Les investissements climatiques et historiques dans l’électrification et l’efficacité énergétique sont compromis par de nouvelles subventions massives aux combustibles fossiles.

MONTRÉAL | TERRITOIRE TRADITIONNEL ET NON CÉDÉ DE LA PREMIÈRE NATION KANIEN’KEHÁ:KA, 7 avril 2022 – Le budget fédéral déposé aujourd’hui rate une occasion importante de respecter la promesse électorale du gouvernement d’éliminer progressivement le financement public des combustibles fossiles. Au lieu de cela, un nouveau crédit d’impôt à l’investissement pour le captage et le stockage du carbone mettra 2,6 milliards de dollars dans les poches des sociétés pétrolières et gazières au cours des cinq prochaines années seulement. En investissant massivement dans les technologies de capture et de stockage du carbone, le gouvernement fédéral parie l’avenir du Canada sur un outil qui n’a pas fait ses preuves et qui s’avère sous-performant.

«Le budget d’aujourd’hui contient des investissements très positifs dans l’action climatique, mais il y a une contradiction inhérente à offrir un crédit d’impôt gigantesque aux entreprises qui alimentent la crise climatique », a déclaré Sabaa Khan, responsable de l’équipe climat et directrice générale pour le Québec et l’Atlantique à la Fondation David Suzuki. « Combien d’autres « alertes rouges » les scientifiques du monde doivent-ils nous donner avant que nous changions de direction et que nous fassions les investissements nécessaires pour vraiment positionner le Canada comme un leader dans l’économie imminente et impérative de l’énergie propre?»

À partir de cette année, les entreprises de combustibles fossiles pourront demander un crédit d’impôt pour l’investissement inefficace dans les technologies de captage, d’utilisation et de stockage du carbone. Les entreprises – qui engrangent déjà des bénéfices exceptionnels en raison du prix élevé du pétrole – pourront amortir 50 % des coûts des projets admissibles. D’ici 2026, cette subvention du CUSC coûtera aux contribuables 1,5 milliard de dollars par an.

« Il n’y a aucune raison pour que les contribuables paient la facture des efforts tardifs des entreprises de combustibles fossiles pour assainir leur comportement alors qu’elles accumulent des profits excessifs », a déclaré Tom Green, conseiller principal en politique climatique de la Fondation. « Contrairement à ce que le lobby pétrolier et gazier voudrait nous faire croire, le captage du carbone est une technologie qui, selon le récent rapport du GIEC, est coûteuse et ne présente que peu d’avantages pour le climat. Ces technologies prendront trop de temps pour être développées à grande échelle et détourneront l’attention et les investissements publics dans les technologies ayant fait leur preuve pour réduire rapidement les émissions, comme les énergies renouvelables. »

Heureusement, le budget prévoit également des investissements majeurs dans l’action climatique et la protection de l’environnement, notamment :

  • Près de 900 millions de dollars pour l’électricité propre, notamment un soutien à la transmission interprovinciale d’électricité et à l’expansion des énergies renouvelables (même si, malheureusement, une partie de l’argent sera siphonnée pour subventionner les petits réacteurs nucléaires modulaires);
  • 350 millions de dollars pour des bâtiments et des maisons plus écologiques et 458,5 millions de dollars de plus que les 4,4 millions de dollars annoncés dans le budget de 2021 pour des logements abordables et plus écologiques;
  • Près d’un milliard de dollars pour étendre les infrastructures de recharge des véhicules électriques;
  • 1,7 milliard de dollars sur cinq ans pour prolonger le programme d’incitation des consommateurs de Transports Canada afin de rendre les véhicules à émission zéro plus abordables;
  • 547,5 millions de dollars sur quatre ans pour lancer un nouveau programme d’incitation à l’achat de VZE de poids moyen et lourd;
  • Une augmentation du financement pour les agents des pêches et l’équipement nécessaire pour surveiller et faire respecter la protection des océans;
  • Un financement supplémentaire pour la protection et la restauration des prairies et des tourbières essentielles à la biodiversité et à la résilience climatique;
  • 183 millions de dollars pour réduire les déchets plastiques et accroître la circularité du plastique;
  • 50 millions de dollars pour protéger les forêts anciennes de la Colombie-Britannique.

« Il est encourageant de voir que ce budget offre un soutien continu à la restauration de la nature pour leurs propres valeurs et pour aider à lutter contre la crise climatique », a déclaré Jay Ritchlin, responsable de l’équipe nature et directeur général pour l’Ouest canadien à la Fondation David Suzuki. « Chaque budget doit être un budget pour le climat, la nature et la réconciliation. »

La Fondation David Suzuki est membre de longue date de la Coalition du budget vert, et soutient pleinement l’adoption de plusieurs des recommandations de la coalition pour le budget 2022 dans l’annonce budgétaire d’aujourd’hui.

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Charles Bonhomme, Fondation David Suzuki | cbonhomme@davidsuzuki.org