Nourrir huit milliards de personnes entraîne d’énormes conséquences. Il en va de même pour la population toujours croissante d’animaux domestiques, aussi bien les animaux de compagnie que le bétail.
S’il existe de meilleures façons de nourrir les personnes, il en existe aussi de meilleures de nourrir les animaux. Dans certains cas, il vaudrait mieux ne pas élever ou garder d’animaux, mais dans d’autres, des solutions toutes simples pourraient réduire de façon considérable les dommages causés à l’environnement.
En ce qui a trait aux animaux d’élevage, poissons compris, nous devons revoir notre mode d’alimentation et celui des animaux que nous mangeons. Selon des recherches exhaustives, l’élevage d’animaux pour la viande, notamment les vaches et les moutons, crée des problèmes environnementaux de taille, du ruissellement de l’azote dans les cours d’eau aux émissions de gaz à effet de serre, dont le méthane.
Une étude de la Commission EAT-Lancet réalisée en 2019 a conclu « qu’une alimentation riche en plantes et contenant moins d’aliments d’origine animale confère de nombreux avantages à la fois pour la santé et pour l’environnement ». Selon cette étude, l’adoption d’un régime alimentaire plus végétal et l’amélioration des pratiques de production alimentaire contribueraient à réduire les conséquences négatives des changements climatiques, des modifications du système terrestre, de l’utilisation de l’eau douce, du cycle de l’azote et du phosphore, et de la perte de biodiversité.
Le méthane provenant du fumier de bétail et des « rejets gastro-intestinaux » (rots et gaz intestinaux) compte pour près de 32 % des émissions de méthane d’origine humaine.
À court terme, nous devons nous efforcer de réduire certaines conséquences de l’élevage d’animaux pour la nourriture. Nous pourrions notamment modifier leur alimentation. Le méthane provenant du fumier de bétail et des « rejets gastro-intestinaux » (rots et gaz intestinaux) compte pour près de 32 % des émissions de méthane d’origine humaine. Même si le méthane reste moins longtemps dans l’atmosphère que le dioxyde de carbone, il n’en demeure pas moins un polluant mortel qui, sur 20 ans, constitue un gaz à effet de serre jusqu’à 80 fois plus puissant.
Les chercheurs étudient des aliments composés ou enrichis de différents nutriments, des algues au canola, afin de réduire les flatulences chez les bovins et de trouver des façons de mieux traiter ou même utiliser le fumier, par exemple en le recouvrant, en le compostant ou en l’utilisant pour produire du biogaz. En incorporant simplement des algues rouges dans la diète de 20 bouvillons, les chercheurs de l’Université de Californie à Davis ont réduit les émissions de méthane de 80 pour cent. Toutefois, les critiques soulignent que cette solution ne règle pas le problème du volume bien plus important d’émissions provenant des bovins en pâturage.
L’alimentation peut également contribuer à résoudre un des effets environnementaux majeurs des animaux de compagnie et d’assistance. Les chats et les chiens en particulier, consomment beaucoup de viande. On estime que 8,2 millions de chiens de compagnie et 8,3 millions de chats au Canada et 80 millions de chiens et 60 millions de chats aux États-Unis consomment souvent des produits de viande de qualité relativement élevée. Les répercussions sont donc considérables.
Une étude a révélé que les chats et les chiens sont responsables de 25 à 30 % des effets environnementaux de la consommation de la viande aux États-Unis et de la création d’environ 64 millions de tonnes de dioxyde de carbone chaque année. Ils produisent également des millions de tonnes de déjections chaque année, dont une grande partie est envoyée à la décharge dans un emballage individuel, et dont certaines contaminent les cours d’eau par des bactéries, des virus et des parasites.
Une des solutions consiste à trouver une bonne source de protéines et d’autres nutriments essentiels produisant moins d’effets sur l’environnement.
Une des solutions consiste à trouver une bonne source de protéines et d’autres nutriments essentiels produisant moins d’effets sur l’environnement. Plusieurs entreprises, dont d’importantes sociétés comme Purina, propriété de Nestlé, commercialisent des aliments pour animaux de compagnie composés de protéines d’insectes. Hope, une entreprise ontarienne, utilise un mélange de protéines de mouches soldats noires, de pois chiches, de levure et d’algues.
J’ai déjà suggéré qu’il serait préférable de nourrir les saumons d’élevage d’insectes plutôt qu’avec d’autres poissons. Brad Marchant a entendu mes propos et a fondé Enterra (dans laquelle j’ai investi). Cette entreprise utilise des larves de mouches soldats noires pour nourrir les poissons et d’autres animaux. Faciles à élever, les larves sont riches en protéines, en calcium, en phosphore, en fer et en zinc. En les combinant aux autres ingrédients, on obtient un aliment pour animaux de compagnie plus sain que les produits à base de viande, moins dommageable pour l’environnement et générateur de retombées positives, dont le détournement des déchets pour nourrir les insectes.
Une étude réalisée en 2017 aux Pays-Bas a révélé que l’élevage d’insectes exige beaucoup moins de terres et d’eau que l’élevage de bétail, entraîne moins de gaz à effet de serre, présente une capacité élevée de transformation des aliments et produit un aliment utile pour les animaux terrestres ou les espèces aquatiques. Selon une entreprise américaine, un terrain d’un acre peut produire quelque 87 kg de bœuf par année ou 120 kg de volaille contre 29 480 kg de criquets ou 59 000 kg de larves de mouches soldats noires.
Les insectes sont aussi une source de protéines saine pour les êtres humains et pourraient graduellement être mieux acceptés chez nous.
Les crises interdépendantes du climat et de la biodiversité en sont à un point où nous devons adopter de nombreuses solutions. Changer la façon dont nous nourrissons les animaux que nous élevons peut changer les choses. Cela pourrait même améliorer la santé de nos compagnons animaux.