Une étude sans précédent confirme que les pesticides néonicotinoïdes mettent en péril les abeilles, les oiseaux, les papillons et les vers de terre.

L’imposante revue de littérature des scientifiques indépendants renforce l’urgence d’interdire ces pesticides.

Ottawa, 25 juin 2014 — À la lumière d’une revue de littérature complète sur les effets des pesticides néonicotinoïdes (« néonics »), des groupes environnementaux demandent à nouveau aux gouvernements du Canada et des provinces d’interdire l’usage de cette classe de pesticides.

Équiterre, la Fondation David Suzuki, Sierra Club Canada Foundation, le Wilderness Committee, l’Association canadienne des médecins pour l’environnement et les Ami(e)s de la Terre Canada réagissent aux conclusions du Groupe de travail sur les pesticides systémiques (Task Force on Systemic Pesticides), un groupe international réunissant 50 scientifiques indépendants. Ce Groupe de travail a rendus publics les résultats de sa méta-analyse aujourd’hui lors d’une conférence de presse à Ottawa.

Le rapport du Groupe de travail sur les pesticides systémiques constitue une entreprise sans précédent, de l’ampleur du travail du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Cette nouvelle analyse de 800 publications révisées par des pairs confirme les préoccupations quant aux effets néfastes des néonics sur les abeilles et autres pollinisateurs. Elle met également en lumière un risque élevé pour un grand nombre d’espèces utiles, dont les papillons, les vers de terre et les oiseaux.

« En tant que scientifiques indépendants, nous pouvons maintenant dire qu’il existe suffisamment de preuves évidentes de préjudices pour instaurer des mesures règlementaires », explique Madeleine Chagnon, co-auteure de la revue de littérature du Groupe de travail sur les pesticides systémiques et professeure associée au département des sciences biologiques de l’Université du Québec à Montréal.

Il s’agit de la première fois aujourd’hui que le Groupe de travail sur les pesticides systémiques rendait public son travail. Ses résultats d’analyse seront publiés cet été dans la revue scientifique Environmental Science and Pollution Research.

L’usage des néonics est très répandu au Canada, principalement en agriculture pour l’enrobage des semences de maïs et de soya — des productions importantes au Québec -, comme insecticide foliaire, et également sur les pelouses, entre autres usages. L’Agence de règlementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada indique que les néonics utilisés sur les semences de maïs ont contribué aux mortalités d’abeilles observées au Québec et en Ontario. Rappelons que les abeilles — ces importantes pollinisatrices, de qui dépendent 70% de nos cultures et 35% de notre production alimentaire — connaissent des taux de mortalité alarmants durant la période de semis, et les pesticides néonic utilisés pour traiter les semences de maïs — entre autres usages — sont directement impliqués dans ce déclin.

L’exposition aux néonics par le biais des aliments et de l’eau soulève également des préoccupations possibles en matière de santé publique. Ces substances neurotoxiques peuvent potentiellement affecter le développement du système nerveux humain selon l’Autorité européenne de sécurité des aliments, et certaines sont reconnues comme pouvant potentiellement perturber le système hormonal.

« Les néonicotinoïdes persistent longtemps dans les sols, se lessivent et se retrouvent dans nos cours d’eau. Nous sommes inquiets de leur usage à grande échelle et des impacts qu’ils peuvent avoir sur la santé humaine et sur les écosystèmes », renchérit Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre.

L’année dernière, l’Europe a imposé un moratoire sur certains usages des néonics. Santé Canada est responsable d’approuver les pesticides au Canada. Les gouvernements des provinces ont pour leur part le pouvoir d’interdire la vente et l’usage des pesticides sur leurs territoires. Les organismes environnementaux réclament que les deux paliers de gouvernement agissent suite aux résultats de cette nouvelle étude et interdisent les néonics. Un appel à l’action est disponible à : www.action.equiterre.org

« Les résultats probants de cette nouvelle étude commandent de repenser l’approche nonchalante du Canada envers les néonics. Il faut stopper l’entrée de ces substances chimiques dans l’environnement » conclut Lisa Gue, Analyste des politiques en santé environnementale à la Fondation David Suzuki.

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Pour plus d’informations sur le Groupe de travail sur les pesticides systémiques : www.tfsp.info

Pour information :

Nadine Bachand
Équiterre
(514) 213-3287 / nbachand@equiterre.org

Andrée-Lise Therrien
Fondation David Suzuki
(514) 514-817-7958 / altherrien@davidsuzuki.org