OTTAWA, CANADA | TERRITOIRE TRADITIONNEL ET NON CÉDÉ DU PEUPLE ALGONQUIN ANISHINAABEG, le jeudi 25 avril 2024 – Des groupes canadiens demandent aux États membres des négociations de l’ONU d’écouter le plaidoyer sur les effets néfastes, voire mortels, de milliers de produits chimiques utilisés dans le plastique et de progresser sur cet élément dans le traité mondial sur le plastique, actuellement négocié à Ottawa cette semaine. Les groupes demandent également au gouvernement canadien de prendre des mesures immédiates pour protéger les communautés qui sont aux premières lignes et victimes de cette pollution.
113 organisations, groupes de la société civile et communautés de première ligne ont signé une lettre ouverte de solidarité avec la communauté Aamjiwnaang. Cette lettre, adressée au ministre canadien de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, demande au gouvernement fédéral de prendre des mesures immédiates pour garantir la fermeture de l’usine d’Ineos Styrolution à Sarnia, en Ontario, jusqu’à ce que la Première Nation Aamjiwnaang soit convaincue qu’Ineos Styrolution est capable et désireuse de répondre aux demandes de la communauté et de respecter les normes de qualité de l’air basées sur la santé.
La Première Nation Aamjiwnaang a tiré la sonnette d’alarme après que des membres de la communauté aient commencé à tomber malades en raison d’une exposition à des niveaux élevés de benzène, une substance chimique cancérigène. Les émissions de benzène provenant de l’usine de styrène voisine, Ineos Styrolution, à Sarnia (Ontario), dépassent fréquemment les normes de qualité de l’air. Le styrène est utilisé pour produire certains types de plastique.
La Fondation David Suzuki, Ecojustice, Oceana Canada et Environmental Defence, ainsi que l’Association canadienne des médecins pour l’environnement demandent que le traité mondial sur le plastique inclue :
- Une limitation de la production et de la consommation mondiales de plastique ;
- La transparence pour les produits chimiques toxiques utilisés et des restrictions pour les produits chimiques préoccupants ;
- L’interdiction mondiale des plastiques à usage unique non essentiels.
Les produits chimiques toxiques sont présents à chaque étape du cycle de vie du plastique – des émissions toxiques pendant la production, comme le benzène, aux produits chimiques toxiques présents dans certains de nos produits de plastique quotidiens, comme les substances per- et polyfluoroalkyliques (SPFA) utilisées dans certains contenants alimentaires, cosmétiques, textiles et produits de soins personnels.
Ces produits chimiques et microplastiques se retrouvent dans les océans, l’environnement, la faune et la flore et dans notre corps. Les additifs toxiques et les microplastiques sont liés à de graves troubles du développement neurologique, à des troubles de la reproduction, à l’asthme et à des cancers.
Janelle Nahmabin, conseillère élue de la Première Nation Aamjiwnaang, a déclaré :
« La Première Nation Aamjiwnaang souhaite travailler en collaboration avec les gouvernements afin de créer un avenir plus sain pour les générations à venir. La façon de penser des Anishinaabeg est de prendre en compte les sept générations à venir – c’est pourquoi nous sommes ici au CIN-4, pour faire partie de la solution au problème du plastique.
« Les peuples autochtones doivent participer activement à la conception et à la mise en œuvre du traité sur le plastique. Comme tout le monde, nous avons droit à un environnement sain et les résultats de ces négociations devraient inclure l’obligation de prévenir l’exposition aux substances dangereuses. Nous étions là avant l’industrie et avant le Canada. C’est notre maison que le Canada défend en notre nom. Gaawiin. »
Melissa Gorrie, responsable de la réforme du droit chez Ecojustice, a déclaré :
« À tous les stades de son cycle de vie, le plastique est un polluant omniprésent qui menace la santé humaine et l’environnement. Ces dommages ont un impact disproportionné sur la vie quotidienne des membres de la Première Nation d’Aamjiwnaang et des communautés autochtones du monde entier. Il s’agit d’une grave injustice qui exige des changements politiques et juridiques pour y remédier, y compris un traité solide sur le plastique qui stoppe la pollution plastique à la source en ciblant l’extraction et la production.
« Il est essentiel que tous les efforts visant à faire face à la crise de la pollution plastique – y compris le processus de traité sur le plastique – mettent l’accent sur la justice environnementale et incluent les peuples autochtones en tant que partenaires égaux dans la prise de décision. »
Sabaa Khan, directrice générale du Québec et de l’Atlantique et directrice des Solutions climatiques, Fondation David Suzuki, a commenté :
« Dans son état actuel, l’économie mondiale du plastique nuit gravement à la santé humaine et environnementale dans toutes les régions du monde, à travers les générations et à toutes les phases du cycle de vie du plastique. La sauvegarde du droit universel à un environnement sain dépend d’un traité ambitieux qui limitera la quantité de plastique produite. Mais l’industrie du plastique et des combustibles fossiles, qui privilégie les profits au détriment de notre santé collective et de la sécurité environnementale, met cet accord en péril si les gouvernements suivent le mouvement actuel. »
Dre Sehjal Bhargava, médecin résident en santé publique, médecine préventive et familiale, Association canadienne des médecins pour l’environnement, a déclaré :
« En médecine familiale, je traite des femmes enceintes, des nouveau-nés et des enfants de tous âges et de tous milieux dans une clinique communautaire du centre-ville d’Ottawa. Les enfants grandissent aujourd’hui dans un monde où le plastique est littéralement partout, y compris dans notre propre corps. Les microplastiques et les additifs toxiques sont liés à de graves troubles du développement neurologique, à des troubles de la reproduction, à l’asthme, à des cancers et à bien d’autres choses encore. Ces impacts et risques sanitaires peuvent augmenter ou diminuer en fonction des décisions prises aujourd’hui par les décideur.euse.s politiques. Les gouvernements peuvent autoriser les entreprises pétrochimiques à poursuivre cette expérience humaine ou prendre des mesures pour réduire la production de plastique et notre exposition à ces substances toxiques, une fois pour toutes. Le moment est venu. »
Karen Wirsig, gestionnaire principale du programme sur le plastique, Environmental Defence, a déclaré :
« La pollution plastique est une crise mondiale qui s’intensifie chaque jour puisque nous laissons la production et l’utilisation du plastique échapper à tout contrôle. Aamjiwnaang et d’autres communautés en première ligne de la pollution plastique ne peuvent pas se permettre de faire comme si de rien n’était et, pourtant, nous constatons que les intérêts commerciaux sont beaucoup trop présents dans les négociations alors que les Premières Nations n’ont pas de voix officielle. Cela ne peut plus durer. Nous surveillerons les pays qui se disent ambitieux, y compris le Canada. Nous avons besoin d’un traité fort et d’un engagement à prendre des mesures nationales sur le plastique tout au long de son cycle de vie. »
Anthony Merante, responsable de la campagne sur le plastique, Oceana Canada, a déclaré :
« L’impact du plastique sur nos océans est indéniable. Trop souvent, nous sommes confronté.e.s à des images et à des histoires bouleversantes de faune et de flore marines souffrant de l’ingestion de plastique et d’enchevêtrements. Nos paisibles promenades sur la plage sont perturbées par la vue des plastiques à usage unique qui s’échouent sur le rivage avec les vagues. Le problème ne s’arrête pas au littoral. Des microplastiques ont été trouvés dans les fruits de mer, se retrouvant dans nos assiettes et dans notre corps, et il a été démontré qu’ils affectent la santé humaine. Avec seulement 9 % du plastique recyclé dans le monde, le Canada doit faire preuve d’un leadership fort et mondial en adoptant une législation nationale et en prenant des mesures au niveau des entreprises pour mettre fin à la pollution plastique. »
Pour plus d’informations, veuillez contacter :
- Melanie Karalis, Fondation David Suzuki : mkaralis@davidsuzuki.org, 548 588 1279 Vaishali Dassani, Oceana Canada : vdassani@oceana.ca, 647 294 3335
- Zoryana Cherwick, Ecojustice : zcherwick@ecojustice.ca, 1-800-926-7744, poste 277
- Reykia Fick, Association canadienne des médecins pour l’environnement : media@cape.ca, 647-762-9168
- Lauren Thomas, Environmental Defence : media@environmentaldefence.ca, 647-687-2687
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