Montréal, le 19 février 2018 – Équiterre et la Fondation David Suzuki saluent une avancée importante dans la Stratégie québécoise sur les pesticides 2015-2018 à la suite de l’annonce aujourd’hui par le ministère du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MDDELCC) de sa nouvelle règlementation sur les pesticides. L’approche du MDDELCC consistant à s’attaquer aux pesticides les plus dangereux en milieu agricole est importante afin de préserver la santé de la population, des pollinisateurs et de l’environnement.

De plus, la volonté de la ministre Isabelle Melançon d’introduire avant la fin du mandat du gouvernement des incitatifs économiques pour favoriser l’utilisation des pesticides les moins à risque, de prévoir les sanctions applicables en cas de non-respect des exigences réglementaires et de restreindre davantage l’application des pesticides en milieu urbain, constitue un signal encourageant quant à la mise en œuvre d’une transition longuement attendue vers une agriculture libérée des pesticides, et plus respectueuse de la santé de la population et de l’environnement.

Les modifications règlementaires dévoilées par le gouvernement prévoient l’interdiction de l’atrazine, du chlorpyrifos et de trois néonicotinoïdes (le clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame), ainsi que la mise en terre des néonicotinoïdes en enrobage des semences de certaines cultures. Ces pesticides sont parmi les plus nocif pour la santé de la population, des pollinisateurs et de l’environnement.

La Fondation David Suzuki et Équiterre, qui militent pour une interdiction totale des pesticides les plus dangereux, considèrent que l’initiative du MDDELCC est un resserrement nécessaire, surtout face au laxisme fédéral dans le dossier des pesticides. Elles continueront d’être vigilantes afin de s’assurer que la prescription ne devienne pas la norme plutôt qu’une mesure de dernier recours.

« Les risques que posent les pesticides pour la santé des Québécoises et des Québécois et pour l’environnement ont été soulignés par le Vérificateur général du Québec, qui pressait, en juin 2016, le gouvernement de renforcer l’encadrement de l’utilisation des pesticides, notamment par des mesures réglementaires et économiques, afin de réduire leur utilisation et leur impact. Plusieurs pesticides se trouvent parfois dans les rivières à des concentrations qui dépassent les critères établis pour protéger la vie aquatique, et la fréquence de ces dépassements augmente », affirme Sidney Ribaux, directeur général d’Équiterre.

« Les règlements modifiés constituent une ouverture envers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement. Il faut toutefois continuer à mettre en place des mesures favorisant l’émergence de pratiques agricoles de moindre impact si nous voulons véritablement observer des réductions concrètes sur le terrain et un changement des mentalités, tant dans le monde agricole que chez les agronomes », affirme Nadine Bachand, Chargée de projet – Pesticides et produits toxiques chez Équiterre.

 

La transparence : un incontournable pour assurer le succès

 

Le MDDELCC a inclus dans ses modifications règlementaires l’obligation pour les agriculteurs de tenir et de conserver un registre de leur utilisation de pesticides, et une caractérisation des ennemis des cultures et des alternatives possibles dans la prescription agronomique. Équiterre et la Fondation David Suzuki estiment que ce mécanisme de suivi des pesticides utilisés et prescrits est essentiel, entre autres pour pallier le conflit d’intérêts potentiel des agronomes. Selon les deux organisations, il est par ailleurs crucial de favoriser la priorisation des alternatives aux pesticides et un suivi rigoureux des répétitions ou des prescriptions injustifiées.

« L’indépendance des agronomes est un élément essentiel pour assurer le succès de cette démarche. La mise en place d’un registre des pesticides constitue un incontournable pour assurer cette indépendance professionnelle. En prévoyant des bilans localisés des ventes, le MDDELCC favorise une plus grande transparence de la pratique des agronomes », affirme Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki.

 

Pour assurer la mise en œuvre des règlements, le MDDELCC prévoit la mise en place d’un comité de suivi sur lequel Équiterre et la Fondation David Suzuki ont été invités à siéger, aux côtés du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec, de l’Ordre des agronomes du Québec et de l’Union des producteurs agricoles.

« Ce comité, chargé notamment de prendre connaissance et d’analyser les diverses informations relatives à la mise en œuvre de la justification agronomique, jouera un rôle important pour la mise en œuvre de la nouvelle règlementation de façon concertée, avec les expertises et les connaissances de chacun. Nous espérons que ce travail collaboratif permettra d’améliorer le bilan du Québec en matière d’utilisation des pesticides et qu’il ouvrira la porte à de meilleures pratiques dans le monde agricole, avec tous les impacts positifs sur la santé et l’environnement que cela comporte », a conclu Louise Hénault-Éthier.

 

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Renseignements :

Geneviève King-Ruel, Fondation David Suzuki

Spécialiste des communications et affaires publiques

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Camille Gagné-Raynauld, Équiterre 

Conseillère aux relations médias

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