Le rapport du gouvernement fédéral montre des perturbations dans plus de la moitié de l’aire de répartition depuis la publication de la stratégie de rétablissement

31 octobre 2017 (MONTRÉAL) – Le gouvernement fédéral a confirmé aujourd’hui que l’habitat du caribou continue de se détériorer au pays. La Fondation David Suzuki, Ontario Nature et l’Alberta Wilderness Association (AWA) ont relevé des « points névralgiques » de destruction de l’habitat essentiel dans l’aire géographique du caribou – en péril – au Québec, en Ontario et en Alberta.

Les trois organismes croient que les provinces doivent sans attendre convier les groupes autochtones et autres parties concernées à élaborer des plans de gestion des aires de répartition du caribou forestier afin d’en protéger l’habitat. De tels plans étaient requis et attendus le 5 octobre dernier dans le cadre du Programme fédéral de rétablissement de la population boréale du caribou forestier annoncé en 2012. Aucune province ni territoire n’a respecté la date limite.

« La cartographie de l’aire Chinchaga illustre clairement l’absence de progrès réalisés pour sauver les populations de caribous, une espèce emblématique en Alberta », a déclaré Carolyn Campbell, spécialiste en conservation de l’AWA. « L’Alberta doit mettre sur pied un programme collaboratif de gestion de l’aire de répartition du caribou incluant des zones protégées, un plan intensif de rétablissement des bandes défrichées, et une concentration des zones de développement afin que le caribou puisse se rétablir et que les populations puissent prospérer. »

Le rapport présenté aujourd’hui à Ottawa concorde avec les données cartographiques colligées par Ontario Nature, l’Alberta Wilderness Association et la Fondation David Suzuki qui mettent en évidence l’expansion continue de l’empreinte industrielle.

« Nous disposons de données scientifiques colligées depuis des dizaines d’années pour nous aider à mettre sur pied un plan de rétablissement du caribou forestier », affirme pour sa part Julee Boan, responsable du programme boréal d’Ontario Nature. « Ce qui manque, c’est la volonté politique de tenir compte de ces connaissances scientifiques et de gérer les forêts boréales de manière à concilier la préservation de l’habitat essentiel du caribou et à assurer leur prospérité à long terme. »

« La stratégie pour le rétablissement du caribou a été lancée il y cinq ans et les populations de caribous poursuivent leur déclin au Canada. Nous faisons appel aux provinces pour imposer des limites aux perturbations cumulatives afin que les populations de caribous puissent se rétablir. Si les provinces négligent de mettre en place de telles mesures, le gouvernement fédéral doit utiliser les outils prévus dans la Loi sur les espèces en péril pour constituer un filet de sécurité pour cette espèce menacée », a conclu Louise Hénault-Ethier de la Fondation David Suzuki.

Le lecteur trouvera un résumé des faits saillants pour le Québec ICI ( https://bit.ly/caribouforestierQC ) et une fiche d’information (en anglais) sur la destruction de l’habitat du caribou au Québec, en Ontario et en Alberta à l’adresse suivante :  https://caribou4ever.ca/nr-backgrounder/

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Pour tout complément d’information, n’hésitez pas à communiquer avec les personnes suivantes :

En français :

Diego Creimer, Fondation David Suzuki, 514-999-6743 dcreimer@davidsuzuki.org

 

En anglais:

Julee Boan, Ontario Nature, 807 252-3970

Carolyn Campbell, Alberta Wilderness Association, 403 283-2025

 

À propos des efforts de protection du caribou forestier au Canada :

Le caribou forestier en zone boréale a besoin de vastes écosystèmes forestiers intacts pour survivre et prospérer. Son déclin à travers le pays est principalement dû à la perte et à la fragmentation de son habitat découlant des activités industrielles d’exploitation des ressources naturelles et à la prédation accrue qu’entraînent ces perturbations de son environnement. À ce jour, le caribou forestier a perdu plus de la moitié de son aire de répartition préindustrielle, et le Programme fédéral de rétablissement avait lui-même souligné que 37 des 51 populations de caribous n’étaient plus autosuffisantes.

Le gouvernement fédéral a été chargé, en vertu de la Loi sur les espèces en péril, de délimiter « l’habitat essentiel » du caribou – c’est-à-dire l’habitat dont dépendent la survie et le rétablissement des populations – dans le cadre d’un Programme de rétablissement, ce qu’il a fait en 2012. Une équipe de sommités nord-américaines a établi la relation étroite entre l’ampleur des perturbations de l’habitat et le fait qu’une population locale de caribous décline, augmente, ou demeure stable. Le gouvernement fédéral a ensuite chargé les provinces de gérer les forêts de manière à ce qu’une superficie représentant minimalement 65 % de l’habitat demeure intacte dans chaque aire de répartition du caribou, afin de donner aux populations une chance d’au moins 60 % d’être autosuffisantes.

Les plans d’aménagement et de gestion des aires de répartition du caribou forestier devaient être soumis le 5 octobre dernier, mais aucune province et aucun territoire n’en a présenté.