Le Canada est confronté à deux choix : devenir une superpuissance en matière d’énergie propre ou regarder le train passer.

Montréal — Un front commun mondial pour lutter contre les changements climatiques pourrait donner le coup d’envoi à une révolution des énergies renouvelables et ainsi réformer l’économie canadienne selon le troisième volet du Cinquième rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) publié hier à Berlin (Allemagne).

Ce rapport examine les changements à apporter à l’échelle mondiale afin de protéger la sécurité humaine, la prospérité économique et la production d’aliments contre les répercussions des changements climatiques et des conditions météorologiques extrêmes. Il présente la multitude d’avantages reliés à une économie basée sur des énergies propres si la production de telles énergies renouvelables était triplée ou quadruplé au cours des 36 prochaines années. Cette mesure permettrait de retrouver un niveau sécuritaire des émissions de carbone dans l’atmosphère

« Pendant que les grandes économies mondiales cherchent à prendre des mesures efficaces contre les changements climatiques, nous voyons se profiler la révolution de l’énergie propre. » affirme Jean-Patrick Toussaint, chef des projets scientifiques pour le Québec de la Fondation David Suzuki. « Développer des solutions aux changements climatiques serait grandement bénéfique pour le Canada d’un point de vue de la création d’emplois et d’innovations. Toutefois, ceci n’est envisageable uniquement que si notre pays accepte de collaborer avec les leaders de la communauté internationale afin de prioriser les solutions énergétiques propres et les connaissances s’y rattachant. »

Le rapport révèle que les pays émergents joueront un rôle déterminant pour résoudre le problème des changements climatiques. Au fur et à mesure que ces économies se développeront, les efforts réalisés dans leurs systèmes énergétiques, leur réseau de transport en commun et leurs pratiques de construction pourraient représenter des opportunités d’investissement significatives. Selon le rapport, le perfectionnement des technologies relatives à l’énergie renouvelable portera un coup dur aux économies fondées sur les combustibles fossiles. Les économies qui se fondent en grande partie sur le charbon et les hydrocarbures non conventionnels, tels les sables bitumineux, seront de moins en moins concurrentielles et représenteront des risques importants pour les investisseurs.

« Les pays devront se doter de technologies et de services de pointe s’ils veulent atténuer les conséquences des changements climatiques, » poursuit M. Toussaint. « Ce rapport montre clairement que la gravité des répercussions des changements climatiques n’est pas le fruit du hasard. Notre avenir dépend des choix que nous ferons dès aujourd’hui afin de collaborer ou non avec les dirigeants internationaux dans l’optique de mettre la priorité sur les énergies propres. »

La Fondation David Suzuki demande à tous les paliers de gouvernement de prendre leurs responsabilités afin de réduire la pollution de carbone en priorisant la production d’énergie propre, en éliminant graduellement les subventions de près de 1,3 milliard de dollars par année au secteur des combustibles fossiles au Canada, ainsi qu’en modernisant et développant les réseaux de transport en commun.

« Deux choix s’offrent à nous : conserver l’économie du passé ou adopter l’économie du futur. Les Canadiens comptent sur les dirigeants des divers paliers gouvernementaux pour prendre la bonne décision. », de conclure M. Toussaint.

Le rapport indique que la meilleure garantie afin d’assurer la sécurité de nos collectivités et de notre économie et ainsi éviter les pires scénarios liés aux changements climatiques est d’éliminer presque entièrement les émissions de carbone provenant de la combustion d’énergies fossiles de nos filières énergétiques d’ici une génération. Ces efforts permettront d’éviter que les températures globales moyennes augmentent de plus de 2 oC, un seuil qu’il est jugé comme étant trop dangereux de dépasser selon les gouvernements du monde entier, dont le Canada.

Plusieurs rapports internationaux publiés cette année ont révélé que le Canada prend du retard par rapport aux autres pays de l’OCDE (pays industrialisés) en ce qui concerne les mesures prises pour réduire les émissions contribuant au réchauffement de la planète.

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Information sur le Cinquième rapport d’évaluation du GIEC

Le GIEC produit les rapports scientifiques les plus complets sur les changements climatiques à l’échelle mondiale qui reposent sur un très large consensus de la part de la communauté scientifique internationale. Le GIEC s’est vu décerner le prix Nobel de la paix en 2007. Ces rapports résument l’état actuel des connaissances sur comment les systèmes naturels planétaires essentiels à la vie humaine changent et continueront de changer dû à l’émission de quantités sans précédent de pollution de carbone dans l’atmosphère. La dernière évaluation, dont fait état le Quatrième rapport d’évaluation, remonte à 2007 et avait suscité un vif débat mondial sur les mesures à prendre pour lutter contre les changements climatiques. En septembre 2013, le premier de quatre volets du Cinquième rapport d’évaluation du GIEC a été rendu public à Stockholm. Ce volet porte sur la science physique des changements climatiques. Le second volet du Cinquième rapport, qui traite des impacts des changements climatiques et des mesures requises pour s’y adapter, a été publié à Yokohama, au Japon, en mars dernier. Aujourd’hui, le troisième volet évalue les stratégies et les solutions d’atténuation. Le quatrième volet sera une synthèse résumant les trois premiers.

Le rapport sur les stratégies et les solutions d’atténuation relatives aux changements climatiques a été rendu public ce dimanche, à Berlin, en Allemagne.

Pour consulter le communiqué de presse et le rapport du GIEC : https://www.ipcc.ch/

Personne-ressource :
Andrée-Lise Therrien
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altherrien@davidsuzuki.org