L’une des façons les plus rapides, rentables et abordables pour ralentir le réchauffement climatique est la réduction des émissions de méthane. Même si le méthane est un gaz à effet de serre beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone, il reste dans l’atmosphère moins longtemps.
Le méthane est environ 85 fois plus puissant que le CO2 sur une période de 20 ans, mais il s’élimine de l’atmosphère par oxydation en 12 ans environ. Le CO2 peut demeurer dans l’atmosphère pendant des dizaines de milliers d’années, donc son effet de serre se poursuit bien longtemps après la réduction ou l’élimination des émissions. Lorsque plus de méthane est relâché dans l’atmosphère que celui qui est éliminé, il contribue aux changements climatiques.
Depuis l’ère préindustrielle, le méthane est responsable d’au moins le tiers du réchauffement planétaire et il est également une source principale de pollution par ozone troposphérique, qui est la cause d’au moins un million de décès précoces chaque année.
Plus de 60 % du méthane est produit par les activités humaines, principalement par le secteur agricole et celui de la production et la distribution de pétrole et de gaz, par les sites d’enfouissement et par la combustion de biogaz. Les milieux humides, le pergélisol, les feux de forêt et les termites sont des sources naturelles de méthane. Les niveaux atmosphériques de méthane ont augmenté de plus de 150 % depuis le début de l’industrialisation et de l’agriculture intensive, et la hausse se poursuit.
Lorsque plus de méthane est relâché dans l’atmosphère que celui qui est éliminé, il contribue aux changements climatiques.
Même si un bon pourcentage des émissions anthropiques de méthane proviennent de l’agriculture, ce gaz se trouve tout d’abord sous forme de dioxyde de carbone atmosphérique, lequel est capturé par les plantes au moyen de la photosynthèse pour ensuite être le plus souvent relâché en tant que méthane par les animaux qui ingèrent les plantes. Par contre, les émissions de méthane produites par les combustibles fossiles proviennent des profondeurs de la terre où elles étaient stockées à l’abri de l’atmosphère pendant des millions d’années.
Peu importe la source, il est essentiel d’empêcher qu’un excès de méthane se retrouve dans l’atmosphère si on veut résoudre la crise climatique et réduire la pollution. Il existe plusieurs méthodes pour y arriver et leur résultat est rapide. Malheureusement, comme c’est le cas pour beaucoup de solutions climatiques, elles se heurtent à la résistance de l’industrie.
Selon le Programme des Nations Unies pour l’environnement, « les émissions de méthane d’origine humaine pourraient être réduites de 45 % au cours de la décennie. Cela permettrait d’éviter un réchauffement climatique de près de 0,3 °C d’ici à 2045, contribuant ainsi à limiter la hausse de la température mondiale à 1,5 °C et mettant la planète sur la voie des objectifs de l’Accord de Paris » et cela « permettrait également d’éviter 260 000 décès prématurés, 775 000 visites à l’hôpital liées à l’asthme, 73 milliards d’heures de travail perdues en raison de la chaleur extrême et 25 millions de tonnes de pertes de récoltes. »
Les émissions de méthane d’origine humaine pourraient être réduites de 45 % au cours de la décennie.
Les solutions agricoles sont variées, de l’amélioration de l’alimentation du bétail et des pratiques culturales au passage à une alimentation à base de plante et d’autres sources de protéines chez les humains.
Dans le cas des combustibles fossiles, la meilleure solution est de remplacer rapidement le charbon, le pétrole et le gaz par de l’énergie renouvelable, sans oublier l’adoption de mesures d’efficacité et de conservation de l’énergie. La réduction des fuites des mines de charbon, la diminution de la production pétrolière et gazière et des pipelines, et la récupération et l’utilisation du méthane provenant de ces activités sont des solutions à court terme.
Mais nous faisons le contraire. Les émissions de méthane ont rapidement augmenté au cours des 15 dernières années, et ont atteint des niveaux records en 2021. Une étude récente montre que, au fur et à mesure que les émissions de méthane augmentent dans l’atmosphère, son élimination diminue, en partie à cause de l’augmentation des feux de forêt qui ont une incidence sur la capacité de l’hydroxyle à le décomposer.
À mesure que la planète se réchauffe, le pergélisol fond et relâche aussi du méthane. Et au lieu de ralentir la production des combustibles fossiles, l’industrie et les gouvernements l’ont accélérée, surtout celle des gaz fossiles, qui portent souvent les noms trompeurs de « gaz naturel » et de « gaz naturel liquéfié » (GNL) – qui sont principalement du méthane. L’industrie est réticente à accepter la responsabilité des nombreuses fuites provenant des puits de pétrole et de gaz abandonnés et orphelins et à gérer les autres fuites.
Les émissions de méthane ont rapidement augmenté au cours des 15 dernières années, et ont atteint des niveaux records en 2021.
De plus, les gouvernements et l’industrie signalent de moins en moins les fuites de méthane, tout en soutenant et en promouvant l’expansion rapide du GNL.
En Alberta et ailleurs, les dirigeants de l’industrie exercent une pression politique à huis clos pour adoucir la réglementation liée à la surveillance et au signalement des fuites. Et malgré le plan de la Colombie-Britannique d’augmenter les taux de redevances et de réduire certains crédits d’impôt offerts aux projets d’exploitation de GNL, le gouvernement soutient entièrement l’industrie. L’Union européenne envisage même d’étiqueter certains gaz fossiles « vert », malgré l’opposition.
La pression pour maintenir et accroître la dépendance aux gaz fossiles (qui sont obtenus en général par la fracturation hydraulique ou « hydrofracturation ») cause également une instabilité géopolitique mondiale.
Il est temps de contrôler les émissions de méthane et de mettre au pas l’ensemble de l’industrie des combustibles fossiles. Réduire le méthane dans l’atmosphère offrira des avantages rapides pour le climat et la santé humaine.