Ce dimanche, ça fera un an, jour pour jour, que nous avons marché ensemble pour le climat dans les rues de Montréal, à côté de Greta Thunberg. Nous étions un demi-million de personnes de tous âges, de tous parcours de vie, unies derrière une idée: préserver des conditions de vie dignes et justes pour l’ensemble du genre humain, en équilibre avec la nature de laquelle il dépendra toujours.
Ce dimanche, nous serons nombreux à marcher dans nos maisons, dans notre cour, ou sur les trottoirs de nos quartiers, en nous demandant ce qui arrivera avec la deuxième vague de covid. Comme nous y sommes habitués depuis le mois de mars, nous regarderons le présent avec prudence et l’avenir avec inquiétude. Nous nous souviendrons de ceux qui ont perdu la vie pendant cette épidémie, de ceux qui ont perdu leur emploi, de ceux qui ont souffert d’innombrables manières. Nous marcherons peut-être la tête ailleurs, dans le chagrin, dans l’impatience, dans les nuages ou dans les innombrables défis quotidiens que l’épidémie nous imposera encore. Ces pas mécaniques, peut-être insouciants, n’auront pas la même intention grandiose de changer l’Histoire qu’avaient ceux du 27 septembre 2019, mais plutôt celle, si simple et humaine, de survivre à l’Histoire pour la raconter.
Nous entendrons ces promesses, mais comme nous l’avons si bien compris depuis le début de la pandémie, nous demeurerons prudents, plus attentifs aux messages rigoureux de la science (souvent décevants parce qu’ils nous rapprochent d’une vérité difficile à regarder dans les yeux) qu’au bel canto politique.
Comme musique de fond, les gouvernements d’ici et d’ailleurs nous promettrons des relances plus vertes les unes que les autres, des relances qui nous ramèneraient sur le chemin d’une action climatique suffisante pour empêcher le pire, d’actions qui nous réconcilieraient avec la nature. Nous entendrons ces promesses, mais comme nous l’avons si bien compris depuis le début de la pandémie, nous demeurerons prudents, plus attentifs aux messages rigoureux de la science (souvent décevants parce qu’ils nous rapprochent d’une vérité difficile à regarder dans les yeux) qu’au bel canto politique.
En attendant la fin de cette pandémie meurtrière, nous aurons le temps d’évaluer ensemble ces idées, de séparer celles qui nous mènent vers une vraie sortie de crise de celles qui nous distraient et qui ne sont que des demies mesures. Nous aurons aussi le temps d’en avancer d’autres, comme nous l’avons fait depuis avril via de nombreuses coalitions de la société civile exprimant un consensus inouï dans l’histoire du Québec et du Canada.
Ce consensus était déjà là le 27 septembre dernier. Nous l’avons vu passer comme faisceau de lumière d’une génération à l’autre. Ce consensus nous habite encore, même si les pieds qui le portaient dans les rues de Montréal tournent aujourd’hui en rond dans notre salon.
Nous ne savons jamais ce que l’avenir nous réserve. Mais nous savons ce que le passé nous a appris. Le 27 septembre 2019 nous a enseigné que nos pieds et nos voix avaient un poids politique incommensurable
Nous ne savons jamais ce que l’avenir nous réserve. Mais nous savons ce que le passé nous a appris. Le 27 septembre 2019 nous a enseigné que nos pieds et nos voix avaient un poids politique incommensurable, et que le plus nombreux on sera à demander des actions courageuses pour arrêter la destruction du vivant, le plus on sera entendus.
En attendant de pouvoir reprendre la rue, et de serrer dans nos bras les gens qu’on aime, gardez cette idée à l’esprit : nous y retournerons, parce que nous devons le faire. Parce que nous n’aurons pas le choix. Et parce que nous n’accepterons jamais que tout soit perdu.
Que la nature soit avec vous en ce 27 septembre 2020, et qu’elle vous enlace de ses ailes géantes.