle monopolistique de l’énergie, ainsi que l’instabilité des prix et la hausse des coûts associés aux énergies issues du gaz, du pétrole et du charbon. Une transition créerait de l’emploi et stimulerait l’économie. Menée de la bonne façon, elle pourrait même aplanir les inégalités.

Mais alors, pourquoi n’en faisons-nous pas plus? Pourquoi tant de politicien.ne.s continuent de mettre de l’avant les intérêts de l’industrie polluante des combustibles fossiles au détriment de l’action climatique et de la volonté d’une majorité?

Les entreprises de combustibles fossiles versent des sommes d’argent considérables aux politicien.ne.s et aux causes politiques qui leur sont favorables.

Cela s’explique, entre autres, par le fait que de nombreuses personnes, notamment des membres de la classe politique, sous-estiment le soutien du public en faveur de l’action climatique. Une étude publiée dans Nature Communications a révélé que 80 à 90 % de la population états-unienne croyait que seulement 37 à 43 % des gens appuyaient les politiques climatiques, alors que les chiffres réels sont de 66 à 80 %.

Parmi les autres explications, on retrouve l’avidité, l’idéologie, la mésinformation et la désinformation entourant l’industrie des combustibles fossiles. Effectivement, les entreprises de combustibles fossiles versent des sommes d’argent considérables aux politicien.ne.s et aux causes politiques qui leur sont favorables.

En ce qui concerne l’idéologie, il reste difficile de comprendre qu’autant de personnes aux opinions « conservatrices » fassent un virage vers des positions anti-environnementales. Au tournant des années 90, certaines personnalités politiques, notamment l’ancienne première ministre du Royaume-Uni Margaret Thatcher, l’ex-président états-unien George H.W. Bush et le premier ministre canadien Brian Mulroney, défendaient les politiques climatiques et environnementales. Mais l’industrie des combustibles fossiles est venue modifier le débat politique en dissimulant, en niant et en minimisant les preuves de plus en plus nombreuses des perturbations climatiques anthropiques, certaines de ces preuves ayant été dévoilées par ses propres scientifiques (article en anglais).

Une majorité de la population comprend également que le problème, ce n’est pas un manque de solution, mais bien un manque de volonté politique.

Dans le contexte où la classe politique doit viser sa réélection à chaque période électorale, l’extraction et la vente de « ressources » représentent un moyen facile, bien qu’à court terme et à courte vue, de relancer l’économie – surtout dans des systèmes économiques qui récompensent le profit à tout prix, au détriment de la santé humaine et de l’environnement. La combustion inutile et massive de de gaz, de pétrole et de charbon, dont les réserves sont limitées, augmente peut-être le produit intérieur brut (PIB), mais c’est une manière dépassée de mesurer le progrès.

Bien que beaucoup de gens ne comprennent pas entièrement la science derrière le réchauffement climatique et ses conséquences de plus en plus terrifiantes, la plupart arrivent à constater que quelque chose ne tourne pas rond et que nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour surmonter la crise. Une majorité de la population comprend également que le problème, ce n’est pas un manque de solution, mais bien un manque de volonté politique.

Les personnes qui s’inquiètent des perturbations climatiques se comptent en beaucoup plus grand nombre que celles qui refusent d’agir… et nos rangs continuent de grossir! L’industrie des combustibles fossiles a eu son heure de gloire. Il est temps de passer à autre chose. La population détient le pouvoir. Il faut l’utiliser!