Le monde est en feu. Parfois, il semble que trop peu de gens s’en soucient.
Nous continuons à élire des gouvernements qui font le strict minimum pour lutter contre la crise climatique ou qui rejettent complètement les mesures nécessaires. Les véhicules utilitaires sport (VUS) et les camions sont omniprésents dans les rues des villes. Les gens continuent de prendre l’avion partout. Certains médias accusent d’hystérie, d’alarmisme ou d’exagération celles et ceux qui, depuis des décennies, mettent en garde contre l’augmentation constante des effets du réchauffement planétaire.
L’industrie, les gouvernements et les banques continuent de soutenir et de développer des projets de charbon, de pétrole et de gaz, malgré l’existence de possibilités d’énergie renouvelable moins coûteuses. Pourtant, les recherches montrent que nous ne pouvons pas continuer à extraire et à brûler des combustibles fossiles si nous voulons éviter les conséquences de plus en plus graves du dérèglement climatique.
les recherches montrent que nous ne pouvons pas continuer à extraire et à brûler des combustibles fossiles si nous voulons éviter les conséquences de plus en plus graves du dérèglement climatique.
Malgré les accords et les objectifs mondiaux, de nombreuses personnes préfèrent continuer comme d’habitude, espérant échapper aux pires conséquences pendant quelques années de plus, ou refusant de croire que quelque chose de désastreux se produira au cours de leur vie. C’est pourquoi il est important pour ceux et celles d’entre nous qui sont conscient.e.s du problème de prendre la parole.
Si le ciel enfumé et les évacuations ne suffisent pas à convaincre les gens que la crise climatique est réelle et coûteuse, les compagnies d’assurance s’en chargeront peut-être. Alors que les feux de forêt ravagent le Canada, les États-Unis, l’Australie, l’Europe et d’autres pays, et que les inondations et l’élévation du niveau de la mer érodent les côtes et détruisent des habitations dans le monde entier, les assureurs s’en rendent compte.
Au Canada, les demandes d’indemnisation pour événements climatiques extrêmes ont plus que quadruplé au cours des 15 dernières années. Les compagnies d’assurance s’attendent à verser plus de 2 milliards de dollars canadiens chaque année pour les sinistres liés aux catastrophes, et ce montant ne cesse d’augmenter. À lui seul, l’incendie de Fort McMurray en 2016 est estimé avoir coûté environ 9 milliards de dollars, pour la lutte contre le feu, les évacuations, les fermetures d’industries et les dommages aux habitations et aux entreprises.
Aux États-Unis, deux grandes compagnies d’assurance ont cessé de proposer de nouvelles polices d’assurance habitation en Californie, en partie à cause de « l’augmentation rapide de l’exposition aux catastrophes ». Les augmentations de la fréquence et de l’intensité des ouragans, des incendies de forêt et des inondations ont fait qu’il est devenu difficile d’assurer les habitations en Floride, au Texas, au Colorado, en Louisiane et dans l’État de New York.
Les compagnies d’assurance s’attendent à verser plus de 2 milliards de dollars canadiens chaque année pour les sinistres liés aux catastrophes, et ce montant ne cesse d’augmenter.
Même lorsque l’assurance est disponible, les tarifs augmentent souvent de manière vertigineuse, ce qui fait qu’un nombre croissant de propriétaires n’ont pas les moyens de s’assurer. Comme de nombreuses banques ne proposent pas de prêts hypothécaires sans assurance habitation, les marchés de l’accession à la propriété et de l’immobilier sont perturbés. De nombreuses compagnies d’assurance n’ont plus les moyens de rester en activité.
La situation s’aggravera si nous ne faisons pas tout ce qui est possible pour lutter contre le dérèglement climatique. Début juin, près de 10 millions d’acres avaient déjà brûlé à travers le Canada. Normalement, seulement 600 000 acres auraient brûlé à ce moment-là, généralement dans une seule partie du pays. Quoique de nombreux incendies soient déclenchés par des feux de camp, des mégots de cigarettes jetés sans précaution ou la foudre, les changements climatiques provoquent des conditions plus chaudes, plus venteuses et plus sèches, des étés plus longs, une diminution de la couverture neigeuse et une augmentation des impacts de la foudre – autant d’éléments qui augmentent la fréquence et l’intensité des incendies.
L’augmentation des incendies de forêt contribue aussi au réchauffement climatique. Les forêts sont des « puits de carbone » parce que les arbres et les plantes absorbent et stockent le carbone de l’atmosphère grâce à la photosynthèse. Lorsqu’elles brûlent, le carbone est libéré dans l’atmosphère et les forêts brûlées ne stockent plus le carbone. En 2017 et 2018, les feux de forêt en Colombie-Britannique ont émis plus de gaz à effet de serre que tous les autres secteurs réunis.
La meilleure solution consiste à faire tout ce qui est possible pour arrêter et inverser le dérèglement climatique en abandonnant les combustibles fossiles et en protégeant les puits de carbone tels que les forêts.
La meilleure solution consiste à faire tout ce qui est possible pour arrêter et inverser le dérèglement climatique en abandonnant les combustibles fossiles et en protégeant les puits de carbone tels que les forêts.
Il est également important de trouver des solutions à court terme pour prévenir les incendies de forêt et pour s’adapter à l’augmentation des feux de forêt. Une réponse peut se trouver dans les connaissances et les méthodes que les peuples autochtones ont depuis longtemps utilisées. En avril, des membres de la Première Nation ʔaq’am, dans le sud-est de la Colombie-Britannique, ont travaillé avec le Service de la faune de la Colombie-Britannique et d’autres pour réaliser un « brûlage dirigé » – mettant en place des feux intentionnels pour éliminer les branches basses et les arbustes morts qui peuvent contribuer à la propagation des feux de forêt.
Bien que le brûlage dirigé comporte ses propres risques, il est en train d’être adopté dans de nombreuses juridictions. D’autres méthodes de création de zones tampons et de coupures autour des établissements humains peuvent aussi réduire le risque de dommages causés par les feux de forêt aux habitations et aux biens. L’utilisation de matériaux de construction plus résistants au feu est également nécessaire, tout comme l’amélioration des ressources et des protocoles d’intervention en cas d’urgence.
Mais en fin de compte, si nous ne prenons pas la crise climatique au sérieux et si nous n’utilisons pas toutes les solutions déjà disponibles et émergentes, alors nous verrons davantage d’incendies, d’inondations et d’événements météorologiques extrêmes. L’augmentation des coûts touchera tout le monde, des communautés marginalisées et éloignées, aux propriétaires immobiliers, jusqu’à la société dans son ensemble. Nous ne pouvons plus nous permettre un changement graduel. Nous manquons de temps et les avertissements de la nature deviennent de plus en plus pressants.