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Montréal, 23 février 2016 — La Fondation David Suzuki dévoile aujourd’hui les résultats de deux études écologiques des terrains visés par un développement immobilier de grande envergure dans le secteur de l’Anse-à-l’Orme à Pierrefonds Ouest. Les résultats de la première étude, un inventaire écologique, ont révélé la présence de plus de 270 espèces faunique et floristiques, dont plusieurs espèces à statuts particuliers en vertu de lois provinciale et fédérale, ainsi que des espèces fauniques et floristiques rares et menacées dont une que l’on croyait disparue de l’île de Montréal. Les résultats de la seconde étude, portant sur la connectivité écologique, montrent l’impact important du développement pour l’ensemble de la biodiversité de la région.

« Nous avons constaté une grande richesse biologique à l’intérieur et autour de la zone du projet immobilier, en plus d’avoir identifié plusieurs dizaines d’espèces fauniques et floristiques rares et menacées. Nous avons même découvert une espèce que l’on croyait disparue du territoire, soit la sanicle du Canada. C’est un site calcaire où l’on retrouve des espèces floristiques de grand intérêt comme l’aigremoine pubescente ainsi que des espèces fauniques nécessitant une protection comme la couleuvre brune, le goglu des prés et la salamandre complexe de Jefferson. Il est donc clair que ce secteur est un pôle important de biodiversité et qu’il bénéficierait d’éventuelles mesures de conservation pour les différentes espèces fauniques et floristiques qui y ont été répertoriées », d’expliquer Marie-Ève Roy, professionnelle de recherche à l’Institut des sciences de la forêt tempérée de l’Université du Québec en Outaouais (UQO). Il est à noter que les travaux effectués par l’équipe de recherche indiquent que plusieurs friches présentes dans la zone visée par le projet immobilier ont le potentiel de se développer en jeune forêt et éventuellement en forêt mature avec des essences forestières intéressantes et rares, tel le caryer ovale, sans compter la présence de plus d’une cinquantaine de milieux humides répertoriés à ce jour.

Selon une autre étude réalisée par un groupe d’experts en écologie et aménagement du territoire, le projet de développement augmentera de 90 % la fragmentation du territoire, affectant ainsi la connectivité écologique, soit la capacité des espèces à se déplacer dans le territoire, un élément crucial à leur survie et à la protection de la biodiversité régionale. Cet impact se fera sentir localement, mais aussi pour l’ensemble de la biodiversité régionale. Tel que le souligne Andrew Gonzalez, professeur à l’Université McGill et co-auteur de l’étude, « le territoire du Grand Montréal étant interconnecté, il faut considérer les projets de développement comme celui de Pierrefonds Ouest dans la perspective d’un plan régional de conservation de la biodiversité ».

« À la lumière des résultats de ces études, il est évident que le projet de développement immobilier ne peut voir le jour. L’agglomération de Montréal et l’arrondissement de Pierrefonds-Roxboro doivent stopper le projet et Québec et Ottawa doivent émettre des décrets d’urgence en vertu de la loi sur les espèces menacées ou vulnérables (Québec) et de la loi sur les espèces en péril (Canada), ne serait-ce que pour la couleuvre brune ou la sanicle du Canada », de dire Jean-Patrick Toussaint, chef des projets scientifiques à la Fondation David Suzuki.

« Par sa richesse et sa connectivité avec les écosystèmes environnants, le territoire visé par le projet immobilier est une composante essentielle de la trame verte et bleue du Grand Montréal prévue dans le plan d’aménagement et de développement métropolitain (PMAD). Il importe de mettre en place des mesures de conservation jumelées à des efforts de création de corridors de dispersion des espèces. Une meilleure connectivité des milieux naturels contribuerait directement à préserver la biodiversité recensée dans nos travaux », de conclure Jérôme Dupras, professeur au Département des sciences naturelles de l’UQO.

Rappelons qu’en 2012 la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) avait unanimement adopté le PMAD qui vise notamment la protection de 17 % du territoire, tel que défini par la convention des Nations Unies sur la diversité biologique.

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