MONTRÉAL | TERRITOIRE TRADITIONNEL KANIEN’KEHÁ:KA NON-CÉDÉ, le lundi 21 novembre 2022 – La COP27 s’est conclue par une entente historique et sans précédent en matière de coopération internationale sur le climat, mais les négociations ont été marquées par de profonds clivages entre les pays les plus responsables des changements climatiques et ceux les moins responsables, qui sont pourtant les plus touchés.

Si la création d’un nouveau fonds pour les pertes et préjudices constitue une avancée historique, le refus des États de souligner la nécessité d’une élimination progressive de tous les combustibles fossiles aura pour effet d’amplifier les désastres climatiques subis par les populations les plus affectées par les changements climatiques.

La Fondation espérait que le Canada annonce l’arrêt de l’expansion des combustibles fossiles, un plafonnement des émissions des industries du pétrole et du gaz et l’instauration d’un impôt spécial sur les bénéfices de l’industrie des hydrocarbures. Malheureusement, aucune de ces mesures cruciales n’a été annoncée.

Les progrès les plus significatifs concernent l’article 8, qui traite du financement des pertes et dommages et du soutien aux pays qui souffrent le plus.

« Les pertes et dommages étant inscrits à l’ordre du jour officiel pour la toute première fois, il s’agissait d’une occasion parfaite pour les principaux responsables de la crise climatique de démontrer leur engagement envers la justice climatique en soutenant les appels de longue date des pays en développement en faveur d’un mécanisme de financement des pertes et préjudices dans le cadre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques », a déclaré Sabaa Khan, directrice générale de la Fondation David Suzuki pour le Québec et l’Atlantique. « Alors que les Parties doivent maintenant négocier la gouvernance et l’opérationnalisation du fonds pour les pertes et préjudices, il est impératif de s’assurer que ce processus est basé sur le principe d’équité inscrit dans la CCNUCC, et que le financement des pertes et préjudices est dirigé par une approche fondée sur les droits de la personne, avec de réels avantages pour les communautés aux premières lignes de la crise climatique. »

L’intégration du droit à un environnement propre, sain et durable dans le préambule du plan de mise en œuvre de Charm el-Cheikh explicite le lien entre le régime international de lutte contre les changements climatiques et les droits de la personne en matière d’environnement, mais le langage relatif aux solutions fondées sur la nature est beaucoup plus faible, référant uniquement aux « garanties sociales et environnementales pertinentes ». La décision souligne également l’importance d’accélérer le déploiement des énergies renouvelables, mais les références aux énergies « à faibles émissions » et à la « diversification des combinaisons et des systèmes énergétiques » laissent la porte ouverte à l’écoblanchiment et aux fausses solutions climatiques qui augmenteront inévitablement les émissions de gaz à effet de serre. Même si la décision met explicitement l’accent sur les approches transformationnelles mondiales nécessaires en matière d’adaptation et de financement, ce n’est pas le cas pour l’atténuation.

« Bien que des avancées importantes ont vu le jour à la COP27, les progrès accomplis sont sans commune mesure avec ce dont on aurait besoin pour garantir l’équité planétaire actuelle et intergénérationnelle. Si le Canada veut être pris au sérieux dans sa lutte aux changements climatiques, cela commence à la maison. Il doit adopter d’ambitieuses politiques domestiques de réduction de gaz à effet de serre et cesser d’être à la merci du lobby pétrolier et gazier. Urgemment. » affirme Charles Bonhomme, Responsable affaires publiques et communications à la Fondation David Suzuki.

De plus, la COP27 n’a pas accordé la priorité aux voix autochtones dans l’élaboration des résultats. Selon Indigenous Climate Action, d’importantes réserves ont été soulevées par les peuples autochtones du monde entier dont les droits et les savoirs continuent d’être mis à l’écart des discussions sur le financement des solutions climatiques et des négociations officielles.

« Après des décennies à éviter la question des pertes et préjudices malgré le militantisme acharné des sociétés civiles des pays les plus affectés, la création d’un fonds marque une étape historique. Mais comme l’a dit Sitting Bull, “l’argent ne se mange pas”. Particulièrement pour les jeunes et les générations futures, l’urgence est à limiter l’ampleur des dégâts en abandonnant les énergies fossiles pour maintenir autant que possible l’équilibre terrestre, sans quoi la planète sera invivable. » affirme Albert Lalonde, militant-e étudiant-e pour la justice climatique et chargé-e de projet à la Fondation David Suzuki.

La Fondation continuera à plaider pour la justice climatique et à pousser le Canada à assumer sa responsabilité historique en matière de changements climatiques.

« Nous pousserons le gouvernement fédéral à rendre des comptes sur son travail contradictoire sur le climat qui favorise l’expansion de l’industrie des hydrocarbures au détriment de la protection des droits humains et de la santé mondiale. Nier la nécessité de réduire la production de combustibles fossiles, c’est ignorer les obligations du Canada, en vertu du droit international, de prévenir d’autres dommages climatiques prévisibles. La science est claire, les approches transformationnelles et fondées sur l’équité pour l’élimination progressive de tous les combustibles fossiles doivent être au premier plan des efforts nationaux si l’on veut que les jeunes générations prospèrent », a déclaré Sabaa Khan.

– 30 –

Pour toute question ou demande d’entrevue, veuillez contacter :

Charles Bonhomme, 438 883-8348 | cbonhomme@davidsuzuki.org

Cyrielle Maison, 514 444-8119 | cmaison@davidsuzuki.org