Un rapport confirme que le monde n’est toujours pas en mesure de limiter le réchauffement de la planète à des niveaux sûrs (1,5 °C) au cours de ce siècle, et que les émissions mondiales doivent atteindre un pic d’ici 2025 pour y parvenir.
MONTRÉAL | TERRITOIRE TRADITIONNEL ET NON CÉDÉ DE LA PREMIÈRE NATION KANIEN’KEHÁ:KA, 4 avril 2022 – Selon un rapport publié aujourd’hui par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les gouvernements, les entreprises, l’industrie et les institutions financières doivent considérablement améliorer leur jeu si l’on veut éviter que le monde ne se réchauffe de plus de 2 °C (idéalement 1,5 °C) au cours de la prochaine décennie.
Ce rapport, consacré à l’atténuation des changements climatiques, est la troisième partie du sixième rapport d’évaluation du GIEC, qui en compte quatre. Rédigé par des centaines de scientifiques et basé sur 18 000 articles scientifiques, celui-ci indique que les plans climatiques nationaux existants nous feront largement dépasser l’objectif de l’accord de Paris et que, « si les émissions de CO2 se poursuivent au rythme actuel, nous épuiserons le budget carbone restant de 1,5 °C au début des années 2030 ». Le rapport montre également que, chaque année, le monde ajoute plus d’infrastructures à forte intensité de carbone qu’il n’en désactive.
« L’humanité n’a jamais été mieux équipée technologiquement et financièrement pour décarboniser nos économies et renforcer la résilience mondiale. Nous avons toutes les solutions nécessaires – nous ne les mettons simplement pas en œuvre assez rapidement », a déclaré Sabaa Khan, directrice générale de la Fondation David Suzuki pour le Québec et l’Atlantique et responsable de l’équipe climat. « Ce rapport est clair : les prochaines années sont cruciales pour mettre fin aux flux financiers qui sont incompatibles avec l’objectif de 1,5 °C de l’accord de Paris. Le Canada doit donner suite à ce rapport du GIEC en fixant un plafond ambitieux pour les émissions de pétrole et de gaz. »
Alors que tous les pays doivent se décarboniser, par habitant, les 1 % les plus riches du monde émettent plus de deux fois la part combinée des gaz à effet de serre des 50 % les plus pauvres. Des activités telles que les vols aériens et la conduite de VUS, qui émettent beaucoup mais ne profitent qu’à quelques-uns, contribuent à ce déséquilibre. Pour limiter le réchauffement de la planète à 1,5 °C, il faudra s’attaquer aux émissions des 10 % de ménages les plus riches, qui sont à l’origine de 36 à 45 % des émissions mondiales.
Le GIEC indique que les réductions d’émissions nécessaires pour rester en deçà de l’objectif de 1,5 °C sont quatre fois supérieures à ce qu’elles auraient été si l’ambition et l’atténuation collectives au niveau mondial avaient commencé en 2010, ce qui souligne la nécessité d’agir rapidement. Il note également que, si le dioxyde de carbone est le plus préoccupant, les émissions de méthane (en grande partie sous forme de gaz « naturel ») et d’oxyde nitreux doivent également diminuer rapidement. Bien que le GIEC estime que le captage et l’élimination du carbone – par des méthodes naturelles comme la protection et la plantation de forêts et par des technologies comme le captage direct dans l’air – sont nécessaires, ceux-ci s’accompagnent de compensations, et les solutions technologiques sont souvent considérées comme des excuses pour retarder la réduction des émissions.
« Il est clair que nous devons rapidement mettre fin au développement du charbon, du pétrole et du gaz et ne plus construire de nouvelles infrastructures », a déclaré Tom Green, conseiller principal en matière de politique climatique de la Fondation. « L’expansion de la production de sables bitumineux, de gaz de fracturation et la construction de pipelines de combustibles fossiles nous font avancer dans la mauvaise direction. Les solutions technologiques comme la capture et le stockage du carbone ne peuvent pas servir d’excuses pour tergiverser. »
Le rapport présente de nombreux moyens de prévenir les pires impacts des changements climatiques – de l’électrification de l’énergie mondiale à l’aide d’énergies renouvelables et du stockage, en passant par l’augmentation du financement des énergies propres et l’élimination rapide des combustibles fossiles et de leurs infrastructures – mais il insiste sur la nécessité d’agir rapidement.
« Au rythme où va le monde, nous ferons plus que doubler notre objectif de 1,5 °C », a déclaré Sabaa Khan. « Le Canada doit prendre ce rapport au sérieux. Malgré le nouveau plan de réduction des émissions du gouvernement fédéral, les émissions des sables bitumineux devraient augmenter de 56 % d’ici 2030. Cette situation n’est pas viable. »
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Brendan Glauser, Fondation David Suzuki | bglauser@davidsuzuki.org