Ce mois-ci, la Fondation David Suzuki dresse le portrait du groupe membre du Réseau Demain le Québec, Vers un Val Vert. Situé entre Drummondville et Sherbrooke, ce comité citoyen du Val-Saint-François en Estrie est sensibilisé à la réalité agricole de la région. Il s’intéresse à diverses causes environnementales, notamment à la protection de l’eau, la consommation de produits locaux et le développement d’une agriculture à échelle plus humaine.
Son objectif? Rassembler les groupes citoyens et les populations des environs, ainsi qu’influencer la municipalité régionale de comté (MRC). En effet, celle-ci a davantage de moyens humains et financiers pour agir, comparativement à plusieurs petits villages de quelques milliers d’habitants.
« La majorité du territoire que l’on veut protéger se trouve dans de petits villages auxquels on ne s’intéresse presque pas. Pourtant, le territoire de la MRC fait dix fois l’île de Montréal et environ 30 000 personnes y vivent! Il y a de nombreux cours d’eau, des champs et des forêts. Notre territoire est souvent méconnu, donc il n’y a pas assez de sensibilité autour de ces éléments, » soutient l’un des membres du collectif, Pierre Avignon.
La majorité du territoire que l’on veut protéger se trouve dans de petits villages auxquels on ne s’intéresse presque pas. Pourtant, le territoire de la MRC fait dix fois l’île de Montréal et environ 30 000 personnes y vivent!
Historique et actions
Vers un Val Vert a démarré par une mobilisation en réaction à la multiplication des mégaporcheries dans les municipalités de la MRC au début de la pandémie. Toutefois, le comité citoyen agit désormais à titre préventif et ses intérêts englobent davantage d’enjeux environnementaux.
« Au départ, il y avait beaucoup de colère. Moi, ce que j’amenais, c’était d’utiliser cette colère pour la rendre davantage dans l’action, ainsi que d’apporter un amour pour l’environnement et notre région. Les forces vives de personnes qui ont à cœur la nature se sont mises ensemble et nous avons formé notre noyau, » souligne l’une des membres de Vers un Val Vert, Elyse Audet.
Au départ, il y avait beaucoup de colère. Moi, ce que j’amenais, c’était d’utiliser cette colère pour la rendre davantage dans l’action, ainsi que d’apporter un amour pour l’environnement et notre région.
Ses membres s’évertuent donc à influencer les normes régissant le schéma d’aménagement de la MRC, qui déterminera les possibilités futures relatives aux mégaporcheries, ainsi qu’à la protection de l’eau et des bandes riveraines, entre autres. La régulation des claims miniers et la protection des milieux humides font également partie de leurs préoccupations.
Par ailleurs, puisque le nombre de groupes citoyens et de gens qui sont impliqués dans la région reste méconnu, le collectif s’active à créer un bottin environnemental afin de faciliter les rencontres. En ce sens, des événements de réseautage ont été organisés, ainsi qu’une conférence sur les lacs et les cours d’eau avec l’océanographe Yannick Huot.
Lors du Jour de la Terre au mois d’avril dernier, environ vingt personnes et groupes régionaux à la tête de projets liés au recyclage du verre, aux boues d’épuration ou aux exploitations minières, par exemple, se sont également réunis. Cette occasion leur a permis de partager leurs expériences de mobilisations et de confronter les enjeux qu’ils ont rencontrés.
Défis et soutien
Compte tenu de la réalité agricole de la région, les revendications de Vers un Val Vert ont rencontré des réticences. « C’est un enjeu relationnel au sein d’une petite population de s’impliquer et de critiquer des pratiques agricoles, car ce sont des voisins et des voisines. Ce sont des gens qui vivent là depuis longtemps et qui travaillent fort, » explique Pierre Avignon.
Le groupe précise qu’il ne s’agit pas de s’opposer à l’agriculture en général, mais plutôt certaines pratiques, qui ont des effets néfastes allant parfois jusqu’à la dévitalisation des campagnes. En effet, les activités agricoles sont loin d’être homogènes.
À titre d’exemple, Pierre Avignon explique par exemple que l’industrie porcine est dominée par une poignée de producteurs et productrices de porc qui gèrent quasiment à distance des millions d’animaux. A contrario, les éleveurs et éleveuses de vaches laitières sont contraintes de respecter un quota maximum de vaches. La situation des producteurs maraîchers et productrices maraîchères est encore différente mais illustre bien cette hétérogénéité.
« Une des mégaporcheries contre laquelle on s’est battu a développé une production fortement automatisée sur un terrain non lié à un lieu d’habitation, alors que le nombre de petites fermes diminuent dramatiquement depuis plusieurs décennies » déplore-t-il.
Une des mégaporcheries contre laquelle on s’est battu a développé une production fortement automatisée sur un terrain non lié à un lieu d’habitation, alors que le nombre de petites fermes diminuent dramatiquement depuis plusieurs décennies.
Enfin, le collectif a été soutenu par la Corporation du développement communautaire de Richmond, ainsi que par d’autres groupes citoyens. D’ailleurs, l’année prochaine s’annonce prometteuse, puisque le collectif compte impliquer les Mères au front dans la MRC.
La réalisation de Chaises des générations est notamment prévue, visant à représenter et porter la voix des enfants lors des conseils municipaux. Le but? Rappeler aux élus et élues que le futur se dessine à travers les décisions qui sont prises aujourd’hui.