Des risques additionnels injustifiables pour les communautés et les écosystèmes, selon la Fondation David Suzuki, le WWF et la SNAP.

Montréal — Le rapport publié aujourd’hui par la Fondation David Suzuki, le Fonds mondial pour la nature (WWF-Canada) et la SNAP Québec sous le titre « Le Saint-Laurent, artère pétrolière? » établit pour la première fois au Québec une cartographie des impacts cumulatifs du transport pétrolier — actuel et futur — pour le bassin versant du Saint-Laurent.

Transport de pétrole actuel et à venir : des chiffres impressionnants

Dans cette étude, les auteurs dressent pour le Saint-Laurent un descriptif précis des risques associés à chaque mode de transport de pétrole, que ce soit par oléoduc, par pétrolier ou par train. Sont ainsi décrits non seulement les impacts potentiels pour l’environnement, mais aussi pour l’économie et les communautés de ce territoire intrinsèque à l’identité et à la société québécoises.

Le rapport fait ainsi ressortir qu’avec 1,4 million de barils par jour, les seuls projets d’oléoducs ligne 9B et Énergie Est quadrupleraient le volume de pétrole transitant sur et en bordure du Saint-Laurent à ce jour; ou encore, que le nombre annuel de voyages aller-retour effectués par des pétroliers sur le Saint-Laurent augmenterait de 150 % avec les projets d’Enbridge, de TransCanada et de Suncor.

« On nous dit souvent qu’il y a déjà du pétrole qui transite sur le fleuve et dans les territoires environnants. Ce qu’on nous dit rarement, mais que l’étude démontre, c’est que mis tous ensemble, les déplacements actuels et à venir de pétrole vont avoir des impacts d’une tout autre ampleur pour le Saint-Laurent, alerte Karel Mayrand, directeur général pour le Québec de la Fondation David Suzuki. On nous propose tout simplement de transformer l’un des joyaux de la province en autoroute pétrolière, ce qui est inacceptable. »

Un patrimoine de biodiversité unique : le Saint-Laurent

Représentant 20 % des réserves mondiales d’eau douce, le Saint-Laurent est un patrimoine exceptionnel, mais également fragile. Ceci explique en partie les importants efforts déployés pour en assurer l’intégrité et le rétablissement, comme le prouvent les investissements de 716 millions de dollars engagés depuis 1988 par Québec et Ottawa en faveur de cette cause.

« Le Saint-Laurent abrite 15 espèces floristiques et 41 espèces fauniques en danger, dont l’emblématique béluga de l’estuaire qui est aujourd’hui en voie de disparition, pointe Patrick Nadeau, directeur général de la SNAP Québec. Construire un terminal pétrolier à Cacouna et y multiplier par trois les allers-retours des pétroliers n’est pas selon nous compatible avec le rétablissement de cette espèce. »

Le fleuve n’est pas seulement vital pour la faune et la flore qu’il abrite : il l’est aussi pour un grand nombre de nos communautés.

Le rapport rappelle ainsi que le Saint-Laurent est la source d’eau potable principale de près de 45 de la population du Québec, dont les citoyens de 48 municipalités, et que 60 de la population du Québec habite à proximité des rives du Saint-Laurent, où se situe également la vaste majorité de nos terres agricoles.

Chaque année, l’industrie de la pêche génère des revenus de plusieurs millions de dollars, sans oublier les attraits touristiques du Saint-Laurent qui à eux seuls attirent plus de 2,5 millions de visiteurs, qui injectent plus de 500 millions de dollars dans l’économie québécoise.

Les risques encourus pour les écosystèmes et les communautés

L’arrivée massive du pétrole, de même que l’accroissement des mouvements de pétroliers, pose des risques aux activités humaines et aux écosystèmes du Saint-Laurent.

Les auteurs consacrent ainsi le dernier chapitre de l’étude aux principaux enjeux que posent les installations et les activités associées au transport d’hydrocarbures, de même que le potentiel d’accidents majeurs. Un tableau synthèse ainsi qu’une carte permettent au lecteur de bien saisir l’aspect cumulatif de ces risques.

« Nous voyons difficilement comment ces risques pourraient être mitigés de façon à les rendre acceptables pour les communautés et compatibles avec la préservation des habitats et des espèces du Saint-Laurent, a renchéri, Marie-Claude Lemieux, directrice pour le Québec du WWF-Canada. Nous demandons à nos élus de ne pas précipiter des décisions qui auraient pour conséquence de mettre notre fleuve en péril. »

En écho à tous les élus et citoyens qui ont d’ores et déjà émis de sérieuses réserves face au virage pétrolier que le Québec s’apprête à prendre, la Fondation David Suzuki, la SNAP Québec et le WWF-Canada s’accordent à dire que les projets de transport d’hydrocarbures ne peuvent qu’accentuer les pressions qui s’exercent déjà sur le Saint-Laurent. Ses communautés riveraines, ses milieux exceptionnels et les espèces qui y résident, ainsi que les services écosystémiques qu’il nous procure à tous, seraient exposés à des risques injustifiables pour les auteurs de l’étude.

Consultez l’étude.

– 30 –

 

Pour information et demandes d’entrevues :
Karel Mayrand, Fondation David Suzuki : 514 998-5458
Marie-Claude Lemieux, WWF-Canada : 514 394-1105
Patrick Nadeau, SNAP Québec : 514 278-7627, poste 226

 

Carte du Fleuve Saint-Laurent