Une mobilisation mondiale en faveur d’une relance verte et juste post-pandémie exige une planification à court et à long terme. Tout d’abord, il faut cesser de subventionner le secteur des énergies fossiles qui pollue et perturbe le climat, et offrir de nouveaux débouchés aux travailleurs touchés par l’automatisation, les lois du marché et la pandémie.
Ce premier pas n’a pas été fait.
Selon une étude menée par un consortium de 14 organismes sur le site Energy Policy Tracker, le Canada a injecté plus de 12 milliards $ pour soutenir le secteur des combustibles fossiles depuis le début de la pandémie contre 2 milliards seulement pour les énergies propres. (Plus de 10 milliards $ versés sans condition aux énergies fossiles, contre seulement 260 millions versés sans condition aux énergies propres.)
Ces subventions affichent un écart plus grand que celles de l’ensemble des pays du G20, évaluées à 165 milliards $ pour les énergies fossiles contre 137 milliards $ pour les énergies propres.
Ces subventions peuvent prendre la forme d’allégements fiscaux, d’un assouplissement de la réglementation et des obligations de déclaration, d’investissements directs dans des infrastructures telles que les pipelines, etc.
Les dirigeants des entreprises de combustibles fossiles n’ont pourtant pas trop de mal à s’en sortir. Les actionnaires obtiennent peut-être de faibles rendements, mais de nombreux cadres supérieurs reçoivent des millions de dollars en primes « de performance » en plus de leurs généreux salaires.
Il ne s’agit pas seulement d’une question financière et économique. Les technologies propres créent des emplois plus nombreux et de meilleure qualité que l’industrie des combustibles fossiles. Soutenir ce nouveau secteur peut générer des solutions innovantes aux problèmes que nous avons créés en brûlant sans discernement pétrole, charbon et gaz.
Le renflouement d’un secteur qui aurait dû commencer à ralentir il y a des dizaines d’années n’est pas la bonne façon de renforcer la résilience collective face à la crise que connaissent le climat, la biodiversité et la santé.
Il faut soutenir les travailleurs déplacés en les aidant, entre autres, à se réorienter vers d’autres secteurs.
Il faut soutenir les travailleurs déplacés en les aidant, entre autres, à se réorienter vers d’autres secteurs. Même le financement d’une main-d’œuvre engagée pour nettoyer de nombreux puits de pétrole et de gaz orphelins disséminés dans tout le pays — comme le fait le gouvernement fédéral — constitue un bon début, bien que cette tâche doive revenir à l’industrie.
Comme le souligne un rapport de l’Institut international pour le développement durable, « Il faut soutenir les personnes sans emploi, sous-employées ou en situation de travail précaire ».
Les investissements dans les pipelines, les allégements fiscaux ou les assouplissements de la réglementation et des obligations de déclaration ne devraient plus faire partie de l’équation. Nous devons nous éloigner des énergies fossiles, et non en assurer l’omniprésence.
Lorsque nous voyons tout cet argent pompé dans un secteur dépassé et destructeur et le zèle avec lequel les autorités ici, aux États-Unis et ailleurs répriment les protestataires pacifiques et ceux qui défendent leurs terres tout en protégeant l’infrastructure de l’énergie fossile, on ne peut s’empêcher de penser que ce secteur a la main mise sur les gouvernements et d’autres volets de la société.
Selon le Guardian, une récente enquête américaine a révélé que de grandes sociétés pétrolières et gazières, des entreprises privées de services et des institutions qui financent les combustibles fossiles soutiennent des fondations de police qui recueillent des fonds pour la formation, les armes, l’équipement et les technologies de surveillance dans l’ensemble des États-Unis.
Depuis des dizaines d’années, les gens répètent sans cesse « qu’on ne peut pas sortir des énergies fossiles du jour au lendemain. » Mais, si nous ne commençons pas dès maintenant, nous allons manquer de temps.
Au Canada, le secteur des technologies propres a été particulièrement touché pendant la pandémie.
Alors que l’urgence climatique et la chute des prix et de la demande avaient mis en difficulté l’industrie des combustibles fossiles avant même la COVID-19, le secteur canadien des technologies propres a été particulièrement touché pendant la pandémie, car de nombreuses entreprises sont des jeunes pousses et des PME qui dépendent d’investisseurs.
Ce secteur, qui englobe les énergies renouvelables, les technologies de recyclage, les véhicules électriques et les stations de recharge, se portait bien avant la pandémie, mais l’augmentation des pertes d’emplois et de revenus le met aujourd’hui en danger.
Si les gouvernements veulent aider les entreprises canadiennes à se remettre de la pandémie, surtout celles du secteur énergétique, ils devraient se tourner vers l’avenir et non vers le passé. Le Canada pourrait être un leader de l’innovation au XXIe siècle plutôt que de persister à soutenir des industries en déclin que le monde entier s’accorde à vouloir éliminer rapidement pour éviter que le réchauffement climatique ne dépasse des niveaux catastrophiques.
Plus nous tarderons à sortir des combustibles fossiles, plus ce sera difficile.
La consommation insatiable nous a éloignés de notre vraie nature et des vraies expériences sources de joie, comme la compagnie des gens que l’on aime et la vie en plein air. Elle nous a poussés à faire des ravages dans l’atmosphère, les plans d’eau, les terres et tout ce qui fait de notre planète un espace habitable pour nous et les autres êtres vivants.
Nous traversons une période difficile, mais prometteuse. Nous pouvons et devons faire mieux.
DEMANDEZ À OTTAWA DE SOUTENIR UNE RELANCE VERTE ET JUSTE !
Traduction : Monique Joly et Michel Lopez