Toutes les personnes qui font attention à ce qui se passe dans le monde savent que la combustion du charbon, du pétrole et du gaz a créé une crise qui menace notre survie. Les preuves scientifiques – dans des domaines tels que la physique, la géographie, l’océanographie, la météorologie, la chimie, la biologie et bien d’autres – sont irréfutables. Toutes les grandes institutions scientifiques et les gouvernements nationaux le confirment.
Pourtant, de nombreuses personnes continuent de nier ou de minimiser le problème. Les rédacteur.rice.s des principaux médias se plaignent de « l’alarmisme » climatique, sans se rendre compte que si vous n’êtes pas alarmé.e par ce qui se passe, c’est que vous ne faites pas attention.
Une minorité décroissante du public préfère croire la propagande de l’industrie plutôt que la science réelle, mais il s’agit souvent de personnes qui ne sont pas suffisamment éduquées ou familiarisées avec la pensée critique, ou qui ont peur du changement. D’autres comprennent le risque, mais préfèrent l’ignorer.
À propos de ces derniers, l’activiste écologiste Greta Thunberg a déclaré : « À vous, les personnes, qui choisissez de détourner le regard chaque jour parce que vous semblez plus effrayé.e.s par les changements qui peuvent empêcher des changements climatiques catastrophiques que par les changements climatiques catastrophiques eux-mêmes : Votre silence est la pire des choses ».
La peur et l’ignorance peuvent être en partie pardonnées. Mais qu’en est-il des personnes qui savaient, et savent toujours, que la surchauffe de la planète avec des combustibles fossiles et la destruction des systèmes naturels qui maintiennent l’équilibre du cycle du carbone auront des conséquences néfastes pour l’humanité – mais qui ne disent ou ne font rien, ou qui dissimulent ce qu’elles savent, au nom du profit?
Une minorité décroissante du public préfère croire la propagande de l’industrie plutôt que la science réelle
Des documents et des études récemment révélés montrent que le géant pétrolier Exxon savait dès les années 1970 que l’utilisation de ses produits entraînerait un réchauffement de la planète. D’autres organisations de l’industrie pétrolière étaient au courant dès les années 1950. Les recherches (en anglais) montrent que les projections des propres scientifiques d’Exxon, qui ont débuté dans les années 1970, étaient étonnamment précises : la combustion du charbon, du pétrole et du gaz entraînerait un réchauffement d’environ 0,2 °C par décennie.
« Nous avons maintenant la preuve irréfutable qu’ils ont prédit avec précision le réchauffement des années avant de commencer à attaquer la science », a déclaré Geoffrey Supran, qui a dirigé l’étude menée par l’Université de Harvard et l’Institut de recherche de Potsdam sur les effets des changements climatiques.
Au lieu de lancer des avertissements urgents et de se détourner d’un modèle commercial que le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qualifie « d’incompatible avec la survie de l’humanité », les dirigeant.e.s d’Exxon ont consacré d’énormes ressources à minimiser, discréditer et nier les recherches de leurs propres scientifiques et d’autres. En 2013, Rex Tillerson, alors PDG d’Exxon, qui a ensuite occupé le poste de secrétaire d’État sous le président américain Donald Trump, a affirmé que les modèles climatiques n’étaient « pas compétents ».
Natalie Mahowald, climatologue à l’université Cornell, a déclaré au Guardian que les retards provoqués par la désinformation ont eu des « implications profondes », car les connaissances qu’ils et elles ont dissimulées auraient pu déclencher un passage beaucoup plus rapide aux énergies renouvelables.
les retards provoqués par la désinformation ont eu des « implications profondes »
Aujourd’hui, tout le monde est touché : des dômes de chaleur aux rivières atmosphériques, des inondations aux sécheresses, des crises migratoires aux conflits mondiaux, les conséquences augmentent chaque jour dans toutes les régions du monde. La situation ne fera qu’empirer, car nous atteignons des points critiques qui pourraient déclencher des changements irréversibles.
Pour ne citer qu’un exemple parmi tant d’autres, la glace du Groenland, qui a contribué à maintenir la fraîcheur de la planète, fond rapidement alors que le pays atteint des températures moyennes plus élevées que depuis au moins 1 000 ans.
Cela pourrait ajouter plus de 50 centimètres à l’augmentation du niveau de la mer d’ici la fin du siècle!
Bien qu’il devienne impossible pour les dirigeant.e.s de l’industrie de nier ce que la science et l’observation confirment, ils et elles ont trouvé d’autres moyens de continuer à faire rentrer l’argent. Elles et ils continuent de prétendre que nous aurons besoin de leurs produits pendant des décennies et que nous « ne pouvons pas changer du jour au lendemain », même s’ils et elles nous ont empêché.e.s d’entamer la transition nécessaire qui aurait dû commencer il y a des décennies.
Et, comme les conséquences de la combustion du charbon et du pétrole sont incontestables, elles et ils ont commencé à vanter le gaz « naturel » (qui est presque entièrement composé de méthane, un puissant gaz à effet de serre) comme un combustible « vert ». Le Washington Post a récemment révélé comment des groupes « d’argent noir », liés à l’industrie des combustibles fossiles, ont convaincu les législateur.rice.s américain.e.s d’adopter une législation redéfinissant le gaz fossile comme « vert ».
L’Empowerment Alliance et l’American Legislative Exchange Council (tous deux financés de manière anonyme) s’efforcent d’amener les États à renoncer aux exigences en matière d’énergie renouvelable ou à rebaptiser le gaz comme étant « propre ».
Ça suffit. Nous avons déjà perdu trop de temps, trop de ressources précieuses et trop de vies seulement pour enrichir des gens qui se soucient peu, voire pas du tout, de tout ce qui les dépasse. Il est temps de tenir l’industrie responsable et de mettre fin à l’ère des combustibles fossiles! Un avenir plus propre est possible.