Il ne manque pas de solutions pour lutter contre la crise climatique. Développement rapide de technologies écoénergétiques, réduction de la consommation énergétique et du gaspillage, augmentation de l’efficacité, réforme des pratiques agricoles, protection et restauration des forêts et terres humides : autant de solutions qui nous assureront un air, de l’eau et des sols plus propres, une meilleure biodiversité et une baisse des émissions de gaz à effet de serre qui altèrent le climat.
Des technologies écoénergétiques, notamment les modes de stockage d’énergie, gagnent en efficacité alors que leur coût diminue. Des inventions prometteuses comme la photosynthèse artificielle, les appareils qui captent le carbone atmosphérique pour le transformer en combustible ou les fenêtres qui convertissent la lumière en électricité illustrent ce que nous pouvons réaliser lorsque nous choisissons de passer en mode solution.
Il est crucial de continuer à élaborer, à mettre en œuvre et à améliorer les solutions, mais nous restons enlisés dans des façons de faire dépassées et le statu quo. Pourquoi ? Durant des décennies, les experts nous ont mis en garde contre les conséquences d’une consommation soutenue de combustibles fossiles. Or, les émissions de gaz à effet de serre continuent de croître et la planète de se réchauffer de plus en plus rapidement.
L’Europe a vécu une vague de chaleur record ; Chennai, en Inde, manque d’eau ; les agriculteurs canadiens et américains voient leurs rendements diminuer en raison de périodes de sécheresse prolongées ; les réfugiés affluent aux frontières, poussés par les conditions extrêmes, la pénurie d’eau et l’agriculture en déclin qui alimentent les conflits et déplacent des millions de personnes. Autant de situations exacerbées par les changements climatiques. Même une ville pluvieuse comme Vancouver, où j’habite, a dû imposer des limites de consommation d’eau en raison de l’arrivée plus tardive des pluies printanières.
Il est crucial de continuer à élaborer, à mettre en œuvre et à améliorer les solutions, mais nous restons enlisés dans des façons de faire dépassées et le statu quo. Pourquoi ?
Les citoyens et les organismes de toutes les sphères de la société réclament des mesures. Les étudiants manifestent dans la rue, les élus progressistes placent les bouleversements climatiques en tête de leur programme politique, et les peuples autochtones font valoir leurs droits pour protéger les terres et les eaux de projets d’exploitation d’hydrocarbures.
Aux États-Unis, plus de 70 organismes de santé importants (American Medical Association, Lung Association, Heart Association, College of Physicians et autres) ont fait une déclaration pour réclamer des candidats politiques « qu’ils reconnaissent les changements climatiques comme une urgence de santé ». L’Association médicale canadienne, l’Association des infirmières et infirmiers du Canada, l’Association canadienne de santé publique, l’Association canadienne des médecins pour l’environnement et le Réseau pour la santé publique urbain ont publié une déclaration similaire.
Rappelons toutefois que tous les grands partis politiques au Canada ont un plan climatique, certains plus détaillés, et que le gouvernement fédéral actuel a adopté de nombreuses politiques rigoureuses, malgré son approbation répétée de projets d’exploitation d’énergies fossiles. De plus, nous ne sommes toujours pas en voie d’atteindre nos engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris.
Ici et ailleurs, le secteur des combustibles fossiles dicte les règles et bénéficie de subventions gouvernementales et d’allégements fiscaux considérables, de même que d’une publicité massive de la part des gouvernements et des médias. Si nous comprenons le problème et son urgence — ce qu’ont confirmé depuis des décennies des scientifiques du monde entier à l’aide de montagnes de données — et que nous disposons de solutions, pourquoi réagissons-nous avec une telle lenteur ?
Les solutions à cet enjeu apporteront de nombreux autres avantages : un air plus pur, une meilleure santé, des mesures plus novatrices et plus d’égalité.
Étonnamment, malgré la quantité de preuves et les situations auxquelles sont confrontées des populations dans le monde entier, bon nombre de personnes refusent encore de croire qu’il y a un problème ou que le problème est urgent ou d’origine humaine. Certains refusent de voir la réalité en face parce qu’elle les effraie ; d’autres ont été leurrés par les efforts constants du secteur des combustibles fossiles et de ses défenseurs au sein des médias et gouvernements pour jeter le doute sur les données probantes. Certains sont conscients du problème, mais choisissent de prioriser les profits à court terme et les gains économiques au détriment des conditions nécessaires à la santé et à la survie. D’autres craignent les chamboulements qu’entraîneront les changements nécessaires — et qui se concrétiseront si nous tardons trop à agir. D’autres encore refusent d’admettre que nos paradigmes économiques ne sont plus adaptés à la situation actuelle.
Heureusement, bon nombre de personnes et d’organismes refusent de laisser freiner par ces obstacles. Ils rejettent la propagande et les théories conspirationnistes, préférant se tourner vers l’élaboration et la mise en œuvre de solutions et exiger davantage de nos élus.
Nous sommes à un tournant. Les combustibles fossiles, les plastiques et les véhicules personnels ont apporté le progrès dans de nombreuses parties du monde, mais notre approche consumériste et notre gaspillage ont aussi entraîné d’énormes enjeux pour l’humanité. Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat nous prévient que, pour éviter la catastrophe climatique, il nous reste moins d’une douzaine d’années pour réduire nos émissions. Les solutions à cet enjeu apporteront de nombreux autres avantages : un air plus pur, une meilleure santé, des mesures plus novatrices et plus d’égalité.
Il est temps de voir la réalité en face et de relever le défi ensemble.
Traduction : Monique Joly et Michel Lopez